Après avoir réalisé un court-métrage intitulé 2 minutes 36 de bonheur et de nombreux clips pour des artistes tels que MC Solaar, Pascal Obispo, Dany Brillant… Gilles Lellouche et Tristan Aurouet réalisent leur premier film, Narco. S’appuyant sur un casting impressionnant, le film raconte l’histoire d’un homme atteint de narcolepsie, maladie qui le pousse irrésistiblement à s’endormir à tout moment.

Narco
France, 2004
Réalisateur
 : Gilles Lellouche, Tristan Aurouet
Acteurs : Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Zabou Breitman, François Berléand, Jean-Pierre Cassel, Guillaume Gallienne, Léa Drucker, Gilles Lellouche, Lionel Abelanski, Mélanie Doutey, Diane Kruger, Philippe, Lellouche, François Levantal, Alexis Tomassian, Olivier Doran, Jacques Zabor, Odile Mallet, Marc Citti, Thomas Jouannet, Smadi Wolfman, Sinclair, Jean-François Gallotte.
Musique de : Sébastien Tellier
Durée : 1h45


L’histoire
Depuis tout jeune, Gustave Klopp a la fâcheuse tendance à s’endormir de façon abrupte : il est narcoleptique. Dans ses rêves, Gustave devient Klopp, un super-héros prenant de multiples formes. Mais ses fréquentes crises de sommeil sont un véritable handicap pour sa vie professionnelle. Alors, sur les conseils de sa femme Pam, qui tient une onglerie, Gus décide de suivre une thérapie de groupe. Samuel Pupkin, son psy, ne tarde pas à découvrir que Gus transforme ses rêves en bandes dessinées.

L’exercice du premier film, on le sait, est toujours périlleux. On y retrouve bien souvent une volonté de trop vouloir en faire. Et autant le dire tout de suite, Narco n’y échappe pas. En effet, sous des aspects de comédie, le film brasse finalement plusieurs genres (on lorgne parfois du côté du thriller ou du drame) et il se révèle beaucoup plus riche qu’on l’aurait imaginé. Plutôt une bonne nouvelle me direz-vous. C’est ce qui fait à la fois la force et la faiblesse du film.


Première chose, la réalisation est de très bonne facture. Elle regorge de trouvailles, de plans bien sentis et s’inspire aussi grandement du cinéma américain (The Big Lebowki, la valse des pantins…). La petite ville où vit Gus fait ainsi immédiatement penser à ces petites villes américaines bien tranquilles que l’on peut voir généralement. Certains lui reprocheront peut-être un côté « clippesque » mais le tout reste cohérent avec l’univers du film.
Le film doit beaucoup à sa distribution éclatante. Guillaume Canet a rarement été aussi bon et sa performance mérite d’être soulignée (il a d’ailleurs pris quelques kilos pour l’occasion). Une nouvelle fois, Benoît Poelvoorde nous gratifie d’une interprétation comme il sait si bien le faire. Le rôle a été écrit pour lui et ça se sent. Comme à son habitude, il incarne un personnage imbu de lui-même, orgueilleux mais également sensible et humain. Il compose un personnage tantôt hilarant, tantôt émouvant et certaines de ces répliques font mouche et risquent très vite de devenir cultes. Zabou Breitman, en femme désabusée aspirant à une vie meilleure, contrebalance parfaitement avec le personnage de Canet. On pourrait parler de François Berléand dans la peau d’un comique raté reconverti dans l’édition, à la fois odieux et touchant ou de Guillaume Gallienne en psy prêt à tout et de quelques autres tout aussi croustillants mais le mieux reste encore de les découvrir sur l’écran.


Tous ces personnages n’aspirent qu’à une seule chose, réaliser leur rêve. Et c’est ce qui les rend attachants même si certains sont prêts à tout pour l’atteindre. C’est là où le film en surprendra plus d’un car celui-ci bascule pratiquement dans le drame. L’humour devient de plus en plus noir au fur et à mesure de l’histoire et la fin pourrait en rebuter quelques-uns. Si bien que l’on sort de la salle sans réellement savoir sur quel pied danser. Alors oui, le film est avant tout très drôle mais il ne l’est pas autant que souhaité. Si la narcolepsie est propice à mettre en scène des situations décalées et cocasses, cela s’essouffle très rapidement et une baisse de régime se fait sentir dans sa seconde partie.
Au final, Narco est tout de même une belle surprise. Sa réalisation au cordeau, son casting sur mesure et son scénario original comme on en voit rarement dans le cinéma français ; tout cela apporte une fraîcheur à ce dernier qui lui fait beaucoup de bien. Le film est bien plus qu’une simple comédie et c’est tant mieux. Seulement, d’un autre côté, le contraste entre les deux parties du film peut choquer, on aurait aimé qu’il insiste plus fortement sur l’une ou l’autre et on a alors l’impression que le film n’est pas toujours totalement maîtrisé.

 

A voir : si vous ne résistez pas à Poelvoorde.
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, pour un premier film, c'est quand même un joli travail.

 

Christophe Butelet