Contrairement à l’aspect anecdotique dont est traitée la nouvelle, par les médias français, le dernier géant d’Hollywood et de son âge d’or vient de nous quitter. Kirk Douglas est mort la nuit dernière à l’âge remarquable de 103 ans.
Né le 09 Décembre 1916 à Amsterdam, Kirk Douglas, de son vrai nom Issur Danielovitch Demsky, n’avait d’yeux que pour le cinéma. Comme il le répétait lui-même, il rêvait, depuis sa plus tendre enfance, de jouer au cinéma, de pouvoir exprimer des émotions et jouer des rôles différents. Et lorsque l’on veut citer une carrière remarquable, on ne peut citer que celle de ce géant d’Hollywood qui a su trouver la voie du succès grâce à Lauren Bacall (Le Port de l’angoisse) qui l’aida à passer son premier essai pour un rôle dans « L’emprise du Crime » de Lewis Milestone (1946). Le comédien, qui a déjà 30 ans, va se faire remarquer et ainsi enchaîner avec des films de plus ou moins grande qualité, jusqu’à trouver le succès et la reconnaissance en 1950 avec « Le Champion » de Mark Robson. Cette histoire d’un boxeur refusant de se laisser corrompre, va permettre à l’acteur de pouvoir choisir ses projets et de trouver sa place dans le cœur du public, charmé par sa fossette au menton et son incroyable carrure. Ce rôle lu vaudra sa première nomination aux Oscars. Dès lors il enchaîne avec d’autres films au succès public rarement démenti et sera même encore nominé deux fois aux Oscars. En 1952 pour « Les Ensorcelés » et en 1955 avec « La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh ». Deux films de Vincente Minelli, mais qui ne suffiront pas à l’acteur pour obtenir sa statuette.
Acteur physique au corps d’athlète, Kirk Douglas, va, le plus souvent choisir des rôles qui vont mettre en valeur sa carrure et son visage reconnaissable à sa fossette et son sourire, un peu goguenard, qui sera sa marque de fabrique. De la même manière que Burt Lancaster, son ami, avec qui il a tourné, notamment, en 1948 : « L’homme aux Abois » sous la direction de Byron Haskin, ou encore « Règlement de compte à OK Corall » de John Sturges en 1957, il va choisir des rôles qui le mettront en valeur. Si sa première partie de carrière enchaîne beaucoup de Western, c’est à partir de 1954, que Kirk Douglas va la prendre en main.
Devenu un acteur important, il va fonder sa société de production Bryna Productions, qui deviendra par la suite Joel Production (Les prénoms de sa mère et de son premier fils). C’est sa casquette de producteur qui va faire naître une nouvelle facette de l’acteur : celle d’un homme social et humain qui se battra toute sa vie pour ce qu’il juge juste et bien fondé. En 1960, alors que Hollywood continue d’alimenter et d’entretenir sa Blacklist (Liste Noire) issue de la chasse aux sorcière ou Maccarthysme (La peur Rouge), instiguée par le très déplorable sénateur Joseph Mc Carthy, qui profita de la peur du communisme et de l’ombre d’une attaque nucléaire par le voisin soviétique, pour évincer tous les auteurs, acteurs et réalisateurs suspectés d’être communistes, l'acteur va user de son pouvoir pour s'opposer à la chasse aux sorcières.
Une Chasses aux sorcières dont Dalton Trumbo fut l’une des plus célèbres victimes. Le scénariste mis à l’écart de la cité californienne signa sous un faux nom un scénario magistrale « Les Clameurs se sont tuent » réalisé par Irvin Rapper en 1956, pour lequel il reçut un oscar sous le pseudonyme de Robert Rich, fut remarqué par l’acteur producteur. Et si le réalisateur Otto Preminger avait commencé a réhabiliter le nom du scénariste, c’est Kirk Douglas qui va définitivement faire exploser en morceaux la liste noire d’Hollywood en imposant Trumbo à l’écriture du scénario de « Spartacus » que prépare Stanley Kubrick en 1960.
Dés lors grâce à sa société de production, Kirk Douglas va mettre en avant des idées anticonformistes, comme avec « Les Sentiers de la gloire » également de Stanley Kubrick en 1956. Une œuvre anti-militariste qui fit débat dans la bien pensée de l’Amérique conservatrice des années 50. Il voudra produire également l’adaptation au cinéma d’une pièce dont il avait interprété le rôle principal au théâtre : « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Milos Forman (1975), mais dans l’impossibilité, il en cédera les droits à son fils Michael.
Force de la nature, il avait échappé à un accident d’hélicoptère en 1991, à un AVC en 1994 et enfin à une crise cardiaque en 2001. Un destin exceptionnel, une carrière remarquable et une humanité indéniable, Kirk Douglas vient de tirer sa révérence et le monde artistique de perdre son dernier monstre sacré.