The dark knight rises en vidéo : notes de production sur le film

THE DARK KNIGHT RISES  sera disponible en vidéo le 28 novembre 2012 en édition collector 2 DVD ou en  Ultimate edition 2 BD + DVD+ Copie Digitale (copie améliorée). A cette occasion, nous vous proposons au travers le dossier de presse de découvrir des notes de production.





BANE : Les ténèbres te trahissent parce qu'elles sont mon domaine.



            Avant le début du tournage, et sur le plateau, Christian Bale, Tom Hardy et Anne Hathaway ont suivi chacun un régime draconien et un entraînement spécifique en vue de leurs scènes d'action.

Bien que ce soit la troisième fois que Bale endosse le costume de Batman, son personnage va devoir se montrer plus combatif dans THE DARK KNIGHT RISES, car cela fait plusieurs années que Bruce n'a pas été le vengeur masqué. Dans les deux premiers opus, Bale utilisait une forme d'art martial : la méthode de combat keysi ; mais il fallait la modifier pour l'adapter à sa nouvelle condition physique et au style de son adversaire. Tom Struthers, le chef cascadeur, précise : "Nous n'avons pas abandonné le keysi mais nous l'avons fait évoluer à un autre stade fin de répondre à la brutalité de Bane".

L'aptitude physique de Bruce Wayne s'est peut-être amenuisée avec le temps, mais celle de Bale s'est affinée. Buster Reeves, le chorégraphe combats qui double l'acteur sur les deux premiers films, est admiratif : "Il saisit incroyablement vite ce qu'il faut faire. J'ai prédit aux autres cascadeurs qu'il n'aurait à refaire les mouvements que deux fois avant de les maîtriser. Et, fidèle à lui-même, Christian est arrivé un jour, a réalisé chaque enchaînement deux fois et les a joués à la perfection. C'est impressionnant".

Dans THE DARK KNIGHT RISES, le chorégraphe combats devient la doublure d'Hardy. "Tom était déjà dans une forme olympique à son arrivée, et il était prêt à tout essayer" poursuit Reeves. "En fait, nous avons presque dû nous battre pour le virer des salles d'entraînement car il voulait constamment s'exercer. Il nous a épuisés".

"Tom a fait un boulot formidable pour donner vie à cet adversaire redoutable", constate Bale. "C'est un acteur vraiment téméraire et je l'admire énormément, ça a été super de travailler avec lui".

L'un des principaux défis dans la chorégraphie des combats de Bane a été la juxtaposition des différents rythmes. Reeves souligne : "Ses mouvements sont rapides mais il parle très lentement et avec application. Essayer de bouger rapidement tout en parlant posément est plus difficile qu'il n'y paraît. Il a fallu énormément répéter pour décomposer chaque mouvement dans le temps et déterminer à quel moment Tom devrait dire son texte pendant l'action".

Quand Batman et Bane s'affrontent, "c'est tout simplement un grand moment de cinéma", déclare Roven. "Vous avez une force irrésistible qui rencontre un objet inamovible : le spectacle est grandiose !"

"C'est un affrontement pied à pied, ils sont de force égale et se rendent coup pour coup. Christian et Tom y ont beaucoup travaillé", affirme Nolan. "Les contraintes seules de leur costume posaient déjà problème : un personnage a le bas du visage dissimulé, pour l'autre c'est le haut. Ils avaient du mal à entendre ce que disait l'autre, à la fois à cause des masques et de l'environnement très bruyant dans lequel ils devaient accomplir leurs exploits".

"Ils ont dû intensément se préparer", poursuit le réalisateur. "Et quand il a fallu tourner, leur duo a extrêmement bien fonctionné. C'est effrayant comme ça avait l'air réel, et assez intimidant de voir ces personnages plus vrais que nature se donner à fond. Il y a beaucoup d'autres grandes séquences d'action dans le film, mais je crois que le face à face entre ces deux adversaires reste la scène-phare du film".

