Julia Roberts, Jude Law, Natalie Portman, Clive Owen. Un casting littéralement 4 étoiles pour le nouveau film de Mike Nichols, qui croise et recroise les couples, pour un film de haute volée.

Closer, entre adultes consentants
Titre original : Closer
USA, 2004
Réalisateur
 : Mike Nichols
Acteurs : Julia Roberts, Jude Law, Natalie Portman, Clive Owen
Adapté de la pièce de Patrick Marber
Durée : 1h45

L’histoire
Une strip-teaseuse paumée qui tombe amoureuse d’un journaliste. Un docteur qui tombe amoureux d’une photographe. Ces deux couples font se croiser, se défaire et se refaire, au gré des sentiments et des désirs.


Pas besoin d’attendre le générique de fin pour le vérifier : Closer est adapté d’une pièce de théâtre.
La quasi-totalité de ses défauts et qualités découlent de cette origine. Pourtant, Mike Nichols a à peu près évité le piège du théâtre filmé : beaucoup de lieux différents, certaines scènes muettes et d’autres en extérieur. Mais malgré cela, on se retrouve au final avec juste 4 personnages qui parlent (seulement six rôles parlants au total crédités au générique, dont l’assistante du docteur et un chauffeur de taxi !). Qui parlent et parlent encore, enchaînant les scènes de séduction, de rupture ou de réconciliation. Déjà, faut être amateur. En plus, même si les personnages sont attachants, l’enjeu de leur histoire paraît bien mince, et on se fout un peu que Jude Law finisse avec Natalie Portman ou Julia Roberts (et toutes les permutations marchent aussi). À vrai dire, le film pourrait s’arrêter à n’importe quel moment sans qu’on soit frustré.


Un dernier défaut : le rythme.
Le rythme à proprement parlé des scènes est assez lent, presque mou, mais c’est voulu. Par contre, aucune scène ne suit directement une autre dans l’histoire, un délai de 24h à 3 ans s’écoulant entre chacune. Comme en plus, le réalisateur se la joue ellipse en ne nous précisant pas le temps écoulé, il faut attendre que le dialogue daigne nous indiquer le saut dans le futur qu’on a fait. On finit toujours par comprendre, mais devoir à chaque début de scène mettre en standby la compréhension de ce qui se passe jusqu’à ce qu’on nous ait indiqué comment ça s’incluait dans l’histoire, ça agace un peu à la longue.


Mais trêve de critiques, car Closer mérite bien des éloges.
S’il se résume un peu à un exercice de style sur le thème de la séduction et de la fidélité, il représente sans doute un sommet dans ce registre. Grâce à des dialogues très bien écrits (même si un poil trop écrits), et surtout grâce à des comédiens parfaitement dans le rôle. Le film distille également une tension émotionnelle et sexuelle tout du long, sans pourtant verser dans les scènes chaudes injustifiées. Non pas qu’il évite d’aborder crûment le sujet (et à plusieurs reprises), mais c’est toujours " pour la bonne cause ", celle des personnages et de l’histoire, sans aucun voyeurisme.


Cette tension, présente jusqu’à la fin, donne au film l’unité que sa succession de scènes n’arrivait pas à créer.
Chaque dialogue (toujours entre seulement deux personnes, jamais plus) ressemble à une nouvelle variation qui éprouve et enrichit le thème général. Car il s’agit bien plus d’un thème que d’une histoire qui baigne ce film. Grâce ou à cause de cela, il a une tonalité assez originale et peut dérouter. Mais on peut également prendre beaucoup de plaisir à ces jeux de séduction et d’interrogation sur la vie de couple.

A voir : pour un film qui parle intelligemment de la vie, même si de façon un peu trop intelligente, justement
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, laissez-vous tenter

Sébastien Keromen