La guerre des consoles portables a commencé. Nintendo vient de lancer sa DS outre Atlantique (et le 2 décembre au Japon) alors que Sony attend le premier trimestre 2005 pour donner le coup d’envoi de sa PSP (PlayStation Portable) aux Etats-Unis et en Europe (elle sera disponible au Japon à partir du 12 décembre prochain). Les deux «petites» machines furent les vedettes de la dernière édition de l’E3 à Los Angeles. La DS y paraissait cependant moins impressionnante que la PSP. Pourtant, 15 ans après le lancement de la Game Boy Nintendo signe ici une console résolument originale, techniquement innovante et à un prix très abordable. Encore un coup de génie des créateurs de Mario ?
Nintendo puissance deux…
La première fois que l’on a entendu parlé de la console DS (abréviation de Dual Screen) de Nintendo on s’est posé pas mal de questions. L’idée de mettre deux écrans rappelle certainement aux moins jeunes d’entre vous les vieux Game & Watch du début des années 80, déjà estampillés Nintendo. Il faut dire que chez le constructeur (et éditeur) japonais on sait rentabiliser les bonnes idées. Voici donc 15 ans après l’apparition de la Game Boy et plus de 20 ans après la sortie du premier Game & Watch, une nouvelle console portable Nintendo dotée de deux écrans. Deux écrans pour quoi faire ? Et bien c’est très simple, en haut il y a celui, classique, de la GBA SP avec son rétro éclairage et en bas un deuxième écran qui sert à afficher des données complémentaires et qui fait en prime office d’interface tactile exactement comme avec l’écran d’un PDA. Etonnant ! Grâce à cette innovation la Nintendo DS offre une foule de possibilités originales que les différents développeurs de jeu vont pouvoir arranger à leur sauce. Mais là ne s’arrêtent pas les points forts de cette console portable qui est commercialisée autour de 150 dollars aux Etats-Unis et devrait arriver chez nous dans quelques mois à moins de 200 euros. Tom’s vous propose ici un tour d’horizon complet de la dernière née de famille Nintendo.
De prime abord, la DS a un look plutôt massif, qui rappelle un peu la forme d’une vieille Game Boy Advance. La matière plastique métallisée de la console est moins agréable que celle d’une GBA SP. La DS est assez volumineuse et on se voit mal la ranger dans la poche portefeuille d’une veste, ce qui n’est pas bien évidemment le cas de la SP. Elle mesure 8,5 cm x 15 cm et a une épaisseur de 2,5 cm pour un poids de 280 grammes environ. Autre petit point négatif : le côté anguleux de la console est un peu vieillot. Mais attention, ne vous fiez pas à l’aspect extérieur de la machine. La DS prend une toute autre dimension lorsqu’elle est ouverte et on oublie vite son look massif. Seul l’aspect un peu cheap de la matière plastique reste présent et c’est dommage d’autant que Nintendo propose ici une console véritablement nouvelle et originale. Pour reprendre donc la célèbre fable de La Fontaine, le plumage s’affiche en deçà du ramage de la machine.
Le ramage ou le plumage
La DS, est commercialisée avec une cartouche de démo du jeu Metroid Prime Hunters. Vous pourrez donc profiter immédiatement de votre machine sans avoir à acheter un jeu supplémentaire. La DS est de plus compatible avec l’ensemble des titres GBA disponibles (dans ce cas ils ne s’affichent que sur l’un des deux écrans au choix). La boîte de la console contient également un bloc alimentation identique à celui d’une GBA SP. La nouvelle Nintendo possède une batterie lithium-ion qui une fois rechargée tient entre six et dix heures selon l’utilisation que l’on fait de la console (comptez 4 heures pour la recharger). Inutile de souligner qu’en jouant intensivement, on approche plus les six heures que les dix. La DS est également accompagnée d’accessoire destinés à être utilisés avec l’écran tactile : deux stylets et d’un curieux cordon. Il s’agit d’une sorte de dragonne qui s’attache à l’arrière de la console et que l’on passe autours du pouce. Une petite pièce plastique se trouve alors sous le doigt et remplace le stylet. Vous pourrez ainsi utiliser votre DS exactement comme une GBA ou une GBA SP en utilisant vos deux pouces pour atteindre toutes les commandes à l’écran et de chaque côté de ce dernier tout en gardant les deux index sur les gâchettes qui se trouvent à l’arrière de la console.
Deux cartouches sinon rien !
La Nintendo DS intègre deux slots de formats distincts afin d’accueillir les cartouches GBA qui s’enfichent à l’avant de la console (les cartouches GameBoy et GameBoy Color ne rentrent en revanche pas dans le slot). Les nouvelles cartouches s’insèrent elles à l’arrière. Il est ainsi possible de placer deux cartouches simultanément dans la DS et de lancer le jeu que l’on souhaite au démarrage. On peut logiquement penser que Nintendo a prévu de pouvoir connecter certains périphériques ou des extensions via le slot GBA de la console (un GPS par exemple). Notez par ailleurs qu’il n’est pas possible de jouer en multi avec un titre GBA dans la mesure où la DS n’est pas compatible avec les câbles link existants. Il faudra donc se contenter du mode solo pour vos anciens jeux. Suivant la même logique, la DS ne fonctionne pas avec l’adaptateur GBA/GameCube les deux consoles ne peuvent donc pour l’instant pas communiquer.