Cela étant, Emma Thomas souligne: "Les acteurs accomplissaient des choses épatantes mais Anne devait aussi les faire pour ainsi dire en se déplaçant à reculons et en talons aiguilles. Elle a réalisé presque toutes ses cascades elle-même. Ça n'était pas une mince affaire, mais elle s'y est simplement attaquée avec précision et exigence, s'investissant totalement, et c'est payant à l'écran".

Struthers partage cet avis. "Selina doit se montrer assez forte pour se sortir seule de n’importe quelle situation, et Anne s'en est magnifiquement tirée. Pour commencer, c'est une très bonne danseuse, et la danse et les arts martiaux vont de pair. Elle écoute et apprend vite ; elle s'est entraînée très dur jusqu'à son dernier jour de tournage".

"Pour moi, c'était moins un défi qu'une occasion d'explorer quelque chose que l'on ne m'avait encore jamais demandé de faire", déclare Anne Hathaway. "J'ai aussi eu la chance de travailler avec une équipe formidable, comme Tom et Maxine Whittaker, ma doublure, qui n'aurait pas pu se montrer plus exigeante ni d'un plus grand soutien. Je savais que j'étais entre de très bonnes mains avec eux et Chris. En acceptant, je savais que ça allait être le rôle le plus exaltant que j'aie eu à ce jour et que j'allais m'éclater, et mes attentes ont été largement comblées".



SELINA : Ma mère m'a serinée de ne jamais monter en voiture avec un inconnu.
BRUCE : Ce n'est pas une voiture.




            L'un des défis en jouant Catwoman est de piloter la Bat-Pod, l'engin à deux roues qui apparaît pour la première fois dans THE DARK KNIGHT. Imaginée par Chris Nolan et Nathan Crowley, le chef décorateur, la Bat-Pod est conçue par Chris Corbould, le directeur des effets spéciaux, et son équipe.

La Bat-Pod est équipée des mêmes pneus de camion géant que la Batmobile originale - plus connue dans la trilogie DARK KNIGHT comme le Tumbler. Au premier abord, cela semble improbable, mais la Bat-Pod est rapide et maniable, également équipée de canons à propulsion, de mitrailleuses de calibre 50 et de lance-grappins.

            La Bat-Pod est conçue pour la ville, mais elle n'est pas facile à conduire car elle requiert de la force et une technique particulière pour la contrôler. Au cours de THE DARK KNIGHT, le seul à pouvoir effectivement la conduire est le cascadeur et pilote de moto Jean-Pierre Goy, qui revient sur THE DARK KNIGHT RISES. Mais il souffre d'un handicap évident, comme le raconte Anne Hathaway : "Je me tenais là avec Chris en train de regarder la Bat-Pod, et il me disait que Jean-Pierre était le seul au monde à pouvoir la conduire. Alors je me suis tournée vers lui et lui ai demandé, 'Peut-il ressembler à une femme ?' "

            Struthers avait eu la même réaction, soulignant : "Il n'y a rien à faire, un homme ne conduira pas la Bat-Pod de la même manière qu'une femme. Mais nous avons trouvé la femme idéale pour cela".

            La cascadeuse et pilote professionnelle Jolene Van Vugt – la seule femme à avoir réussi un salto arrière avec une moto hors piste – est venue sur le tournage pour servir de doublure à Anne Hathaway quand Catwoman sillonne les rues de Gotham sur la Bat-Pod. "J'étais surexcitée quand ils m'ont appelée", se souvient Jolene Van Vugt. "Quand ils m'ont demandé si je pensais en être capable, je leur ai répondu, 'Si vous m'en donnez la chance, je vous garantis que je pourrai la conduire'. La réelle difficulté était de s'habituer à la forme de l'engin : il faut complètement s'allonger sur le ventre. Il s'agissait de trouver mon équilibre et une position confortable, mais en quelques heures je m'amusais déjà à rouler un peu partout".

            Corbould a apporté quelques modifications à la Bat-Pod pour permettre à une femme de la conduire. "L'engin est lourd, et du coup nous avons refait une partie du châssis en aluminium, ainsi que toute la partie avant ; ça l'a rendue plus légère et Jolene a alors pu réaliser des acrobaties spectaculaires", note-t-il.

