Blu-ray Ultra HD / 4K : premières impressions



Voilà, presque 20 ans après l’apparition du DVD (ha oui!) et 10 ans après l’introduction du Blu-ray voici qu’est enfin arrivé le Blu-ray Ultra HD / 4K. Disques et lecteurs sont en fin sur les étagères des commerçants les plus pointus et peuvent permettre de profiter de son home-cinéma dans des conditions visuelles sans précédent.

Par Bruno Orrù

Petits rappels
  • Un diffuseur (téléviseur, moniteur informatique ou vidéo projecteur) Full HD présente une résolution d'affichage de 1920 x 1080 pixels (1080p). Un diffuseur Ultra HD (UHD / 4K) proposent présente une résolution d'affichage de 3840 x 2160 Pixels (2160p).
  • En définition horizontale on voit donc qu’on double en passant de 1080p à 2160p. Ceci dit la notion de 4K tient à ce que le nombre de pixels à l’écran est 4 fois supérieur car 1920 * 1080 = 2.073.600 pixels et que 3840 * 2160 = 8.294.400 pixels. 8.294.400 / 4 = 2.073.600. Sachez cependant que techniquement parlant la 4K est 4K est un format pro qui se structure sur  8.847.360 pixels, et c’est donc légèrement supérieur à la déclinaison grand public Ultra HD.
  • Deux conséquences principales : Une définition visuelle accrue (aspect technique) et la possibilité, toute chose égale par ailleurs, de pouvoir se rapprocher de l’écran pour avoir la sensation d’un plus grand écran sans déceler un effet de grille de pixel (aspect pratique).


 

Les contenus Ultra HD / 4K ne sont pas nombreux. C’est vrai.
  • Ils peuvent être issus d’une capture personnelle via une GoPro 4, un caméscope Ultra HD ou encore un APN reflex.
  • Ils peuvent être issus d’un contenu de plateformes vidéo comme YouTube. Cela se limite cependant à quelques bande-annonces ou des contemplations visuelles de villes ou décors naturels.
  • Ils peuvent être issus de la plateforme par abonnement NetFlix qui propose quelques films et ses séries récentes en Ultra HD. Faut-il avoir un débit suffisant, sachant que l’opérateur encode ses contenus avec de nouveaux formats de compression qui permettent d’en profiter même sans être équipé de la fibre optique. Profitez du mois gratuit pour faire un test, comme moi vous pourriez être agréablement surpris.
  • L’apparition des Blu-ray Ultra HD est donc l’opportunité d’avoir chez soi une source de qualité.


 




A ne pas négliger.
Pour cela il ne faut pas négliger certains points o-bli-ga-toires, en dehors d’avoir quelques euros à dépenser.
  • Vous devez posséder un téléviseur compatible. Il est compatible Ultra HD / 4K (2160p) et dispose d’au moins un port HDMI supportant le protocole HDCP 2.2. Dans le cas contraire vous n’aurez accès qu’à la couche Blu-ray (1080p).
  • Idéalement votre téléviseur est compatible HDR. En dehors de l’apport en résolution c’est le second argument solide pour basculer en Ultra HD. Le High Dynamic Range permet en effet d’élargir la dynamique visuelle. C’est perceptible surtout sur les contrastes, plus solides et plus profonds, et les couleurs, plus riches et plus nuancées. L’image semble ainsi plus réaliste du fait que les valeurs maximales de noir et de blanc affichables sont élargies. La technologie se rapproche des capacités de l’œil humain. Attention, seules les gammes 2016 sont parfaitement compatibles HDR.
    Vous pouvez guetter le logo « Ultra HD Premium » vous garantissant une parfaite compatibilité. Petite astuce, il est fort probable que votre smartphone dispose d’une option HDR quand vous prenez une photo. Ce n’est pas tout à fait la même chose mais l’esprit est bien là… regardez la différence entre une capture photographique classique et en activant l’option HDR. Pas mal non ?
  • Idéalement votre téléviseur supporte l'espace colorimétrique Rec.2020. C’est le troisième argument solide pour justifier votre engagement Ultra HD / 4K. L’opportunité de profiter d’une gamme colorimétrique plus dense et plus large car l’encodage est réalisé sur 10 bits et non plus 8 bits. Cette option n’est pas standardisée et son appellation diffère selon les constructeurs.
  • Vous devez posséder l’un des deux lecteurs Blu-ray Ultra HD / 4K disponible en ce beau printemps 2016. Le Panasonic DMP-UB900 revêt un habit haut de gamme avec une étiquette à un peu moins de 900€. Plus abordable, le Samsung UBD-K8500 s’échange à 499€. Sans aucun doute le meilleurs compromis pour débuter à moins d’être exigeant sur l’audio et préférer les options audiophiles du Panasonic. Il est intéressant de savoir que vous n’avez pas besoin de changer de câble HDMI.





