La problématique
des stratégies de promotion |
Troisième problème,
les stratégies de promotion du format. La stratégie de Sony semble
bien trouble en annonçant sur le papier des dizaines de nouveautés
à prix abordable mais en ne proposant en pratique que peu de titres d’artistes
de premier plan et sûrement pas au prix « juste » pour développer
le SACD. Prenant en compte « l’age mur » du client cible consommateur
de SACD, le développement du catalogue SACD ressemble à s’y
méprendre à une compilation pour quadra. Cette offre à
sa place mais doit obligatoirement être complétée par une
offre liée à des nouveautés artistiques. Sur ce jeu, Universal
propose d’ailleurs régulièrement une sortie conjointe CD
/ SACD comme pour le dernier album de Calogero ou la comédie musicale
Gladiateur. Deux titres capables justement d’attirer l’amateur vers
le SACD, proposé à un prix « nouveauté » raisonnable
puisque l’écart entre version CD et SACD est inférieur à
trois euros.
La problématique
de la promotion presse |
Quatrième problème,
très important, la promotion presse du SACD est quasi inexistante ! Je
contacte très régulièrement les différentes maisons
de disques pour avoir des informations ou tenter de récupérer
des exemplaires pour critique. Première constatation, le mot SACD est
souvent inconnu des chefs de produits. Passons. Plus épineux, le développement
d’une promo du support SACD est souvent bloqué par l’absence
d’actualité pour l’artiste. Les maisons de disques rechignent
en effet de débloquer de nouveaux budgets marketing pour la promotion
d’un album déjà édité en CD depuis de nombreux
mois. Avouons que leur réponse est logique ; lorsque le SACD de Florent
Pagny par exemple est arrivé dans les bacs, le potentiel cible intéressé
par la version SACD est infime face à la déferlante constatée
sur les ventes de CD. Sur des titres d’actualité, le problème
reste entier puisque les chefs de produits disposent de dizaines de CD pour
la presse mais pas un seul SACD ! Le fond du problème est sans doute
ici, le SACD est un support physique et son développement reste à
ce jour lié à ses possibilités physiques et non pas à
l’intérêt de son catalogue. Tant que cette barrière
ne sera pas dépassée, il sera difficile de prévoir un relais
presse efficace.
La problématique
artistique |
Cinquième problème,
la problématique artistique. Le SACD (tout comme le DVD-Audio) trouvera
sans aucun doute son public chez les amateurs de son surround. Pour que cette
offre de programmes musicaux en multicanal s’étoffe, il faut qu’au
préalable les artistes pensent en 5.1. C’est d’ailleurs un
point incontournable pour que l’offre CD et SACD soit simultanée
à la sortie d’un album. L’intérêt du 5.1 chez
les artistes reste toutefois une grande inconnue ; d’après les
informations que je peux recevoir c’est malheureusement une préoccupation
peu développée et qui représente pour une grande partie
d’eux un enjeu inexistant. Dans ces conditions, les quelques albums qui
nous arrivent en 5.1 sont le fruit d’un travail d’ingénieurs
du son. Si leur travail est généralement opéré en
concertation avec l’artiste, il manque toutefois l’impulsion initiale
de l’artiste pour imaginer une composition directement imaginée
en multicanal et non pas en stéréo, puis transférée
en espace surround. Ces programmes existent toutefois mais là encore,
l’information n’est pas diffusée et en aucun cas inscrite
sur la jaquette du SACD afin de susciter la curiosité ou l’intérêt
du consommateur.
La problématique
du mode de vie musical |
Dernier problème, peut-être
le principal, le marché de la musique surround existe-t-il ? Dans une
époque ou la consommation se réalise en masse et à bas
débit (MP3, WMA), la haute-définition surround peut-être
rencontrer un large public ? Si l’on met de coté le prix trop élevé
des SACD / DVD-Audio, c’est bel et bien la façon de vivre la musique
qui est en question ; l’idée de l’amateur qui s’installe
confortablement dans son fauteuil pour apprécier les prouesses d’un
mixage multicanal semble dépassée. Il y a bien l’espace
confiné de la voiture qui se révèle paradoxalement un lieu
privilégié d’écoute (80% des sessions musicales sont
réalisées en voiture !) et un lieu ou le multicanal peut s’exprimer
confortablement. Le développement d’autoradio compatibles DVD-Audio
se compte sur les doigts d’une main et ceux compatibles SACD sont tout
bonnement inexistants. Encore une incohérence de stratégie préoccupante
de la part de Sony, constructeur et éditeur pourtant principal promoteur
du SACD !
Si comme une grande majorité
des membres de l’équipe DVDcritiques vous avez un lecteur de DVD/CD
compatible SACD, vous devez faire comme nous. Insister auprès des revendeurs
pour faire remonter votre intérêt. Ecrire aux différents
magazines spécialisés pour les inciter à développer
l’offre de critiques de SACD. Si le marché reste timide, certains
titres proposés cette année permettent de croire que l’offre
SACD va toutefois s’intensifier dans les prochains mois. Un espoir beaucoup
moins enthousiaste du coté du DVD-Audio, les différents plannings
de sortie étant en grande partie gelés depuis plusieurs mois.
Nous vous donnons de toute façon rendez-vous régulièrement
sur le site pour des critiques SACD / DVD-Audio dans la mesure du possible.