Jusqu'à présent, la Bat-Pod et le Tumbler ont tous deux procuré à Batman mobilité et puissance de tir dans les rues de Gotham, mais dans ce troisième volet, il peut enfin prendre son "envol" grâce à Lucius Fox et sa dernière contribution à un tel arsenal : le Bat. Nolan et Crowley l'ont dessiné ensemble : un engin aéroporté ultramoderne qui emprunte des éléments à la fois à l'hélicoptère d'attaque Apache, au jet à propulsion Osprey V-22 et au jet Harrier Jump. Et bien sûr, il fallait qu'il soit noir.

            Conformément à l'idée que le Bat serait une invention du département de sciences appliquées de Wayne Enterprises, Crowley explique : "Nous avons donc considéré cet engin comme un projet qui passait pour être destiné à l'armée et cela nous a fourni une bonne base de travail. Du point de vue du design, il était avant tout primordial que le Bat s'intègre parfaitement parmi les autres 'gadgets' comme la Batmobile. Au début, c'est sa forme qui nous a préoccupés ; après plusieurs esquisses, j'ai commencé à réaliser un début de modèle".

            Nolan ajoute : "Du point de vue de la fonctionnalité, nous voulions utiliser l'idée d'un hélico à deux palles, dont les rotors sont sous l'appareil et des déflecteurs font passer l'air au travers. Un système de volets et de déflecteurs modifie l'aérodynamique de l'engin et permet de le manœuvrer parmi les immeubles".

Chris Corbould ajoute encore : "Plusieurs parties sont amovibles : le cockpit s'ouvre ; les volets aériens peuvent être actionnés ; et ajoutons les rotors et les phares. Le Bat fait plus de 9 mètres de long et plus de 5 mètres de large, et pèse plus d'une tonne : c'est un engin monstrueux. Nous avons eu recours à plusieurs méthodes pour faire 'voler' le Bat, car l'obsession de Chris, c'est qu'il veut concevoir et ancrer un maximum de choses dans la réalité avant de faire intervenir les petits génies de l'infographie. Alors, nous l'avons arrimé à des câbles fixés en hauteur, suspendu à des grues ou à des hélicoptères, et monté sur un véhicule roulant spécialement conçu et muni de vérins hydrauliques".

            Corbould admet qu'ils ont dû faire une concession : le Bat ne pourrait pas décoller ou s'élever tout seul. "Faire voler un engin de cette envergure était hors de notre portée. Je serais un homme riche si je pouvais construire quelque chose comme ça et qu'il puisse vraiment voler", déclare-t-il en riant.



SELINA : Un orage approche, M. Wayne.



            L'action de THE DARK KNIGHT RISES est rendue plus captivante encore en plein vol, lorsqu'un avion de la CIA est détourné : il transporte un homme du nom de Docteur Pavel –  apparemment important aux yeux du gouvernement américain – et d'autres passagers aux intentions douteuses. C'est là que nous rencontrons pour la première fois Bane, qui montre à quel point il se révèle un criminel ingénieux et sans pitié. Au moment où il apparaît, un énorme avion C-130 Hercules se place au-dessus de l'appareil de la CIA et, de la soute, quatre terroristes suspendus à des filins en descendent en rappel. Ils atterrissent sur les ailes du turbopropulseur et tirent sur les hublots qui volent en éclats, avant d'atteler à l'Hercules ce petit avion, impuissant.

            Étant donné la volonté de Nolan de filmer un maximum de plans réels, la majeure partie du prologue a été en fait tournée dans le ciel d'Inverness, en Écosse. De bout en bout, la scène est à plusieurs niveaux une prouesse de coordination, de précision et de timing.

            Ce prologue en haute altitude a nécessité une préparation pendant des mois avant le début du tournage, principalement pour veiller à ne mettre personne en danger. Le producteur exécutif Kevin De La Noy en atteste : "Beaucoup de ce que nous faisons consistait à maltraiter la carlingue et à lui donner des coups jusqu'à la perfore mais nous avons toujours fait très attention car les mesures de sécurité n'existent pas pour rien".