  • Vous devez idéalement posséder un ampli-tuner audio-vidéo récent supportant le protocole HDCP 2.2 et laissant passer les informations HDR. Autant vous dire que l’appareil doit-être vraiment récent. Pas de panique cependant car les deux lecteurs disposent de deux sorties HDMI. La sortie principale permet d’envoyer audio-vidéo vers le téléviseur. La seconde sortie véhicule uniquement de l’audio qu’on enverra donc vers l’ampli-tuner qui, du coup, perd son rôle de centrale audio-vidéo sur cette source. Pas très grave cependant.
  • Vous devez être prêt à débourser 30€ pour chaque disque, c’est le prix moyen constaté pour cette inauguration Ultra HD / 4K  sur support optique. A noter que les protections contre la copie sont annoncées comme innovatrices et seront certainement difficiles à contourner. Quand on voir la déroute récente de Slysoft (AnyDVD) et la récente timidité de DVDfab qui indique ne pas avoir de solution de contournement vous pouvez considérer avec attention ce dernier engagement budgétaire.


 

Premières impressions
Je ne vais pas vous assommer par des kilomètres de justification pour ces premières impressions visuelles que je vous découpe en deux expériences.

A noter que pour la vidéo projection je suis équipé d’un Sony VPL-HW30ES qui me remplit un écran de 2,80 mètres de large. Pour le téléviseur il s’agit d’un modèle LG OLED EG960Vde 55 pouces. Les versions Ultra HD des films à ma disposition présentent les mêmes pistes sonores que les versions Blu-ray, je n’en parle donc pas aujourd’hui.

 
  1. Je passe de mon vidéoprojecteur full-HD à mon téléviseur Ultra HD.
  2. Je permute la lecture de la version Blu-ray HD à la version Ultra HD sur mon téléviseur Ultra HD.


 
  1. Le passage de la vidéo projection full HD à l’Ultra HD télévisuelle apporte incontestablement une belle claque visuelle. Evidemment la différence de technologie explique en partie les écarts d’expérience mais c’est surtout au niveau de la dynamique visuelle et du détail que les yeux se régalent sur le téléviseur. Franchement, il n’y a pas photo et la grande image de la vidéo projection peine à séduire plus que l’image Ultra HD (OLED) que je peux profiter.
  2. Permuter entre version Blu-ray full HD et Ultra HD est un exercice moins surprenant. Autrement dit, les écarts ne sont pas si perceptibles. Quelques gouttes de sueur plus loin il est heureusement possible de pointer le doigt sur telle zone de l’image ou de mettre en évidence des contours plus ciselés et des arrières plans plus détaillés et précis. Vraiment. Seulement voilà, cela ne génère pas un effet waouh instantané dans ces conditions. La faute certainement à ce "satané" téléviseur qui opère une mise à l’échelle et un traitement vidéo de pointe sur le Blu-ray !
  3. Ne négligez pas cette dernière remarque car d’évidence les écarts de perception entre Full HD et Ultra HD sont intimement liés à la qualité du diffuseur qui est utilisé. Par contre, si vous mettez de côté votre téléviseur Full HD actuel pour acheter un (bon) téléviseur Ultra HD vous aurez alors une expérience Ultra HD très perceptible. Est-ce cependant une bonne raison pour acheter une version Ultra HD d'un film plutôt que sa version « simple » Blu-ray ? La question est pertinente si vous avez face à vous une promo Blu-ray ou le film ne vous coûte que 8 ou 10€, ce qui est souvent le cas maintenant. Les versions Ultra HD seront certainement au prix fort pour quelques temps.


