Les robots d’Asimov, le cinéma d’Alex Proyas, l’action de Will Smith. La formule était prometteuse. Le film, véritable mixed-griled du cinéma de SF, l’est nettement moins.
Titre original : I, robot
USA, 2004
Réalisateur : Alex Proyas
Acteurs : Will Smith, Bridget Moynahan, Bruce Greenwood, James Cromwell, Alan Tudyk
Adapté des romans d’Isaac Asimov
Durée : 2h
L’histoire
En 2035, le détective Spooner a horreur des robots. Une véritable haine. Ainsi, lorsque l’une de ses enquêtes semble désigner un robot comme le meurtrier, il choisit d’ignorer les lois de la robotique censées empêcher qu’un robot ne blesse un humain, et part en quête de la vérité sur ces robots.
Après The Crow, un peu vide mais à l’ambiance gothique exemplaire, et le génial Dark City, on pouvait attendre beaucoup d’Alex Proyas. En adaptant Asimov, il y avait de quoi faire du scénario et du grand spectacle. Autant de raison de regretter ce film. Ah bah oui, désolé pour le suspense de la critique, mais I, robot est super décevant. Tout n’est pas à jeter, et on sauvera quelques plans superbes et impressionnants, tels le combat final qui défie les lois de la verticalité (autant pour les personnages que pour la caméra) ou la poursuite à l’usine de robots. Le design et l’ambiance futuriste sont également plutôt réussis, avec, comme pour Minority report, la description d’un futur " probable " ou " possible ". La mise en scène est fluide et honnête, même si quelques effets à la Matrix sont trop appuyés pour être honnêtes. Côté effets spéciaux, on a droit à du bon boulot comme on en fait maintenant. Les robots, notamment, ont un design réussi. Leur représentation en images de synthèse reste crédible, mais il leur manque un peu de " matière " pour être tout à fait convaincants.
Le scénario pose problème : il n’est pas mauvais, mais finalement, vu qu’on a compris (avant même de rentrer dans la salle) que ça finira en Will Smith contre les robots, l’intrigue policière et l’échafaudage autour des lois de la robotique restent annexes à l’action, au lieu de lui servir de base. Et surtout, le problème du scénario est de rappeler un grand nombre d’autres films. Bien sûr, difficile de faire du neuf à chaque fois, mais là c’est un tel festival de repompe et inspirations dans tous les sens qu’on passe son temps à se dire " tiens ça me rappelle machin ou truc ". C’est aussi le lot quand on adapte un " vieux " livre qui a tellement inspiré, car une bonne partie des films qu’il rappelle venaient sans doute déjà d’Asimov. On retrouve un peu des Robots (notamment les 3 lois), et de la fin du cycle Fondation, mais on y retrouve aussi, pêle-mêle (pour ce que j’ai reconnu) : Matrix (notamment Seconde renaissance dans les Animatrix), Terminator, A.I. intelligence artificielle, Tron, Blade runner, l’Attaque des clones, tous les films de zombies ou aliens où le héros tente de convaincre tout le monde que l’invasion est proche, Resident evil, et même un épisode de Yoko Tsuno. On pense également à Star Trek Next Generation et le personnage de l’androïde Data, avec lesquels avaient été abordés, et tellement mieux, les thèmes des émotions ou de l’esclavage des robots. Soit au final une impression continuelle de déjà vu.
Le reste du film n’aide pas. L’interprétation est particulièrement désastreuse (même si les personnages n’étaient déjà pas bien fouillés) : entre un Will Smith qui joue du Will Smith avec des répliques qui ne font mouche qu’une fois sur dix, et une Bridget Moynahan qui passe son temps à pleurnicher, faites votre choix. Dommage, le héros partait sur de bonnes bases (un flic qui déteste les robots, quasiment un raciste anti-robots, joué par un noir, c’était un point de départ intéressant), mais finit bien sûr par retomber dans le " je suis gentil, je cours vite, et je gagne ". Carton rouge pour la musique, qui oublie de souligner l’action, mais qui n’oublie jamais l’emphase sur des plans d’une lourdeur extrême (en général au ralenti), pour que tout le monde comprenne bien le symbole, oui, même l’Américain un peu lent au fond de la salle. Si on ajoute des product placements rarement aussi peu discrets, des dialogues très ternes, et des scènes d’action pas mal faites mais pas vraiment impressionnantes, vous comprendrez que le compte n’y est pas.
A voir : si vous êtes fana de SF, et encore non, parce que justement vous aurez déjà vu tout ce le film a repompé
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, déçu
Sébastien Keromen