Avant de tourner pour de bon, l'équipe d'effets visuels, sous la direction de Paul Franklin, a créé un "animatique" – un découpage de la scène plan par plan et en basse résolution – afin que les différents départements puissent analyser et comprendre ce qui fonctionnerait ou non. "Par le biais de cette prévisualisation, nous pouvions déterminer ce qui relèverait de la cascade, ce qui nécessiterait des effets spéciaux ou des effets visuels", explique Franklin. "Ce procédé permet vraiment à chacun de comprendre ce qu'il devra prendre en charge dans la séquence réalisée".

Tom Struthers n'a pas lésiné pas sur les moyens pour éliminer tout danger pour les acrobates qui allaient sauter du C-130 sur le turbopropulseur. Le chef cascadeur raconte : "À ma connaissance, ça n'a jamais été tenté, d'avoir quatre personnes qui se jettent de l'arrière d'un avion en vol, chacune accrochée à un filin, et qui se posent sur un autre appareil. C'est pourquoi nous avons réalisé plein de tests avec des mannequins et toutes sortes de tenues qui en feraient des personnes crédibles. Nous avions prévu des procédures d'urgence pour leur permettre de se détacher et de se parachuter, mais heureusement nous n'en avons pas eu besoin. Les cascadeurs ont tout simplement été géniaux".

Il a fallu aussi effectuer des préparatifs au sol à l'endroit où le fuselage de l'avion de la CIA devait s'écraser. Toute la zone a été évacuée pour s'assurer que personne, ni même la faune, ne soit en danger. Les intempéries ont joué également en faveur des producteurs, leur offrant un ciel dégagé.

Quand tout était prêt, Nolan et Wally Pfister, le chef opérateur, ont filmé toute l'action depuis un hélicoptère qui devait voler à la même vitesse que les deux avions. La séquence entière est un parfait témoignage de l'extrême efficacité et de l'expertise des personnes impliquées : initialement prévue pour être tournée en 9 jours, elle a été bouclée en 2 jours. "Ça a été une course effrénée, et je crois que ça le sera aussi pour les spectateurs", confirme Nolan.

La bagarre qui se déroule dans l'avion à turbopropulseurs a été filmée à Cardington, un hangar à avion reconverti en studio, au nord de Londres. L'équipe de Corbould a construit le fuselage de l'avion sur un cardan, afin de pouvoir la mettre à la verticale et de faire virer rapidement l'avion sur une aile puis sur l'autre, et les techniciens et les acteurs ont été sérieusement mis à l'épreuve pour garder l'équilibre.

"Je ne sais pas pourquoi, mais sur les films de Chris, on finit toujours par être balancés dans tous les sens et par se retrouver la tête en bas", remarque Pfister, en plaisantant à moitié. "Au niveau de la logistique, autant dire que ce n'est pas rien pour filmer, mais c'est aussi ce qui crée un moment génial dans le film".

Au cours du tournage, le prologue a été entièrement tourné en caméras IMAX, ainsi que toutes les grandes scènes d'action. "J'adore travailler en IMAX", admet Nolan, "parce que ça donne de l'ampleur et de la profondeur à l'image. Sur THE DARK KNIGHT, nous avons beaucoup appris de leur utilisation, et nous avons donc pu affiner notre technique de façon à obtenir de meilleures prises de vue etc. Grâce à de nombreuses innovations techniques, nous avons pu placer la barre encore un peu plus haut".

"Le format IMAX permet vraiment de s'immerger dans l'image et dans l'environnement sonore, grâce à la façon qu'a l'image d'envahir votre champ de vision et le son de vous submerger de tous côtés", affirme Pfister. "Nous avons passé six mois à travailler avec Panavision et IMAX pour re-paramétrer les viseurs des caméras et élaborer de nouvelles lentilles, le tout pour nous permettre de filmer avec une très faible luminosité. Grâce à ces évolutions, nous avons pu faire des choses que nous ne pouvions pas réaliser sur le précédent film".

