The island en DVD : Entretien avec Thure Lindhart et Laëtitia Casta



A l’occasion de la sortie en DVD chez France Télévisions du film The Island, nous vous proposons la retranscription d’un entretien avec Thure Lindhart  et Laëtitia Casta.

À Paris, Sophie et Daneel, la trentaine, vivent une histoire d’amour fusionnelle.

Sophie décide d’organiser un voyage-surprise en Bulgarie. Daneel refuse de partir, mais Sophie insiste. À leur arrivée, elle découvre la raisondes réticences de Daneel : il est né et a grandi là-bas dans un orphelinat.

Après quelques heures sur des plages surpeuplées, Daneel embarque Sophie vers une île perdue au milieu de la mer Noire. Sur place, il découvre des tests de grossesse dans le sac de Sophie... La chaleur et le comportement étrange des rares habitants commencent à influer sur leur comportement; l’atmosphère de l’île exhume peu à peu des peurs cachées qui mettent leur amour à l’épreuve. Pour les surmonter, ils vont devoir faire un saut dans l’inconnu...»

Contenu du DVD
Film (1h46) + bande annonce
Langue : VO (français, anglais, bulgare), sous-titré français


Entretien avec Thure Lindhart

Comment avez-vous été amené à travailler sur le film ?

Mon agent à Los Angeles m’a fait parvenir le scénario, alors que j’étais en plein tournage d’un film allemand. J’ai été très intrigué par cette histoire fascinante et toujours plus surpris au fil de la lecture. Comme Kamen était à l’époque en Bulgarie et moi, dans le nord de la Norvège, nous nous sommes rencontrés sur Skype. Après de longues discussions relatives au film, à la spiritualité, aux gourous et à l’identité, nous avons décidé de travailler ensemble.

Au Danemark, vous êtes connu pour être un acteur aux mille visages. Est-ce que ce sont les multiples transformations de votre personnage qui vous ont convaincu d’accepter le rôle ?
Je pense d’abord beaucoup à ce qu’est le personnage et à ses motivations, plutôt qu’à la transformation physique que je vais opérer pour l’aborder. Cependant, il m’importe de sortir de moi quand je joue. Je m’efface au profit du personnage et c’est ce qui me permet de l’interpréter. Que Daneel change si radicalement de personnalité est fascinant, passionnant et provocateur.




Que représente l’extravagant Daneel pour vous ?
Il passe par une métamorphose douloureuse pour devenir ce qu’il est et se libérer de ses conflits. Il s’érige au rang de gourou mais il pourrait se laisser enfermer par ce statut, c’est pourquoi il se transforme de nouveau. Il représente la quête de tout un chacun pour s’affranchir du jugement d’autrui et de la souffrance. J’ai du m’interroger sur mes propres aspirations et sur ce que signifie vraiment la liberté pour arriver à comprendre son comportement.

Vous parlez couramment le danois, l’anglais, l’allemand, le suédois, le norvégien et avez des notions de français. Estce que votre multilinguisme a été un atout pour le rôle ?

Comme mon personnage parle le bulgare, j’ai du apprendre la langue. C’est de loin ce que j’ai eu à faire de plus excitant et de plus difficile jusqu’à présent, car je ne comprenais pas un mot lorsque j’ai débarqué à Sofia. Je parle d’autres langues donc j’ai l’habitude de m’adapter mais là, j’ai du faire l’apprentissage de sons et d’intonations complètement nouveaux et solliciter des muscles de ma langue dont j’ignorais l’existence.

Était-ce un challenge pour vous d’interpréter un personnage aussi caméléon ?
Incarner un personnage avec différentes personnalités est le rêve pour un acteur car vous êtes amené à appréhender tellement de facettes de la psyché humaine. Cela montre toute la profondeur et la diversité des individus : nous ne sommes pas que ce que nous pensons être, mais bien plus.

Quelle partenaire de jeu a été Laetitia Casta avec laquelle vous formez ce couple atypique ?
Laetitia est une incroyable comédienne qui se bat pour son personnage et pour le film comme une lionne. C’est une actrice accomplie et ce fut une expérience intense et fantastique de travailler avec elle.

 

Entretien avec Laëtitia Casta

Comment avez-vous décidé de travailler avec Kamen Kalev ?
C’était très étrange car j’ai lu son scénario et il m’était impossible de visualiser son film car son discours, très intelligent, très fort me semblait difficile à retranscrire par l’image. Je me demandais où on allait aller mais en sortant de notre rendez-vous, j’étais convaincue. Les vraies rencontres fonctionnent ainsi : l’évidence a pris le pas sur tous mes questionnements.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans son histoire ?
Sa sensibilité. Son récit m’a ramenée à des sensations, à des émotions personnelles. J’ai pu les ressentir à différents moments de ma vie, même une minute, mais c’était suffisant pour avoir envie d’en parler. L’histoire de cette femme, capable par amour d’entendre et d’écouter l’autre, de s’ouvrir pour lui, m’a touchée.





Comment avez-vous abordé l’évolution de votre personnage ?
Mon personnage, au début, fait preuve de passivité et j’interpellais Kamen Kalev à ce sujet, en lui disant que Sophie devait réagir. Il m’invitait alors à être à l’écoute, à ne pas me rebeller pour que ce soit touchant. Mais j’ai un tempérament vif et je démarrais au quart de tour. Il y a eu, de fait, des moments de tempête sur le tournage. Mais finalement, explorer un personnage à l’opposé de moi était très intéressant. Cet amour, cette douceur sont très beaux à jouer.

Cette femme découvre qu’elle ne connaît pas l’homme qu’elle pensait cerner. Il s’enferme dans son mutisme, bien qu’elle l’invite à verbaliser ses tourments. Elle le voit sombrer dans la folie mais ne veut pas qu’il l’entraîne. À cause de ses idées de couple très formatées, Sophie ne parvient plus à le suivre. Lui évolue mais elle, elle se heurte à ses conceptions rigides de l’amour. Elle va apprendre à laisser l’autre vivre, à lâcher prise. Plus tard, elle décide de comprendre, en partant à sa recherche et finit par être inspirée par Daneel.

Comment Kamen Kalev vous a-t-il accompagnée dans ce processus de transformation ?
Kamen fonctionne sur l’instant, le vif et n’aime pas la technique chez l’acteur. Il aime le jeu instinctif. Nous étions sur la même longueur d’ondes de ce point de vue-là. Je me suis battue pour mon personnage et lui-même a reconnu à la fin du tournage qu’il ne pensait pas que mon personnage allait devenir ce qu’il est. J’ai contribué à le faire évoluer, en me fiant à mon instinct de comédienne. J’ai beaucoup aimé tourner la partie sur l’île car à ce moment-là, il y a une légèreté et une spontanéité qui entourent mon personnage. Le couple vit d’amour et d’eau fraîche, il est seul au monde. L’île dégage quelque chose de brut et de sauvage. Kamen est à son image.

Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
Au moment où j’ai accepté de faire le film, j’avais vraiment besoin de me laisser embarquer. Tout ce que vit mon personnage sur l’île, ce qu’elle explore de la nature humaine ont trouvé une résonance chez moi.