Aussi adoré par certains que détesté par d’autres, Claude Lelouch laisse rarement indifférent. Cette fois-ci encore, il cherche la controverse en faisant une trilogie appelée pompeusement Le Genre humain. Réunissant comme toujours un casting somptueux et original, le film ne manquera pas d’avoir à nouveau ses supporters et ses détracteurs.
Le Genre humain, première partie : les Parisiens
France, 2004
Réalisateur : Claude Lelouch
Acteurs : Maïwenn, Mathilde Seigner, Alessandra Martines, Arielle Dombasle, Agnès Soral, Massimo Ranieri, Michel Leeb, Ticky Holgado, Francis Perrin, Pierre Santini, Gregori Derangère, Cristiana Reali, Antoine Duléry, Cyrielle Claire, Charles Gérard (dans un petit clin d'oeil), Richard Gotainer (mais oui!), Xavier Deluc, Alexandra Kazan, Salomé Lelouch
Musique de : Francis Lai
Durée : 2h
Le Genre humain, deuxième partie : le Bonheur, c’est mieux que la vie, prévu pour dans environ 3 mois
Le Genre humain, troisième partie : les Ricochets ou la légende des siècles, prévu pour dans environ 6 mois
L’histoire
Pas une histoire, mais plein. Trop. Principalement l’ascension et la chute d’une chanteuse et de son compagnon, mais aussi plein de couples qui s’aiment ou pas. Un scénario à la Lelouch, quoi (sans aucune connotation négative)
Déjà que c’est jamais facile de parler d’un Lelouch, voilà qu’il s’agit du premier épisode d’une trilogie ! Tout ce que je vais pouvoir raconter ici doit donc être modulé selon deux axes. Tout d’abord, je suis en général fan de Lelouch, pas inconditionnel, mais tout de même au point d’aimer Il y a des jours et des lunes, Hommes femmes mode d’emploi ou And now ladies and gentlemen. Voyez par rapport à vos goûts. Ensuite, l’intérêt du film pourra se trouver augmenté ou mis à mal par les deux autres épisodes, à suivre dans 3 et 6 mois. Si les Parisiens peut être considéré comme complet, il n’en reste pas moins un bon nombre de personnages laissés au bord du scénario et qu’on retrouvera dans les autres opus.
Tentons donc de juger le film pour lui-même, il y a déjà assez à en dire. La première chose à dire est qu’il est déconcertant. Parce que c’est à la fois du Lelouch et pas du Lelouch. De là à dire que certains fans pourront ne pas aimer, et qu’au contraire certains réfractaires aimeront, ça me semble bien possible. D’un côté, on retrouve de Lelouch sa direction d’acteurs particulière, et une histoire éclatée entre plein plein de personnages. Mais cela ne concerne en fait que la première moitié du film. Et cette première moitié est déjà assez atypique par rapport à son style habituel. Les prises de vue sont plus spontanées et moins léchées, et le rythme est surtout assez soutenu. On enchaîne en 1h la revue d’une vingtaine de personnages, passant de l’un à l’autre comme dans une course de relais. Ce qui dynamise un peu l’histoire, au détriment d’avoir le temps de connaître les personnages.
A cette occasion, Claude Lelouch embarque beaucoup de " nouveaux " acteurs, n’ayant pas tourné avec lui. Tant mieux pour le sang neuf, tant pis pour leur relatif manque d’inspiration lors des improvisations. Certaines de ces scènes s’étirent d’ailleurs un peu au-delà du raisonnable, sans nous apprendre grand chose sur les personnages. D’autres scènes font un peu tache, soit par leur facilité, soit par leur vulgarité. Le tout baigné dans une ambiance musicale jazz/variété pas mauvaise (même si ce n’est pas un style je j’aime vraiment), mais assez envahissante. Bref, au bout d’une heure, on se dit que le dernier Lelouch, c’est comme les anciens, mais en plus vite, en moins divertissant, en moins bien joué, en moins bien tout court.
Et au milieu du film, le film change. Complètement. On laisse quasiment sur le trottoir les histoires de 17 personnes sur 20, pour se concentrer sur le trio de tête. Le chanteur italien doué qui a été abandonné par sa compagne et co-interprète en quête de gloire, et qui s’est consolé dans les bras d’une serveuse. C’est pas que l’histoire soit passionnante de prime abord, mais au moins elle est traitée en profondeur. Et puis voilà que tout rebascule pour tomber dans un trompe-l’œil pas inédit mais très intéressant. Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher la surprise (mais bon, c’est pas une surprise incroyable, c’est pas un Shyamalan quand même), mais la fin du film est assez passionnante.
Voilà, difficile de se faire une opinion, et donc encore plus de vous en parler, quand le film cumule la Lelouch touch, le manque de vision globale sans les deux autres opus, et une rupture nette de ton en plein milieu. En n’oubliant pas que mon sentiment est influencé par une fin réussie (on reste toujours sur les dernières impressions), je dirais que Les Parisiens est intéressant à voir, même s’il ne plaira pas à tous, même s’il y a du déchet. Et même si Lelouch oublie assez complètement de filmer Paris ! En tout cas, je suis assez impatient de voir la suite pour comprendre où Lelouch veut vraiment en venir.
A voir : plutôt oui, mais difficile de dire si ça va vous plaire
Le score presque objectif : 7/10, à revoir à la hausse ou à la baisse selon les deuxième et troisième parties
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, je dirais bien +2, mais vous pouvez aussi détester et après vous m’en voudrez
Sébastien Keromen