Blu-ray : revue et avis des premiers titres Sony Pictures Entertainment.



Le constructeur Sony, instigateur du format Blu-ray possède un allié de choix avec Sony Pictures dont le catalogue regorge de nombreux films à grand spectacle. Pour les sorties calées sur les mois de février et mars, nous avons eu la chance d’avoir à disposition quelques uns des titres Blu-ray.

Compte rendu par Bruno Orrù

La haute définition permet de présenter les films avec une vérité visuelle proche des « masters » originaux. J’ai eu la chance par exemple lors de mon escapade au CES de Las Vegas de rencontrer Don Eklund, vice président du département des technologies avancées chez Sony Pictures Entertainment et qui suit bien évidemment de près le dossier Blu-ray. L’occasion de voir défiler en temps réel, au même moment et sur deux écrans identiques côte à côte des séquences issues d’un master et d’un lecteur Blu-ray. Soyons francs, l’œil exercé peut déceler ici et là quelques légères différences mais c’est bel et bien du fait de la proximité des deux images. En refaisant le même exercice sans comparaison directe, la perception de ces différences disparaît.

Chez Sony, et plus particulièrement au sein des équipes qui pilotent les sorties Blu-ray, officiellement c’est cet esprit qualitatif qui domine et explique pourquoi les titres de l’éditeur sont souvent dépourvus de bonus. Don vous justifie également ces décisions avec un objectif de ne surtout pas décevoir les amateurs de belles images qui souhaitent avant tout avoir de la qualité. Ce que n’avoue pas Don Eklun c’est que le codec MPEG2 utilisé pour les premières salves de titres est plutôt gourmand.

Si l’on ajoute aussi la décision de placer des pistes en PCM multicanal et que les premiers titres sont proposés sur une galette simple couche de 25 Go, on comprend mieux que l’éditeur fasse l’impasse sur les bonus. Alors pourquoi le MPEG2 et le PCM si ceux-ci sont trop gourmand en place ? Tout simplement du fait que la chaîne de production pour « fabriquer » un Blu-ray balbutie.

Même si officiellement l’utilisation du codec VC-1 est possible en Blu-ray, la bataille qui oppose Sony au clan HD DVD dont Microsoft est l’un des piliers permet de croire que le VC-1 ne sera jamais utilisé par l’éditeur. De l’autre coté, la mise en place d’une compression à base du nouveau performant MPEG4 / H.264 demande un gros travail d’apprentissage et de formation des équipes. Ce ne sont pas les équipes de Mastery qui vont vous dire le contraire. Le désormais célèbre studio français aura en effet été le premier studio au monde à élaborer un programme à base de MPEG4 ; OSS 117 ; Le Caire nid d’espions. Un travail passionnant si j’en crois les personnes que j’ai rencontré et qui ont travaillées sur ce titre mais qui aura demandé du temps, justifiant plusieurs reports sur le marché. Le titre initialement prévu pour les fêtes de fin d’année n’aura été en effet disponible que courant février. Nous verrons ci-après que l’attente vaut vraiment le coup.

Un autre indice des difficultés de mise en place de la chaîne Blu-ray se trouve chez Warner, le seul éditeur à proposer ses titres à la fois en HD-DVD et en Blu-ray. Néanmoins, on peut remarquer que sur de nouvelles sorties, notamment « Superman Returns », la section Bonus est différente et clairement à l’avantage de la version HD-DVD. Les équipes Warner ne cachent pas que ce décalage d’offre est le fait d’outils de production Blu-ray faiblement opérationnels. Cela ne veut pas dire bien sur que les possibilités soient inférieures, notamment en termes de créativités mais il va falloir encore du temps pour que les équipes s’habituent et que les outils se stabilisent.

Beauté à couper le souffle

Des multiples titres Blu-ray édités par Sony Pictures / Columbia que j’ai eu la chance de visualiser il ressort clairement un impact visuel à couper le souffle, je pense plus particulièrement à Camping Car (RV) ou Bleu d’enfer (Into the blue). Par contre, comme je l’ai précédemment mentionné, la plupart de ces titres ne possèdent pas d’interactivité hormis une paire de bandes annonces. Fort heureuement, les titres à venir sont quant à eux pourvus d'une interactivité plus riche, même si elle n'est pas novatrice.

Ci-dessous, le menu d'accès aux suppléments du titre La chute du faucon noir.


Je l’ai déjà dit mais je le répète, la haute résolution visuelle met particulièrement en avant la qualité de prise de vue lors du tournage. De fait, les différences d’un film à l’autre, voire d’une séquence à l’autre traduit généralement, non pas des problèmes de compression, mais des décisions artistiques ou des « ratés ». Ce sont les prises de vues de concerts qui permettent le plus de constater ce type de problèmes car les artistes sur scènes bougent et il est difficile de maintenir une focalisation optimale. Ce que le DVD dans sa résolution standard « lissait » un peu, la HD au contraire met en exergue tout plan qui n’est pas extrêmement net.

Dans le film Camping car par exemple, les personnages sont d’une présence incroyable, laissant déceler que la plupart des plans sont tournés en studio ; les personnages se détachent en effet clairement du fond visuel et, ce qui n’est pas décelable avec autant d’acuité sur la version DVD. Les quelques gros plans de Robin Williams sont également étonnant, apportant une présence qui crève l’écran.