Le nouveau format de cartouche est nettement plus petit que celui utilisé par les précédentes générations de GameBoy. Selon Nintendo elle peut atteindre une capacité d’un gigaoctet. C’est une évolution importante si l’on considère que les plus gros jeux GBA actuels ont une taille d’environ 512 mégaoctets, soit moitié moins que la capacité du nouveau support. Cela laisse bien évidemment plus de marge aux développeurs. On peut également imaginer d’autres possibilités liées à la présence de ces deux slots sur la console, comme par exemple la possibilité de développer un jeu ou une application qui utilise simultanément deux cartouches. C’est d’autant plus plausible que la DS n’est pas seulement une console de jeu, mais qu’elle est en prime dotée de capacités de communication sans fil.
Une console communicante
La Nintendo DS intègre le protocole WiFi 802.11b ce qui lui permet de communiquer sans fil et de se raccorder à un réseau utilisant une norme déjà bien installée qui équipe de plus en plus de foyer et de lieux publics. Difficile par contre pour l’instant de savoir ce que prépare Nintendo dans ce domaine. A cela s’ajoute un second protocole de communication radio propriétaire, également sans fil. Cela devrait permettre de créer des réseaux locaux regroupant ainsi jusqu’à 16 joueurs simultanément pour tchater ou disputer des parties en multijoueurs. Pour l’instant, il nous est impossible de tester ce système plus avant faute de posséder suffisamment de consoles… Nintendo annonce une portée de 10 à 30 mètres environ. Grâce à ces systèmes de communication, il sera normalement possible de jouer en réseau à partir d’une seule cartouche de jeu connectée à l’une des consoles. Les infos nécessaires au lancement de la partie seront alors téléchargées par les autres DS du réseau (ce qui devrait prendre entre 30 secondes et une minute).
La DS propose un logiciel de tchat (Pictochat) permettant de dialoguer avec d’autres possesseurs de console. Il est d’ailleurs désormais possible de personnaliser son interface, de bénéficier d’une fonction réveil etc. La DS prend alors un petit look organizer/PDA qui est véritablement nouveau. La DS n’est pas seulement une GBA SP dotée de deux écrans et de protocoles de communication sans fil. Côté affichage, l’écran principal est passé de 2,9 à 3 pouces de diagonale pour une résolution de 256x192 (au lieu de 240x160). Du coup les jeux GBA passent en mode «letterbox», puisque la résolution est désormais supérieure. Cependant cela ne se sent pratiquement pas. La console intègre deux processeurs (un ARM9 cadencé à 66 MHz et un ARM7 à 33 MHz) qui offrent une puissance bien supérieure à celle d’une GBA et de son ARM7 à 16,6 MHz. Résultat, les performances graphiques et principalement 3D de la machine sont désormais comparables à celles d’une Nintendo 64. C’est particulièrement flagrant lorsque l’on joue à Super Mario DS qui n’est ni plus ni moins qu’une adaptation du Mario 64.
En terme d’ergonomie, la Nintendo DS est un véritable petit bijou ! C’est la première portable qui permet par exemple de vraiment jouer à un FPS. Avec Metroid l’écran tactile affiche une carte du niveau où l’on se trouve et sert à déplacer le réticule de visée à l’aide du stylet ou du pouce exactement comme si l’on disposait d’une souris. La croix à gauche de l’écran est elle utilisée pour se déplacer et les gâchettes pour tirer. Si vous êtes gaucher qu’à cela ne tiennent, les quatre boutons de droite reproduisent les mêmes fonctions que la croix à gauche. La machine est véritablement ambidextre ! A l’E3 en mai dernier, nous avons eu l’occasion d’essayer d’autres titres, certains se jouant par exemple uniquement à l’aide de l’écran tactile comme l’excellent WarrioWare Touched !
Le son est un autre point fort de la console. Les haut-parleurs stéréo intégrés sont assez performants et parviennent même à restituer une sorte de son surround qui semble bien marcher dans certains jeux. La DS dispose aussi d’une prise casque en standard. Vous n’aurez donc pas besoin d’acheter un adaptateur comme sur la GBA SP afin de brancher votre casque audio dessus. Ainsi équipée, la console restitue un son véritablement excellent. La DS intègre de plus un micro ainsi qu’un connecteur qui servira ultérieurement à brancher un système de reconnaissance vocale. Mais pour l’instant nous n’avons pas d’autres infos sur le sujet… Tous ces éléments font bien évidemment de la DS une excellente console. Dotée d’une très bonne ergonomie et de nombreuses améliorations technologiques par rapport à la précédente génération de machines portables estampillées Nintendo. Si l’on ajoute à cela un prix raisonnable, une architecture qui semble plutôt ouverte (périphériques, possibilités de communications, etc.) et de très nombreux développeurs qui ont signé des projets sur DS, la console s’avère plus qu’attirante. Cerise sur le gâteau, vous pourrez même acheter votre machine au Japon ou aux US et l’utiliser sans problèmes partout ailleurs dans le monde. On en connaît quelques uns qui ne vont pas attendre l’année prochaine…
Jérôme Bohbot (
ITRgames) pou DVDcritiques