Romance au tournoi de Wimbledon, l’accroche est prometteuse. Paul Bettany et Kirsten Dunst sont les héros de cette comédie originale, qui met en scène un sport quasiment jamais exploité au cinéma. Avis aux amateurs de tennis et de comédies romantiques.
La Plus belle victoire
Titre original : Wimbledon
USA, 2004
Réalisateur : Richard Loncraine
Acteurs : Kirsten Dunst, Paul Bettany, Sam Neill, Jon Favreau, Bernard Hill, et la participation de John McEnroe et Chris Evert
Musique de : Ed Shearmur
Durée : 1h40
L’histoire
Peter Colt va bientôt prendre sa retraite de joueur de tennis. Classé autrefois 11e, il pointe maintenant en 119e position. Son dernier Wimbledon pourrait s’achever rapidement, mais sa rencontre avec Lizzie Bradbury, petite prodige du tennis féminin, va lui redonner la rage de vaincre.
C’est l’histoire d’un réalisateur qui hésitait entre un film de sport et une comédie romantique, et qui a finalement décidé de faire les deux en même temps. Car même si le tout est cohérent, nous avons bien deux films dans le film. Le premier est un film classique de "miracle" sportif, version sport individuel. Le second est une comédie romantique classique, version pas trop de péripéties.
C’est la partie sportive la plus réussie. Sans révolutionner le genre, la Plus belle victoire (quelle traduction idiote du titre original, "Wimbledon") est très honnête. Première qualité : la reconstitution du monde du tennis, crédible de bout en bout. Tourné dans le vrai stade de Wimbledon, n’hésitant pas à faire appel à John McEnroe et Chris Evert en commentateurs sportifs, on est vraiment dans le bain. Les acteurs sont également très crédibles en joueurs de tennis, à la fois par leur attitude (ils ont été entraînés spécialement par Pat Cash) et leur personnalité. Que ce soit les deux héros, les autres joueurs ou leur entourage, tous sentent le vrai, et font d’ailleurs penser à certains joueurs du circuit.
Mettre en scène le tennis est très rare (j’avoue ne pas avoir d’autre titre en tête). Richard Loncraine s’y est attelé avec audace, et une conclusion s’impose : le tennis, ce n’est pas très cinématographique. Ce n’est pas faute d’avoir essayé tous les angles, vue subjective de la balle, ralentis et arrêts sur images, plans tournoyants, à grands renforts de bruitages genre wouffff et fjjuuuh, ça n’occupe pas l’écran. Les échanges restent assez peu spectaculaires en tant que plans cinématographiques, et également assez décevants en termes de tennis (les échanges ont beau avoir été trafiqués à l’ordinateur, les acteurs n’ont eu que 4 mois de formation). Si on ajoute que le suspense et l’implication du spectateur n’atteint pas le dixième du suspense d’un vrai match en direct (même à la télé) avec un joueur ou une joueuse qu’on soutient ardemment, on comprend que le tennis n’est sans doute pas bien adapté pour le grand écran.
Cependant, l’histoire du héros et de son ascension reste plaisante. D’abord parce Paul Bettany est attachant en joueur de tennis sur le retour (pour une fois que c’est pas l’histoire d’un petit jeune qui monte), auquel on s’attache d’autant plus qu’on entend ce qu’il pense. Bien sûr, toutes les ficelles de ce genre de film y passent, du morveux pas sympa qu’il affrontera en finale à son sparring-partner qu’il va devoir battre. Mais bon, à part le faire perdre au premier tour, il n’y avait sans doute pas beaucoup de péripéties originales à lui jeter en travers du chemin.
Côté histoire d’amour, c’est moins convaincant. Aussi charmants soient les deux tourtereaux, on n’accroche pas tout à fait à leur histoire, la faute à pas de début : ils se croisent, fleurtent tout de suite et 8 minutes après ils sont amoureux. Une relation sans l’excitation du début, c’est quand même un peu dommage. Une relation presque sérieuse, où ils ne se taquinent presque pas. Dans tout bon film romantique, on doit être content pour le couple. Ici, même s’ils vont bien ensemble, on se fout un peu de leur histoire. Surtout qu’elle semble être utilisée comme " explication " pour le retour en forme du héros : " Je suis amoureux donc j’ai la pêche donc je gagne au tennis ". Pas très convaincant. On ajoutera que les seconds rôles, qui se doivent d’être croustillants dans un tel film, n’assurent qu’à moitié leur quota. Si l’agent sportif du couple et le partenaire d’entraînement du héros sont très bien (sans oublier un petit ramasseur de balle sympathique), les autres personnages, et surtout les familles respectives, sont aussi caricaturaux que dénués d’intérêt. Dommage. On appréciera tout de même la montée en ampleur du baiser final, qui, après celui de Coup de foudre à Notting Hill, devant un parterre de journalistes, ou de Love actually, devant toute une salle, se déroule maintenant devant tout le court central de Wimbledon ; ça va être dur de mettre encore plus de gens à l’écran !
Finalement, on n’a pas 2 films en 1, mais plutôt 1,5 film en un. Un film honnête d’exploit sportif, sans surprise mais enthousiasmant, et une demi histoire d’amour sans fraîcheur (malgré la présence de Kirsten Dunst, aussi irrésistible que d’habitude). Le tout dans un film honnêtement emballé, mise en scène tranquille et matches de tennis du mieux que possible mais ça reste juste, musique pas très réussie, interprétation honnête, pas de temps mort mais un rythme un peu mou. Soit un petit film plutôt recommandable mais pas incontournable.
A voir : parce que des films dans le milieu du tennis, c’est denrée rare
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, sympathique mais on aurait pu espérer mieux
Sébastien Keromen