Avec le film Bleu d’enfer, on apprécie vraiment que les scènes ont été tournées en pleine mer, ce qui, au-delà de la plastique irréprochable des deux protagonistes (Paul Walker et Jessica Alba) permet d’apprécier avec précision la beauté des fonds sous-marins. Pour autant, dans ces mêmes séquences, on observe un piqué colorimétrique un peu exagéré, sur saturant les poissons, leur donnant un léger aspect artificiel.

OSS 117 est un titre à part pour plusieurs raisons. C’est le premier titres Blu-ray qui n’est pas issu du catalogue d’un grand studio américain et c’est le premier titre à être construit sur une compression MPEG4 / H.264. Un choix ambitieux qui s’avère payant de par la sculpturale beauté d’image à chaque seconde du film. Ce qui étonne au final c’est à la fois la chirurgie du détail et la douceur générale de l’image. Les couleurs sont saturées à point, laissant de coté un naturel froid pour une ambiance typique des années 60. Vous aurez bien du mal à détecter la compression, là ou le MPEG2, même sans sa version HD, laisse quelques traces, par exemple sur des ciels difficiles ou des dégradés, le MPEG4 est totalement transparent, plus proche de la sensation argentique que de la vidéo. Un vrai bonheur !


Autre grand moment avec le film La chute du faucon noir. Ambiances lumineuses très différentes mais toujours cette impression d’être plus proche des personnages, des objets. Alors évidemment, considérant le thème du film, les atrocités de la guerre urbaines sont plus percutantes. Les âmes sensibles n’apprécieront peut être pas que la HD les placent avec autant de vérité devant ce type de spectacle. La caméra de Ridley Scott est rapide dans ce film, collant de près les militaires de la « Task Force Ranger » dans leur avancée difficile dans les rues de Mogadiscio. Ce rythme était parfaitement retranscrit en DVD mais avec cette version Blu-ray c’est une autre dimension visuelle qui se présente sur l’écran, notamment avec les mouvements rapides qui restent parfaitement nets durant toute la durée des travellings.

La capture ci-dessus ne reflète malheureusement pas la beauté de l'image HD.

La HD n’est toutefois pas toujours à l’avantage du film. Prenons Ultraviolet par exemple. Le film n’est pas une réussite, on le sait mais dans sa version HD l’intégration des personnages dans les décors virtuels devient vite trop appuyée. Là ou le DVD « lisse » l’effet d’intégration entre personnages réels et objets virtuels, la HD ne fait aucun cadeau et, bien malheureusement, provoque un détachement encore plus rapide du spectateur pour cette fade histoire.

Son à décoiffer

Mais l’impact visuel n’est pas tout, le son participe également au plaisir de l’immersion dans une histoire. Sony à fait le choix pour ses premières salves de proposer des pistes PCM non compressées sur la plupart de ses titres. En France, c’est au choix la VO ou la VF (rarement les deux) qui se voit offrir ce type de piste. Le choix du PCM est malin puisque vous le savez sans doute si vous avez lu mes différents tests de lecteurs Blu-ray ou HD DVD, les décodeurs pour pistes non compressées Dolby TrueHD ou DTS HD Master Audio n’équipent pas les premières platines de salon et à ce jour aucun amplificateur n’est également capable d’interpréter ce type de flux ! Bref, le choix du PCM permet d’assurer une complète compatibilité avec les équipements audio actuels.


La chute du faucon noir est certainement le film ou la bande son est la plus percutante, dans le sens ou elle appuie réellement le choc des images. Les coups de fusils sont d’une implacable réalité, tout comme les cris de désespoirs des hommes piégés dans les rues. La musique est également un élément important dans un film et le coté débridé des pistes non compressées se ressent rapidement. Quelle soit symphonique comme La chute du faucon noir ou plus moderne pour Ultraviolet, le spectateur apprécie forcément la qualité de restitution des notes.

Bleu d’enfer s’avère également une expérience sonore intéressante car, comme vous pouvez le penser, l’ambiance des fonds sous-marins est loin d’être silencieuse. Une bonne occasion de vérifier qu’avec absence de compression, la présence des détails d’ambiance dans les canaux surround arrivent aux oreilles avec plus de vérité sonore, plus de discernement face aux informations frontales. Il suffit d’ailleurs de fermer les yeux et le ressenti sonore est clairement plus fort.

OSS 117 s’avère quant à lui intéressant car la bande son (DTS HD Master Audio) met parfaitement en valeur les dialogues. Cela paraît anecdotique dit comme cela mais au final on apprécie vite que le timbre de vois des acteurs soit plus fidèle, on est bien loin des impressions tassées issues d’un film téléchargé. Et oui, le plaisir d’écoute est quand même plus fort face à une installation de qualité et de pistes son haute résolution.

 

En conclusion

Ces premiers titres Blu-ray Sony Pictures peuvent décevoir par l’absence de bonus mais la qualité visuelle et sonore porte l’expérience au meilleur imaginable sur un diffuseur HD. Bien entendu, cette excellence demande d’avoir un diffuseur (HD ready ou full HD) et une configuration sonore de qualité. Si c’est le cas chez vous, je vous promets de bien belles séances.