Après le film qui portait leur nom, les Yamakasi reviennent sur nos écrans, ajoutant à leur art du « déplacement » les arts martiaux venus de la lointaine Thaïlande. Et si, quand ils font un film d’action, les réalisateurs comprenaient que l’action concerne principalement ce qui est filmé, et non la caméra elle-même, ou le montage ? Et bien on aurait eu un bien meilleur film.

France, 2004
Réalisateur : Julien Seri
Acteurs : les Yamakasi
Durée : 1h35

L’histoire
Là, vous me voyez un peu embêté, parce que l’histoire est un peu confuse. Vous avez un Japonais lié aux yakusas (ou même yakusa lui-même) qui a épousé la fille d’un chef des triades, et qui engage un métisse mal dans sa peau pour ridiculiser le beau-père, pendant qu’un groupe d’athlètes français ouvre un gymnase (avec quel argent, on se le demande). Le tout se passe à Bangkok, mais ne vous inquiétez pas, apparemment tout le monde y parle français.


Les Yamakasi avaient déjà fait un film, qui s’appelait, tiens, Yamakasi. Un film qui permettait surtout de les voir pratiquer leur art du « déplacement », que vous pouvez aussi appeler « grimper sur tous les immeubles et sauter d’immeuble en immeuble » si votre interlocuteur écarquille les yeux quand on lui parle de déplacement. Cette fois-ci, ils reviennent dans un film avec un scénario. Et c’est bien le premier problème. Pas le principe de mettre un scénario dans un film (ça ne semble pas répréhensible en tant que tel), mais plutôt le scénario en lui-même. Il arrive à être à la fois très embrouillé et très simpliste. Il mélange des yakusas et des triades chinoises, le tout en Thaïlande, avec deux jeunes mi-français mi-thaïlandais je suppose, et des athlètes français (mais fort bigarrés, eux aussi). Soit plein de gens qui s’agitent et essaient de trahir ou d’aider, sans que ça aboutisse à autre chose qu’à des combats ou des poursuites.
Une fois passé le début où on ne comprend rien, on se fait une raison et on profite de l’action. Encore une fois, ça ne va pas se passer comme on l’espère. Si certains plans sont épatants (des grands plans tournant dans l’espace, qu’ils ont dû tourner à bord d’un OVNI), la réalisation générale des scènes d’action est simplement illisible. Entre prises de vue trop près et montage hystérique, on a bien du mal à suivre ce qui se passe. C’est d’autant plus dommage que les Yamakasi savent vraiment faire tout ce qu’ils font à l’écran, et auraient donc pu le faire en une seule prise. On se prend à regretter que tout ne soit pas filmé en plan fixe. On a le temps d’apercevoir deux à trois fois par seconde une belle cascade, un joli saut ou un beau coup de pied, mais ça reste vraiment décevant par rapport à ce qu’un montage plus lisible aurait donné.


On oubliera aussi le côté dépaysement. Car si tout se passe à Bangkok, les petits gars qui commandent ont jugé que pour que le film soit tout public, mieux valait doubler tous ceux qui parlaient des langues asiatiques difficilement compréhensibles par les jeunes d’aujourd’hui (et les sous-titres, ça leur ferait sans doute trop de travail à lire ?). D’où tout le monde qui parle en français, pas franchement synchro, avec des voix qui ne correspondent pas franchement et un accent pour faire genre. Ceux qui vont habituellement voir les films en VF (honte à vous) ne seront peut-être pas gênés, mais ceux qui ont l’habitude de belles VO trouveront dommage d’avoir gommé les différentes langues qui ont été employées au tournage.
En conclusion, à part quelques plans impressionnants, et quelques cascades qu’on arrive à apercevoir, c’est quand même pas mal décevant. Un scénario mieux exposé et un peu plus de calme dans le montage des scènes d’action, et on aurait vraiment eu un autre film. Dommage.


A voir : pas franchement
Le score presque objectif : 5,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, pourquoi voir un divertissement qui ne divertit pas ?

Sébastien Keromen