Encore une adaptation d’un roman de John Grisham. Gary Fleder s’y colle, avec John Cusack en héros pas net, Rachel Weisz en copine pas net du héros, et, en guise de gourmandise, Gene Hackman et Dustin Hoffman réunis pour la première fois. Pour un film pas honteux, mais pas formidable tout de même.

Titre original : Runaway jury
USA, 2003
Réalisateur : Gary Fleder
Acteurs : John Cusack, Rachel Weisz, Gene Hackman, Dustin Hoffman, Jennifer Beals (si ! celle de Flashdance), Luis Guzmán et Dylan McDermott
Musique de : Christopher Young
Adapté du roman de John Grisham
Durée : 2h05

L’histoire :
Un procès contre un fabricant d’armes à feu. Un enjeu financier important. 12 jurés, soumis aux pressions pour influencer le verdict. Un juré qui tente de tourner le jeu à son avantage. Du suspens. Des rebondissements.


Les films adaptés de John Grisham se suivent, se ressemblent et ne cassent pas des briques. Après la Firme (aux poursuites un peu molles), l’Affaire Pélican (le plus bel exemple de racisme dans le cinéma récent : superbe blanche, superbe black, et juste un chaste baiser), le Client (quelqu’un s’en souvient ?), l’Héritage de la haine (quelqu’un s’en souvient ?), le Droit de tuer ? (et son message discutable), l’Idéaliste (tellement insignifiant que je ne sais même plus si je l’ai vu, ah ? on me signale que je ne l’ai pas vu…), the Gingerbread man (que même Altman n’avait pas pu sauver), nous voici maintenant devant le Maître du jeu. Il faudra s’assurer que je ne l’oublierai pas aussi vite que les autres, mais la dernière adaptation en date m’a semblé la plus recommandable du lot.
Bien que se présentant a priori comme un film de procès, il n’en est en fait rien. En effet, les arguments développés sont très succincts, les plaidoiries ne sont entendues que comme bruit de fond. A vrai dire, il y a quasiment aussi longtemps de sélection des jurés que de procès. Le reste du film tourne autour des influences entre tous les protagonistes, entre les avocats, conseillers, experts en sélection de jury (vous avez bien lu, oui, moi aussi j’ai halluciné), jurés, complices des jurés, hommes de main des avocats, plaignants, accusés. Ouf, ça en fait du monde qui s’influence les uns les autres. Sur le thème du qui a quoi à cacher, qui peut être soudoyé ou menacé, qui croit en quoi, le scénario déroule beaucoup de possibilités, de manière assez crédible d’ailleurs, et se tient globalement bien (à part peut-être quelques fuites : il y avait quoi sur ce lecteur MP3 ?). Vu le nombre de personnes et ce qu’il y a à découvrir, bien difficile d’anticiper pour le spectateur, qui profite mieux des quelques rebondissements, notamment le final.


On a également droit à une belle galerie d’acteurs, avec un John Cusack en forme, une Rachel Weisz envoûtante, et un face-à-face inédit (mais si) entre Gene Hackman et Dustin Hoffman, tous deux parfaits. On ajoute des seconds rôles habituels (dont Luis Guzmán et Dylan McDermott, pourtant non crédités au générique) de bonne tenue, et vous obtenez un film tout à fait recommandable. La mise en scène reste un peu convenue, voire un peu appuyée par moment, mais le film reposant principalement sur ses acteurs et son scénario, ça ne choque pas. Un film à voir donc non pas pour son thème (un procès sur la vente d’armes), abordé de façon tellement caricaturale et superficielle qu’il n’avancera pas d’un pouce, ni pour une éventuelle dénonciation des manœuvres sur les procès aux USA (tellement c’est exagéré ; du moins je l’espère), mais juste comme un thriller bien troussé, bien fait, et prenant. Pas si mal, mais pas si terrible non plus.

A voir : pour un film honnête
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, pourquoi pas ?

Sébastien Keromen