 

 

Quelle conclusion (temporaire) ?
Mettre en place une configuration Ultra HD chez soi est véritablement un gain visuel. Mais à quel prix ?
  • Si vous avez déjà votre équipement téléviseur et audio-vidéo compatible, je vous invite à marquer le pas quand que le catalogue s’enrichit, c’est à dire dans les semaines ou les petits mois à venir. Vous pourrez certainement profiter de promotions sur les lecteurs à l’automne ou pour les fêtes de fin d’année et considérer un coût d’entrée réaliste. Soyez sélectif sur les titres disponibles, la version Blu-ray à prix promo peut souvent faire très bien l’affaire, surtout si vous avez un téléviseur moyen/haut de gamme équipé d’un bon traitement d’image.
  • Si votre équipement actuel n’est pas compatible, je vous laisse juger par vous même si le renouvellement d’un téléviseur et d’un ampli-audio vidéo (+ l’achat du lecteur) est justifié. Surtout si votre équipement actuel est de qualité et vous satisfait. N’oubliez pas que les premiers lecteurs disposent d’une double sortie HDMI permettant de conserver son ampli audio-vidéo sans aucun problème. La question est donc uniquement de savoir si votre téléviseur est compatible et si vous souhaitez dépenser de l’argent dans un lecteur ultra HD. 500€ (avec le lecteur Samsung) c’est une somme mais cela reste accessible, peut-être à l’occasion d’un anniversaire ?
  • L’achat d’un vidéo projecteur UHD nous amène dans des enveloppes budgétaires assez importantes, si vous avez les moyens allez-y car c’est quand même une très belle expérience d’avoir une image Ultra HD sur quelques mètres de base. Le rapport qualité / prix actuel n’est pas intéressant vis à vis des disques Ultra HD.


 

Quelques repères de démo

Ci-dessous la liste des titres avec lesquels j'ai pu forger ces premières impressions.

 

San Andreas (Warner) : La séquence de sauvetage d'Emma à 40". Elle offre de superbes plans larges (l'hélicoptère de Ray en plein milieu est d'un orange plus dense et plus vif. D'autres plans permettent de profiter d'un niveau de détail important sur les structures d'immeubles qui se désagrègent. Des gros plans de visages également pour des textures de peau plus détaillées.

 

Lego aventure (Warner) : Le seul film d'animation disponible actuellement en Ultra HD (image 2160p encodée en HEVC / H.265. Il présente des surfaces de Lego quasiment identique. Certes les couleurs sont très légèrement plus pimpantes mais on peut croire que c'est un effet HDR et non pas une qualité accrue. On peut aussi déceler en fronçant vraiment les yeux des effets d'ombre un poil plus nuancés. A noter cependant que la découverte de la relique à 9" permet de profiter d'une dynamique visuelle accrue, notamment pour ce flash qui tire très haut dans les couleurs vives. Cela ne justifie pas cependant à prix fort l'achat spécifique de cette version Ultra HD si vous avez déjà la version Full HD. Critique complète de la version Ultra HD en suivant ce lien.

 

Seul sur mars (FOX) : Le film offre de nombreux plans extraordinaires de Mars. Ceux nous laissant découvrir la désolation du camp après la tempête à 10"10 sont un parfait exemple de l'apport Ultra HD. Le lent travelling permet d'apprécier un fabuleux décor avec beaucoup de détails sur les montages au loin et les monticules de sable en premier plan. Des structures métalliques qui sont légèrement mieux définies.

 

Mad Max fury road (Warner) : Le film entier est une démo. L'image (encodée en HEVC / H.265 - 2160p) est encore plus ciselée, notamment dans les plans larges mais dans l'ensemble la définition ne diffère pas tant que cela de la version Blu-ray. La profondeur de champ semble cependant un peu plus profonde, notamment car le détail des arrières plans est mieux défini, sans parler du ciel dont on perçoit en UHD légèrement plus de nuance, certainement l'effet principal du HDR, en dehors de couleurs plus solides.
Est-ce également l'effet du HDR (certainement) ? Les nombreuses flammes du films semblent moins réelles, dans le sens ou l'on ressent plus qu'elles sont issues d'une image CGI ajoutée. Bon, c'est quand même pas très visible mais un oeil averti pourra le voir sans trop froncer du sourcil.
Pas de grandes différences donc entre la version Full HD et Ultra HD. Le fait que le master vidéo soit en 2K est sans doute une des raisons majeures du peu d'écart. Notons que c'est malheureusement le cas de la plupart des films, les masters réels 4K étant relativement rares.
 en suivant ce lien.

 

La 5ème vague (Sony) : Une version Ultra HD de qualité avec beaucoup de détail dans les plans larges. Un peu de déception sur certains plans sombres dont j'aurais aimé plus de nuances dans les zones grises. Des couleurs vives et solides cependant lors des explosions en plein jours. A noter que je n'ai pas eu de version Blu-ray pour comparer sur ce film.