Le point de vue
de Sébastien Keromen |
Laissez-moi d’abord vous parler de mes goûts. Vous allez
comprendre pourquoi c’est important. Je ne suis pas spécialement
fan de Benoît Poelvoorde. Je lui reconnais d’être extrêmement
drôle par moment, et d’avoir un humour caustique, mais sa façon
de parler me crispe, et il interprète en général des rôles
de gens trop pitoyables pour qu’on puisse vraiment en rire ; au contraire,
ça me déprime. Je n’aime pas trop Claude François.
J’aime bien certaines de ces chansons, mais certaines me gonflent un peu.
Et je n’aime pas du tout le personnage. J’ai bien du mal à
comprendre comment on peut faire sa vie à être sosie par vocation,
et je ne suis pas plus avancé après le film. Et je ne peux pas
voir Évelyne Thomas, qui fait une longue apparition à la fin du
film. Voilà. Je pense que vous comprenez pourquoi je vous raconte ça,
quelles étaient mes prédispositions à ce film. Vous comprenez
peut-être moins pourquoi je suis allé le voir, mais passons. Et
bien malgré toutes ces différences de goût, je ne me suis
pas ennuyé et je n’ai pas souhaité être ailleurs pendant
la séance. Ça ne veut pas dire que j’ai beaucoup aimé,
mais j’imagine que les gens qui ont exactement les goûts inverses
de ceux que j’ai cités doivent adorer. Mais détaillons un
peu.
Le film, c’est
50% de Poelvoorde, 25% de Claude François, et 25% de divers.
Autant dire que les fans du comique belge peuvent se ruer les yeux fermés,
car il y fait son numéro habituel avec son brio habituel. Peut-être
un peu trop habituel, d’ailleurs, en dehors de ses imitations de Claude
François, mais quand on aime, on ne compte pas. Et habituel n’est
pas péjoratif quand on sait qu’il habite toujours ses rôles
avec intensité et sincérité. A côté, Julie
Depardieu (qui décidément a le vent en poupe en ce moment) joue
très justement une femme à la fois dépassée par
les événements et maître de son destin. Et puis il y a Jean-Paul
Rouve, en sosie confondant de Polnareff. Alors là, Jean-Paul Rouve, j’adore.
Et là, même s’il est en retrait par rapport à Poelvoorde,
c’est un festival. Un peu comme un gag visuel permanent, un mec avec d’énormes
lunettes de soleil qui mange ou sourit bêtement. Un peu comme le livre
d’images où il faut rechercher Charlie dans l’image, on a
toujours un Jean-Paul Rouve, au premier ou au dernier plan, flou ou net, et
qui en général regarde la caméra en souriant. Voilà.
C’est pas du rire très sophistiqué, mais c’est bien
efficace.