Un film de Martin Scorsese, c’est toujours un événement. Quand il s’agit en plus d’une bio du millionnaire Howard Hughes, avec Leonardo DiCaprio dans le rôle principal, Cate Blanchett en Katharine Hepburn, Kate Beckinsale en Ava Gardner et Jude Law en Errol Flynn, et plein d’autres acteur talentueux, on espère le chef d’œuvre. Et on n’est pas passé si loin.

Aviator
Titre original : The Aviator
USA, 2004
Réalisateur : Martin Scorsese
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Cate Blanchett, Kate Beckinsale, Jude Law, John C. Reilly, Alec Baldwin, Ian Holm, Alan Alda, Willem Dafoe
Musique de : Howard Shore
Durée : 2h45

L’histoire
Howard Hughes, héritier millionnaire d’une société industrielle, vit toutes ses passions en même temps : les avions, les femmes, les films, sans doute dans cet ordre. 20 ans d’une vie riche et remplie, ternie par une peur maladive des microbes et de la saleté, qui le rongera petit à petit.


La critique

Quand on regarde la filmo de Martin Scorsese, on ne peut qu’être impressionné : que l’on aime ou pas ses films (je pointe habituellement dans la catégorie " pas trop "), impossible de ne pas remarquer l’extrême diversité de ses œuvres, ainsi que le fait que la moitié d’entre elles sont restées gravées dans l’histoire du cinéma. Scorsese ajoute à son CV une saga de 2h45 retraçant une partie de la vie d’Howard Hughes, magnat millionnaire américain, qui a passé sa vie à dépenser sans compter pour faire des films et des avions, avant d’être rattrapé par la phobie extrême de toute saleté et de finir sa vie coupé du monde. C’est peu dire qu’il y avait matière à un film, et Scorsese s’est emparé de son histoire pour la faire exploser sur le grand écran.
On ne peut que rester pantois devant tant de maîtrise. Du point de vue artistique, Aviator est brillant. Chaque plan est parfaitement maîtrisé, chaque espace, chaque couleur, chaque mouvement de caméra. Les années 30 et 40 sont reconstituées de façon aussi crédible que réjouissante. La musique, plutôt discrète, met en valeur l’image sans marquer. Et n’oublions pas les acteurs, tous irréprochables. DiCaprio porte son rôle à bout de bras tout le long du film sans faiblir. John C. Reilly est comme à son habitude impeccable. Cate Blanchett joue une Katharine Hepburn plus vraie que nature et déborde l’écran ; elle mérite bien ses nominations de meilleur second rôle féminin aux Golden Globes et aux Oscars, et même plus, tiens. Le reste des acteurs ne dépareille pas, avec peut-être des rôles un peu moins conséquents, comme Kate Beckinsale réduite à jouer une Ava Gardner anecdotique.


Mais il y a un mais : le film n’arrive pas à se rendre attachant.
L’excitation qui accompagne le début du film, la découverte de la maîtrise de Scorsese, le personnage excentrique de Hughes et sa relation tapageuse avec Katharine Hepburn, tout ça laisse place à une certaine lassitude au deuxième tournage et au troisième avion. Sa peur maladive des microbes, même si bien réelle, colle difficilement au reste du film et ternit l’enthousiasme suscité par le premier tiers. De plus, le côté perfectionniste à l’extrême (et au détriment de tout et tout le monde) lasse un peu et rend le personnage peu aimable, ou pire si pas d’affinité. Ses démêlées avec la justice rappellent tant d’autres films sur des personnes opprimées par le système, mais qui vont s’en tirer parce que ce sont des purs et des winners, et sentent un peu le réchauffé. Cela dit, on n’a pas le temps de s’ennuyer (sur 2h45, c’est déjà pas mal), et le film est plus que présentable. Mais s’il est irréprochable d’un point de vue cinématographique, il a un peu oublié le plaisir du spectateur en route.

A voir : pour un film parfaitement réalisé, mais qui ne suscite pas vraiment d’émotion
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, beau mais un peu décevant

Sébastien Keromen