Molière représentait un potentiel musical intéressant, de par son cadre et son contexte. Qu’en est-il donc de la dernière partition de Frédéric Talgorn ?
La critique par Arnaud Weil-Lancry
Molière, bande originale composée par Frédéric Talgorn
Compositeur aux partitions très hétérogènes, Frédéric Talgorn n’a pas vraiment été très présent ces dernières années. De Anthony Zimmer, à RRRrrrr !, sa discographie est diversifiée, mais peu importante, et ses réussites pas forcément inoubliables, à l’image de son travail sur Laisse tes mains sur mes hanches (une partition sympathique, mais dispensable). Avec le dernier film de Laurent Tirard, Molière, le Toulousain s’essaie au film de costume par une approche orchestrale conventionnelle, tout à fait dans l’esprit du film et en conformité avec son parcours très « classique » (compositions diverses de concertos, suites, musiques de chambre…).
La première écoute de Molière surprend par sa teneur musicale à la fois enjouée, légère, mais aussi orchestralement entraînante d’une vigueur quasi équivalente aux partitions américaines. Molière est un film de costume, mêlant drame et aventure, mais sa bande originale s’oriente distinctement vers le second registre sans qu’aucune fatigue ne se ressente à l’écoute. De thèmes entraînants (Thème de Molière, Départ de chez Jourdain…) à d’autres pistes bien plus légères (Page Blanche), le compositeur de la musique de Fortress démontre une belle maîtrise de son sujet. Le thème principal du film est d’une belle qualité (on le retrouve à l’écoute de manière isolée sur Page Blanche) et revient régulièrement sans être envahissant.
Même si l’ensemble de l’œuvre ne surprend pas vraiment par sa créativité, la retranscription du film d’époque est réellement réussie et n’a pas à rougir (un rien du tout) face à certaines bandes originales récentes telles que La Vengeance de Monte Cristo par Edward Shearmur, un exemple en matière de partition dite de film d’époque.
Mais la composition de Frédéric Talgorn n’a pas été de tout repos. Si Laurent Tirard a expliqué à son compositeur à quel point il se sentait démuni face au langage musical, le réalisateur de Mensonges et trahisons et plus si affinités n’a pas hésité à adopter un comportement presque envahissant. En effet, le réalisateur lui a fait retravailler maintes et maintes foi chaque morceau, frisant ainsi la maniaquerie obsessionnelle (d’après ses propres mots). Les deux hommes ont finalement travaillé ensemble à Paris alors qu’ils avaient débuté à distance sur Internet. Leurs visions ont ainsi été confrontées, chacun s’efforçant d’aller dans le sens de l’autre, par exemple lors de la scène du miroir (piste 12). Dans cette piste, très évocatrice de la dimension dramatique et émotionnelle du film, Laurent Tirard céda sur un accent qu’il souhaitait à l’origine plus ironique. On n’en voudra absolument pas à Frédéric Talgorn de lui avoir forcé la main, puisque cette piste et la suivante, Molière et Elmire, se démarquent du reste de la composition par leur ampleur émotionnelle et font indubitablement partie des plus agréables réussites de cet album.
Qualité de la composition musicale : 7/10
Musique et Film : 7/10
Verdict : 6,5/10
Agréablement composée, légère et reposante, tels sont les adjectifs que l’on pourrait proposer pour qualifier la dernière composition de Frédéric Talgorn. Une réussite discrète à rajouter à sa discographie éclectique.
Track listing :
(Molière / Milan 399 103-2 / 2007)
• 1. Thème de Molière (1:06)
• 2. Lever de jour et visite au frère du roi (2:13)
• 3. Page Bblanche (0:42)
• 4. Au chevet d’Elmire / Flashback (1:38)
• 5. Thème de Célimène (1:38)
• 6. Arrivée de Molière chez Jourdain (4:54)
• 7. Molière précepteur (2:02)
• 8. Musique de table (0:28)
• 9. Montrez-moi ce que vous savez faire ! (3:05)
• 10. Tentative de fuite (1:12)
• 11. Dorante (1:45)
• 12. Jeux de miroirs (4:03)
• 13. Molière et Elmire (2:51)
• 14. Professeur de chant (0:30)
• 15. Scènes de chasse / Interlude (3:47)
• 16. Jourdain rencontre Célimène (2:18)
• 17. La Galère (1:52)
• 18. Coup de théâtre chez Célimène (2:18)
• 19. Molière et Elmire pris sur le vif (0:46)
• 20. Départ de chez Jourdain (3:52)
• 21. Au théâtre (1:39)
• 22. Mort d’Elmire (4:53)
• 23. Générique de fin (6:31)
• 24. Past Times, Past Lives (2:58)
Total Time : (58:54)
Qualité de la composition musicale : qualité de la création musicale en tant que telle…
Musique et Film : la musique s’inscrit-elle correctement dans le film ? Colle-t-elle bien au film et à l’univers décrit ?...
Verdict : note générale, ne correspondant pas forcément à la moyenne des deux notes précitées