16 ans après L’Ours, Jean-Jacques Annaud replonge dans le film animalier en filmant l’épopée de deux frères tigres que le destin a séparé. Bon, c’est pas tout de bien filmer les tigres, mais est-ce que ça donne un vrai et bon film ?
Titre original : Two brothers
France, UK, 2004
Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Acteurs : Guy Pierce, Jean-Claude Dreyfus, Philippine Leroy-Beaulieu
Durée : 1h50
L’histoire
Dans la jungle d’Angkor, deux tigrons viennent de naître. Mais la vie va les séparer, et leur faire vivre une version féline des deux orphelines, avant d’enfin leur permettre de se retrouver. Le tout sur décor colonial, avec ambassadeurs et chasseurs de trésors.
Pas évident d’arriver à construire toute une histoire qui tienne autour de performance obtenue d’animaux, qui, bien sûr, n’y entravent rien. C’est à la fois la force et la faiblesse du film. Sa force, parce que les tigres sont très crédibles, et on peut vraiment croire à leur histoire. Et sa faiblesse, parce que le scénario est au mieux sans surprise, au pire caricatural. Ben oui, désolé de ruiner tout de suite le suspense, mais s'il y a de belles images, quelques scènes amusantes ou attendrissantes, le film dégage une profonde impression de raté, de "si c’était pour nous raconter ça, c’était pas la peine de se donner tout ce mal". L’histoire se voulant un conte (mais un conte pas toujours agréable à suivre, certaines scènes sont plutôt violentes, et, même si ça se termine bien, pas mal d’animaux morflent un coup), je passe sur le côté invraisemblable de l’histoire (je ne suis pas sûr que les tigres puissent se reconnaître comme frères après un an de séparation, mais je suis certain qu’ils se reconnaîtraient à l’odeur, et pas d’un seul coup "mais c’est toi !").
Mais à côté de l’histoire des deux tigres, c’est surtout l’environnement humain qui cloche. A part Guy Pearce, remarquable, et "son excellence", dirigeant du Cambodge, plus subtil que prévu mais sous-exploité, tous les personnages humains sont caricaturaux, cliché et sans intérêt. Leurs motivations, à la limite du ridicule (la fameuse route de l’ambassadeur, ça va bien cinq minutes…) ne font pas avancer l’histoire, qui sans ces détours se révèle bien simple (simplette, simpliste, rayez les mentions inutiles). Elle en plus est filmée très à plat, sans quasiment aucune idée de mise en scène, avec des images parfois pas très au point (j’imagine que quand les tigres ont enfin "joué" ce qu’on attendait d’eux, on ne la refait pas pour la lumière). Et le film n’échappe pas à certaines lourdeurs, notamment un flash-back à hurler (quand les deux frères se reconnaissent). Cependant, les amateurs d’exotisme et de beaux paysages auront de tout même largement de quoi se rincer l’œil. La musique est assez ratée, et en plus très hétérogène sur la longueur.
Le film se déroule ainsi sans surprise, entre quelques ravissements de l’ordre de "c’est mignon un bébé tigre" puis "c’est beau un tigre", de l’ennui quand il n’y a pas de tigre, et même quand il y a juste des tigres qui marchent, de l’agacement devant les scènes inutiles du consulat. Mais finalement, la seule chose qui reste, ce sont les images avec les tigres, remarquables (les images ET les tigres). Mais pas un film.
A voir : pour les tigres, et encore
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, chuis déçu
Sébastien Keromen