Grâce au succès de Princesse Mononoke et du Voyage de Chihiro, Buena Vista nous offre un séance de rattrapage de tous les films de Hayao Miyazaki. Aujourd’hui, c’est Kiki la petite sorcière qui débarque sur nos écrans, pour un film aussi beau et attachant que les autres, mais peut-être un peu plus destiné aux enfants.

Titre original : Majo no takkyubin
Japon, 1989
Réalisateur : Hayao Miyazaki
Musique de : Joe Hisaishi
Adapté du roman de Eiko Kadono
Durée : 1h40

L’histoire
Kiki est une jeune sorcière de 13 ans. Et à cet âge, toutes les sorcières doivent partir un an en apprentissage, partir se débrouiller seules dans un lieu inconnu. Un apprentissage de la vie que Kiki va faire en montant, grâce à son pouvoir de voler sur un balai, un service de livraison. Mais le chemin est semé d’embûches et de rencontres…


Après le Château dans le ciel, avant Princesse Mononoke, avant Porco Rosso, après Mon voisin Totoro, avant Le Voyage de Chihiro (ah ben oui, à force de tout sortir dans le désordre, on s’y perd un peu dans la chronologie de son œuvre), voici Kiki la petite sorcière. Kiki s’inscrit dans la veine moins aventure et plus apprentissage de la vie des films de Miyazaki. Tout reste donc assez calme, sans réel méchant, sans autre enjeu que la vie et son apprentissage. Ce qui ne veut pas dire que le film soit ennuyeux, loin de là. En fait, on s’attache instantanément aux personnages, principalement à l’héroïne, et la regarder grandir nous suffit. Surtout que Miyazaki y insuffle un petit côté fantastique avec ses pouvoirs de sorcière (pourtant limités). Ajoutez un irrésistible petit chat qui a toujours le mot pour rire (et effectivement, on rit), et vous obtiendrez un excellent dessin animé.
Le dessin est comme d’habitude superbe, à la fois naturel et esthétique, et chaque image est un régal, notamment les jolis plans sur la campagne et la forêt. La musique est comme toujours signée Joe Hisaishi, et enveloppe le film de douceur et de délicatesse. Mais malgré tout cela, je ne peux m’empêcher d’être un poil déçu. Car Kiki laisse un goût de trop peu, d’anecdotique, comme si le film devait s’inscrire dans une histoire plus longue que Miyazaki n’a pas eu le temps de réaliser, comme si la fin intervenait avant que ce qu’il voulait nous raconter arrive. Kiki part en apprentissage pour un an, et on a l’impression de n’en voir que les deux premiers mois. De plus, la symbolique des événements narrés semble soit un peu trop classique, soit trop obscure : la perte de ses pouvoirs, notamment, qu’elle traduise la perte de l’innocence, ou la perte de confiance, relève d’une interprétation un peu lourde, et le réapprentissage de ses pouvoirs ne semble pas avoir de lien. A moins que, suggestion personnelle, la perte de ses pouvoirs fasse justement partie de l’apprentissage, mais rien dans le film ne supporte cette explication, et je peine à en voir l’intérêt et la morale. En bref, les thèmes abordés, même s’ils sont très justement dépeints, reste assez cliché des valeurs à découvrir en grandissant.


En fait, on obtient un film indéniablement réussi, mignon comme tout, prenant par ses personnages, mais qui aura bien du mal à captiver les adultes par son histoire et son manque de profondeur. Reste un bien beau film de rencontres, mais après Le Château dans le ciel et Le Voyage de Chihiro, on est un peu plus exigeant. Mais de toute façon, les enfants vont adorer.

A voir : en famille ou pour réveiller son âme d’enfant
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, mais j’aurais aimé pouvoir mettre plus

Sébastien Keromen