Adapter Arsène Lupin au cinéma, voilà qui peut laisser présager un bon film. Un film français d’action, super. Ben non.

Arsène Lupin
France, 2004
Réalisateur
 : Jean-Paul Salomé
Acteurs : Romain Duris, Kristin Scott Thomas, Pascal Greggory, Eva Green, Robin Renucci, Marie Bunel
Adapté des romans de Maurice Leblanc
Durée : 2h10

L’histoire
Arsène Lupin est enfant. Il aide son père à voler un collier, mais son père est assassiné. Arsène Lupin est jeune homme. Il détrousse quelques femmes riches sur un bateau, retourne voir sa mère… et là le scénario devient bien trop compliqué à raconter.


C’est toujours un exercice risqué d’adapter un livre, et encore plus une série de livres, aussi connu que celui-ci.
Heureusement, le suspense est de courte durée : Arsène Lupin (le film) n’a rien pour lui. Après un début assez mou et ennuyeux, le film va tenter pendant 2 heures de vous intéresser à tellement de questions et de pistes que le spectateur abandonne après le premier quart d’heure. C’est quoi ces crucifix avec un mystère ? Qu’est-ce qu’on gagne au bout ? Est-ce que la comtesse est vraiment centenaire ? Qui a tué le père de Lupin ? Arsène épousera-t-il sa cousine ou la comtesse ? Que vient faire un descendant royal dans l’histoire ? Qui est ce mystérieux tueur ? Et c’est quand qu’il fait un vrai cambriolage, Lupin ? Le scénario avance sur l’un ou l’autre des points au hasard et dans le désordre, en suivant des pistes tordues ou idiotes.
Sans oublier la psychologie des personnages, qui semble avoir étudiée avec soin pour défier toute crédibilité. Notamment, les deux " mystérieux ", qui selon les scènes sont super sympa et dignes de confiance ou abattent tout le monde. Bien loin de personnalités à deux faces, c’est soit de la schizophrénie soit des personnages mal écrits, rayez la mention inutile. Ce qui n’a toutefois pas l’air de troubler Arsène Lupin qui leur fera confiance à tour de rôle sans arrière-pensée. Les acteurs ont beau faire de leur mieux (de leur pas trop mal, dirons-nous), leurs personnages restent soit simplistes (Lupin, simpliste, c’est quand même le comble), soit incohérents. Et le film enfonce le clou avec de la musique grandiloquente, des dialogues très basiques et sentant parfois l’anachronisme, un montage aux effets (zooms, ralentis, plongées et contre-plongées, mon dieu tout ce qu’il y a comme plongées et contre-plongées dans ce film) totalement inutiles et déplacés, des effets spéciaux (avec des zooms, encore) pas très réussis et très visibles. Ne venez pas non plus pour l’action, assez rare à part quelques combats pathétiques (au moins c’est pas du kung-fu, mais c’est pas une raison pour que ce soit aussi mou du genou) et quelques explosions comme tant d’autres.


Au final, le film accumule les échecs.
Échec à dépeindre Arsène Lupin, même modernisé, car le jeune homme dépeint ici passe son temps à courir derrière l’histoire, au lieu de la devancer comme dans les livres. Échec narratif, j’avoue ne pas avoir en tête d’autre film avec un scénario aussi bourré de plein de trucs, inutiles pour la plupart (y a un mec avec un masque en métal, genre fantôme de l’opéra revu machiniste, et ça ne l’avance à rien). Échec sur la fin, avec un trésor mythique à pleurer de manque d’imagination, et un film qui n’en finit pas de rajouter des scènes dont on n’a toujours rien à battre ou qu’on a vues venir depuis plus d’une heure. Échec total, enfin, puisque le film, qui se voulait un divertissement, ne divertit pas une seconde. C’est moi qui vous le dit, et pourtant j’avais trouvé sympa le Belphégor précédent du réalisateur (et on n’était pas nombreux).

A voir : vraiment non
Le score presque objectif : 3,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -3, ennuyer avec autant de choses qui se passent, c’est un tour de force

Sébastien Keromen