Presque 10 ans après le premier opus, Mamoru Oshii nous amène un nouveau Ghost in the shell, toujours aussi beau, toujours aussi compliqué, toujours aussi riche, toujours aussi incompréhensible, toujours aussi profond, et toujours aussi réussi
Innocence : Ghost in the shell 2
Titre original : Innocence : Kôkaku kidôtai
Japon, 2003
Réalisateur : Mamoru Oshii
Durée : 1h40
L’histoire
Batou, cyborg au service d’une police spéciale contre-espionnage, ne s’est pas encore remis de la disparition du major, sa précédente coéquipière, robot dont le " ghost " (l’essence) doit se trouver quelque part sur la matrice. Aidé d’un coéquipier humain, il enquête sur une vague de crimes perpétrés par un certain modèle de robots d’agrément
Ghost in the shell avait été un événement lors de sa sortie. Le premier manga compliqué et existentiel, sans oublier une réalisation et une plastique impeccable. Vous aviez le droit de crouler sous le scénario tordu et complexe, mais ça restait un incontournable. Voilà, ça va être vite emballé, Innocence est pareil. Aussi beau, aussi stylé, aussi bavard, aussi compliqué, aussi violent. Mais ne croyez pas pour autant qu’on a l’impression d’une redite, parce que ce n’est pas le cas. Si le premier axait sa réflexion sur la conscience des êtres mi-hommes mi-robots, celui-ci va plus loin en se demandant si l’homme n’est pas aussi mécanique qu’un être artificiel, et même si les robots ne peuvent pas être plus humains que les hommes.
Bien sûr, après la première vision, on est un peu paumé dans tout ce fatras de réflexion, ne sachant pas trop s’il y a une vraie réflexion ou beaucoup de poudre aux yeux. Seule une nouvelle vision pourra trancher, mais je me base sur le premier opus, qui provoquait la même réaction et se tenait finalement pas mal côté réflexion, pour supposer que la réflexion est réelle. A la première vision, arriver à suivre à la fois l’histoire complexe et la philosophie existentielle robotique fait un peu beaucoup pour un seul cerveau. Ce qui ne veut pas dire qu’on décroche, mais qu’on suit globalement l’histoire et qu’on capte le thème de la réflexion. Pour les détails, faudra y retourner.
Côté réalisation, c’est un quasi sans faute. La musique, dans la lignée de celle du premier opus, est un personnage à part entière et apporte beaucoup au film. L’animation mêle 3D et animation traditionnelle, et les deux sont aussi belles. Chaque plan a été soigneusement conçu, chaque objet ou véhicule a été dessiné avec soin. Seule ombre au tableau : si les animations 3D sont parfaitement fluides, les animations 2D sont saccadées au possible, comme s’il n’y avait qu’une image sur deux, ou même sur trois. Ça ne gêne pas vraiment sur un mouvement de lèvres, mais sur un personnage qui court, ça se voit beaucoup. On dirait presque du praxinoscope (cette machine composée d’un cône miroir à facettes qui reflète des images et donne l’impression de mouvement quand elle tourne), ce qui fait tout de même un peu dépassé de nos jours. On n’y pense pas pendant tout le film, mais ça gâche quelques plans. À part cela, aucun problème, Ghost in the shell 2 est un dessin animé complexe, superbe, riche, introspectif et qui vous donnera parfois le vertige (la scène dans la tour de Kim vaut à elle seule le détour). Du grand cinéma d’animation japonais.
A voir : si vous avez un cerveau résistant et si vous avez vu le premier
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, ne le ratez pas si vous avez aimé le premier
Sébastien Keromen