Tourner dans un faible éclairage est particulièrement important sur THE DARK KNIGHT RISES car un grand nombre de scènes-clés se déroulent dans les bas-fonds ou en sous-sol, comme dans la Batcave.

Dans le premier opus, le Wayne Manor – et donc la Batcave originelle – est détruit. Bruce Wayne installe temporairement son QG dans le Bat-Bunker. Toutefois le manoir est reconstruit, comprenant une nouvelle Batcave, le tout rappelant des éléments des deux précédents plateaux.

Nathan Crowley, qui s'est associé à Kevin Kavanaugh, l'autre chef-décorateur du film, s'explique : "Chris et moi avons réfléchi à la manière de fondre ensemble la Batcave et le Bat-Bunker qui est incroyablement géométrique et moderne, où tout est proprement encastré dans les murs. Nous avons compris que nous pouvions pousser l'idée plus loin et inonder la Batcave en partie : tout serait caché sous l'eau. Quand vous pénétrez dans la grotte, elle n'a rien de particulier, mais si vous appuyez sur un bouton, des cubes parfaits surgissent, contenant toute sorte d'objets, du Batcostume au super-ordinateur".

Nolan complète, "C'est une superbe combinaison des deux : l'aspect tactile de la Batcave et la fonctionnalité du Bat-Bunker".

C'est à Cardington que le Bat-Bunker a été à nouveau installé. Mais le plateau de la nouvelle Batcave – avec ses cascades en état de marche – a été quant à lui construit sur le plateau n°30 des studios Sony à Culver City, en Californie. L'endroit est idéal parce qu'il possède un bassin qui peut contenir plus de 2 725 mètres cubes d'eau.

Les courants d'eau sont eux aussi une des principales caractéristiques du QG de Bane, installée dans le système d'égouts souterrain de Gotham. Le décor a été implanté à Cardington, qui dispose d'un espace suffisamment vaste pour que la production puisse y construire un réseau de tunnels reliés à une construction de plusieurs niveaux en béton et en tôle ondulée. Concernant l'éclairage du décor, Pfister raconte : "J'ai suggéré de surexposer le lieu afin de lui donner l'allure d'une arène. Ainsi, les points de lumière blanche font ressortir la sévérité de l'environnement".

Cardington a abrité encore un autre plateau de plusieurs étages bien plus impressionnant : une prison digne des Enfers qui, hormis le fait qu'elle est souterraine, n'a rien à voir avec le repaire de Bane. La prison est un grossier labyrinthe de cellules en pierre installé dans un immense gouffre. Les portes des cellules ne sont pas verrouillées car la seule issue possible est un puits vertigineux qui mène à la surface. En fait, ils ont construit deux puits à Cardington, dont le plus haut atteint plus de 36 mètres.

Les scènes d'extérieur censées être au-dessus de la prison ont été tournées à Jodhpur, en Inde, où le paysage inhospitalier ajoute au caractère désolé du lieu.

À l'opposé de cet endroit isolé, c'est précisément une maison de maître bien réelle, Wollaton Hall, à Nottingham, en Angleterre, qui sert d'extérieur à l'immense Wayne Manor. Mais si Bruce tient sa promesse, à savoir reconstruire la maison "brique par brique", l'intérieur est bien plus "fonctionnel" : c'est un logement plutôt qu'un foyer.

Dans les deux premiers opus, c'est Chicago qui a servi de modèle pour Gotham, mais pour le chapitre final, trois villes ont été utilisées : Pittsburgh, Los Angeles et New York. En quelques séquences, l'action se déroule dans une ville puis dans une autre en toute fluidité. Pfister explique : "C'est un sacré défi en termes de raccord et de continuité. Nous avons tourné dans des villes différentes, à des époques différentes et à des moments de la journée également différents. Il a alors fallu très bien s'organiser pour respecter l'éclairage et rester cohérent. Tout devait être planifié avec grand soin et validé par Chris et les régisseurs généraux pour décider du moment précis quand commencer à filmer et dans quelles rues".

