Titre original : Brother bear
USA, 2003
Réalisateur : Bob Walker et Aaron Blaise
Acteurs : en anglais les voix de Joaquin Phoenix, des voix qu’on connaît pas, et des petits rôles vocaux de Rick Moranis et Michael Clarke Dunkan ; en français avec les voix de gens qu’on connaît pas, mais aussi Kad et Olivier, et même Annie Cordy, et en plus Omar et Fred, et, croyez-y, David Douillet
Musique de : Phil Collins et Mark Mancina
Durée : 1h25

L’histoire :
Kinaï est un sale môme, qui arrive pourtant à l’âge adulte. Mais comme il est irresponsable comme tout, il laisse un ours manger les poissons pour sa cérémonie de passage. Aidé des ses frères, il part chasser l’ours fautif, je vous passe le détail, un terrible accident, et finalement il se retrouve transformé en ours, pour comprendre la vie. Accompagné d’un ourson et de deux élans, il va chercher les lumières du ciel pour le retransformer en homme. Voilà voilà…

L'histoire peut laisser un poil perplexe. Cette histoire d'homme transformé en ours pour comprendre " l'autre " pouvait sembler bien peu subtile. Une fois le film visionné, je confirme : c'est bien peu subtil. Surtout que le (z')héros se contentera d'un " les ours ne sont pas méchants, ils sont gentils comme tout, alors faut être sympa avec eux, et ils seront sympa avec nous " (je veux pas dire, mais c'est pas franchement sympa, un ours, c'est même un des animaux les plus imprévisibles, et donc dangereux). On se demande aussi où et quand est exactement située cette histoire. Le mixed gril entre hommes des cavernes (y a des mammouths), habits esquimaux, et traditions et croyances indiennes (avec totems et chaman), laisse un peu pantois. D'autant plus que tout le début du film, présentant la tribu et ses coutumes, est d'un sérieux presque risible s'il n'était pas aussi peu intéressant.
Quand Kinaï est changé en ours, et on est quand même déjà bien avancé dans le film (mettons plus de 20 minutes), ça devient un peu plus intéressant. Pas vraiment pour le scénario, qui restera prévisible à pleurer quasiment jusqu'à la fin, avec tout de même deux bonnes idées (un vague rebondissement, et la fin elle-même). Plutôt parce qu'enfin le film tente un peu de nous faire rire, il était temps. Ne vous emballez pas non plus : certains gags sont drôles, mais n'atteignent pas des sommets, à part peut-être le dernier gag du générique de fin, celui avant le reste des crédits (pas le dernier tout à la fin du générique, beaucoup trop déjà vu, ne vous sentez pas obligé de rester jusqu'au bout). Et en plus, il n'y a pas tant de gags que ça.
On a donc un jeune tête à claque en ours, un bébé ours vantard et casse-bonbons, deux caribous un peu désopilants, et un frère pas changé en ours qui suit. Si vous avez compté comme moi, vous aurez remarqué que l'histoire manque un peu de demoiselle, d'une part, et tout bêtement de méchant. Ceci explique sans doute l'absence complète ou presque de péripéties, et l'ennui poli qui s'empare rapidement du spectateur, pendant les 10 minutes qui séparent chaque gag drôle. On n'oubliera pas non plus l'impression assez permanente de repompe totale sur d'autres films, notamment des Disney. Allez, je lance la liste, à vous de compléter si vous en trouvez d'autres : la charge des rennes, comme dans le Roi lion, qui leur passe au-dessus quand ils se couchent derrière un tronc, comme dans Jurassic Park ; le thème de découverte de l'autre ressemble furieusement à Pocahontas (qui n'était pas irréprochable, mais finalement infiniment plus construit que Frère des ours) ; l'homme transformé en animal pour changer sa perpective rappelle vachement Kuzco, ou même Merlin l'enchanteur ; les chansons non chantées par les personnages reprennent le principe de Tarzan, avec en plus le même chanteur (mais un jour où il était pas très en forme) ; la scène du tronc d'arbre sur le ravin est une redite de Rox et Rouky... J'arrête là mais uniquement parce que je ne me rappelle pas tout.
Côté réalisation, tout n'est pas rose non plus. Si Disney (bon, pas lui directement, ses petits gars) sait bien dessiner et animer les ours, les autres personnages sont assez quelconques, des humains vraiment pas charismatiques aux élans un peu trop classiques. Les arrière-plans semblent parfois peints à la va-vite (les montagnes et les arbres sont parfois flous tellement ils sont peu détaillés), et l'animation est parfois à la peine (le plan tournant vers la fin où on a l'impression que l'ours glisse aléatoirement sur le flanc de la montagne pendant que la caméra tourne autour, ça fait désordre).
En résumé, Frère des ours rate sa cible. Au lieu d'une jolie fable sur la nature et l'ouverture aux autres, avec même un couplet sur le passage à l'âge adulte, on se retrouve avec un début lourd comme un cul de mammouth, une histoire réduite à un scénario de blague Carambar, une psychologie que même les vrais ours devraient comprendre, une ballade dans une nature toujours pareille, et un plan quasiment à la fin, où les trois frères s'embrassent, qui tangente le surréalisme, et peut sans doute être considéré comme l'image la plus drôle du film, au 17e degré. Soit sans doute pas ce que Disney aurait voulu nous présenter, et sûrement ce qu'on avait envie de voir. Les petits y trouveront tout de même leur compte (même si le film est un poil dur, par moment), mais les parents regarderont sous leur siège si le second degré que pratiquait Disney il n'y a même pas 5 ans ne s'y trouve pas.
A voir : par les enfants
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, revoyez plutôt Tarzan ou Lilo et Stitch ou un autre Disney que vous aimez bien

Sébastien Keromen