Il y a des moments où le métier de chroniqueur revient en une longue litanie de nécrologie empreinte de tristesse et de nostalgie. Et cette année 2020, en plus d'avoir été marquée par une pandémie, se trouve être l'une de celle qui aura vu partir un très grand nombre de noms marquants du cinéma français et international. Comme si la maladie qui a endeuillé la planète ne suffisait pas, il a fallu, également, que le temps continue irrémédiablement son sinistre ouvrage pour que ces lignes soient à nouveau noircies d'une sombre nouvelle.
Réalisateur atypique, Joel Schumacher en avait fait son credo. D'abord, costumier, notamment chez Woody Allen (Woody et les Robots (1973)), l'homme qui avait signé le scénario de « St Elmo's fire » (1985) en prit la direction et se lança ainsi dans une carrière de réalisateur qui allait marquer, dans l'histoire Hollywoodienne. Si son premier film eut un petit succès, c'est avec « Génération Perdue » en 1987, que Joel Schumacher va marquer durablement les esprits. Un film, dans lequel le réalisateur va se réapproprier le mythe du vampire et le dépoussiérer, au point de devenir l'une des références notoires pour ceux qui veulent sortir du chemin balisé des histoires de suceur de sang.
Suivront ensuite des grands succès comme « Cousins » en 1989, sur une romance contrariée, « L'expérience Interdite » avec Julia Roberts (Pretty Woamn) et Kiefer Sutherland (24 heures Chrono) en 1990, où des étudiants en médecine veulent savoir ce qu'il y a après la mort, « Le Choix d'aimer » en 1991, encore avec Julia Roberts, cette fois-ci un drame sur fond de romance entre une garde malade et son patient. Le réalisateur sait se faire éclectique dans ses choix et obtient l'un de ses plus gros succès avec « Chute Libre » en 1993, lorsque Michael Douglas (Wall Street), homme simple et tranquille va subitement « péter les plombs » faisant des ravages dans sa ville.
Mais beaucoup se souviendront également que Joel Schumacher s'était attiré les foudres des critiques et des fans lorsqu'il avait, en 1995, reprit la direction de Batman après Tim Burton. Il lui avait été reproché, dans un premier temps, le choix de Val Kilmer (Willow), alors star sur le déclin, pour reprendre le costume, porté jusqu'alors par Michael Keaton (Beetlejuice), que les critiques trouvaient trop fade et pas assez charismatique. Mais, surtout, le réalisateur commit le plus grand des crimes, aux yeux des fans, en faisant mettre des tétons sur les armures de « Batman et Robin », dans le film du même nom en 1997 et d'avoir suggéré une relation intime entre les deux héros.
Enfin le dernier grand fait d'arme du réalisateur sera en 2002, avec « Phone Game », un film, au départ, envisagé par Alfred Hitchcock, qui renonça, estimant qu'un film sur un type au téléphone n'intéresserait personne, et qui, dans les mains du réalisateur, fut l'un des plus gros succès de l'année et propulsa durablement la carrière de Colin Farell.
Joel Schumacher souffrait depuis un an d'un cancer, il est décédé paisiblement aujourd'hui à l'âge de 80 ans