À Pittsburgh, plus de 11 000 figurants ont afflué en direction de Heinz Field pour la scène dans laquelle Bane lance sa révolution par une démonstration de force explosive. Le berceau des Steelers, l'équipe de football américain de la ville, est devenu le terrain des Gotham Rogues, qui portent les couleurs de l'équipe à domicile dans la réalité, le noir et l'or. Le producteur exécutif Thomas Tull étant aussi actionnaire des Steelers de Pittsburgh, il n'est pas peu fier de les voir représentés dans le film, même de façon fictionnelle.

Quelques stars des Steelers de Pittsburgh ont été sélectionnées pour "jouer" les Gotham Rogues, et dans l'équipe adverse, on retrouve l'actuel maire de Pittsburgh, Luke Ravenstahl, jouant le buteur des Rapid City Monuments.

Emma Thomas raconte : "Après avoir passé quelques mois à travailler sur un film, vous avez tendance à vous prendre pour le centre du monde. Puis vous faites venir les Steelers et leurs fans, et vous découvrez alors une toute nouvelle dimension de célébrités. C'était fabuleux de les avoir avec nous ce jour-là".

"Les moments passés à Pittsburgh ont été formidables", ajoute Nolan. "Tout le monde nous a accueillis à bras grand ouverts, ce qui était extraordinaire vu que nous devions barrer l'accès à toute une partie de la ville pendant des semaines d'affilée. Cela nous a permis de tourner énormément de prises de vue pratiquement impossibles à réaliser ailleurs".

La production a tiré parti du fait que la pelouse du stade devait être changée en vue de la saison de football suivante, qui approchait. L'équipe effets spéciaux de Corbould a placé de façon stratégique des explosifs, qui devaient être déclenchés à travers tout le terrain. On a construit une plateforme sur la surface d'origine pour dégager un couloir pour un joueur des Gotham Rogues et créer l'illusion que les joueurs qui lui courent après tombent dans le gouffre qui se creuse sous eux. Le terrain qui s'effondre et le cratère qui se forme ont, quant à eux, été créés par ordinateur par l'équipe effets visuels de Paul Franklin.

            À Los Angeles, un nombre remarquable de lieux ont servi de décors intérieurs : le Los Angeles Convention Center devient ainsi le département des sciences appliquées de Wayne Enterprises ; la gare historique Union Station campe un palais de justice improvisé ; et un bâtiment sur South Spring Street est transformé en salle des marchés de la bourse.

            L'extérieur de la bourse a, lui, été filmé à juste titre dans le centre financier de Wall Street à New York. Pendant deux week-ends, la production a fermé la totalité du quartier financier pour tourner les scènes de confrontation qui marquent les temps forts du film, mobilisant la plupart des acteurs, des équipes de cascadeurs et plusieurs milliers de figurants. Au final, il y a 600 cascadeurs concernés que Struthers a dû répartir en groupes, eux-mêmes subdivisés en plus petites cellules afin que chacun apprenne ses gestes minutieusement chorégraphiés.

            "Tourner dans un décor comme Wall Street est toujours plus compliqué d'un point de vue logistique, surtout vu le nombre de personnes impliquées", explique Nolan. "Les habitants de la ville ont été d'une très grande aide et tout s'est très bien passé, ce qui en dit long sur les gens concernés par cette aventure. J'ai eu énormément de chance de trouver des personnes si compétentes pour travailler sur ces films, tous départements confondus. Je sais que je peux leur faire confiance, ils m'offrent une contribution précieuse et font toujours de leur mieux. Ça me rend la tâche plus facile".

            Les dernières semaines de tournage se sont déroulées à New York où ont été utilisés comme décors la Trump Tower, qui sert d'extérieur à Wayne Enterprises ; et le pont de Queensboro, dont la travée supérieure a été barrée pendant deux jours pour tourner, entre autre, la scène dans laquelle Batman surplombe la ville pour laquelle il a été prêt à tout sacrifier.

            "Gotham rappelle énormément New York", déclare Nolan. "C'en est une version plus intense, mais c'est toujours resté un modèle, d'où le nom de Gotham. Alors je pensais que nous devions faire plus ressortir New York dans ce film, surtout parce que dans THE DARK KNIGHT RISES, il est beaucoup question de Gotham... encore plus que dans les deux opus précédents".

            Que ce soient les personnages ou les lieux, les thèmes du film sont tous abordés dans la bande originale du film. La musique a été composée par Hans Zimmer, qui collabore pour la quatrième fois avec Nolan (dont les films de la trilogie). "C'est une joie et un privilège de travailler sur ces films et de collaborer avec quelqu'un comme Chris Nolan, ouvert aux commentaires et observations", dit-il.

            Pour ce dernier épisode, le compositeur fait un clin d’œil aux précédentes bandes originales, mais, précise-t-il : "Nous sommes allés dans une direction complètement différente pour Bane. Je voulais utiliser un grand orchestre symphonique, mais je leur ai annoncé, 'Je vais vous faire désapprendre tout ce que vous savez. Je vais vous traiter comme un groupe de percussion primitif'. Et il s'est avéré que ça a eu sur eux un effet libérateur, comme une aventure musicale", dit-il en souriant.

Zimmer a introduit également en bonne place un chant dans le thème de Bane, ce qui a permis au compositeur d'inviter les fans de Batman à prendre part à l'élaboration de la bande originale du film. En effet, ceux-ci ont été invités à envoyer leur chant (un cri, une phrase, etc.) via UJAM – un site web qui permet de composer, produire et publier de la musique – et des milliers de gens dans le monde ont répondu à l'appel. Leurs propositions ont été synchronisées pour créer le chant lancinant que l'on entend tout au long du film. Zimmer se souvient : "J'ai indiqué à Chris que c'était une façon de remercier les fans et de partager avec eux l'expérience de cet univers. Ça n'était pas sûr que la tentative réussisse, mais au final ça a très bien rendu".

"Je n'ai jamais travaillé avec quelqu'un de si emballé par une idée, pour qui le vrai danger est de ne rien oser", remarque Nolan. "Hans m'a appris à explorer de mauvaises idées pour y découvrir d'autres possibilités, et sans explorer ces options, on ne peut jamais rien faire de vraiment exceptionnel. D'un film à l'autre, il repousse ses limites artistiques, et explore des territoires que vous pensiez irréalistes ou inaccessibles ".

Zimmer déclare que, comme le personnage, le thème musical associé à Selina Kyle est "tout en ambiguïté, ce qui est bien plus intéressant qu'être bon ou méchant. Les films de Chris contiennent tous sans exception une certaine dose d’ambiguïté, et j'essaie de l'exprimer un peu dans la musique".

Le fil conducteur mélodique dans la trilogie est la musique que Zimmer compose pour Bruce Wayne. "Son thème est le plus épuré ; c'est un simple accord de deux notes qui n'aboutit jamais tout à fait", décrit-il. "J'ai toujours voulu que la musique pose en quelque sorte à Bruce la question 'et si'. Mais je crois sincèrement que le film offre une forme de réponse – que ces mêmes deux notes changent et forment maintenant une réponse".

En revenant sur l'achèvement de la trilogie de DARK KNIGHT, Christian Bale avoue : "J'étais mitigé quand j'ai ôté mon masque pour la dernière fois, parce que ça a été personnellement très important pour moi de jouer ce personnage. Porter ce costume n'a jamais cessé de me donner la chair de poule, car je mesure pleinement quel honneur c'est d'avoir pu incarner cet être de légende. Et je ne peux m'empêcher d'en être extrêmement fier".

C'est à Christopher Nolan que revient le mot de la fin : "L'histoire de Bruce Wayne fascine les gens depuis plus de 70 ans parce que c'est une histoire fantastique. Nous sommes très heureux d'avoir pu porter à l'écran en trois opus notre version de ce mythe. Cette expérience a été foncièrement enrichissante. Nous sommes très fiers de la conclusion de la trilogie, et espérons que le public partagera notre enthousiasme".