Alexandre, la dernière grande production d'Oliver Stone sortie le 13 décembre 2004 met en scène les aventures d'Alexandre le Grand, sur une musique du célèbre compositeur grec : Vangélis.
Hélas, ce film n'a pas eu autant de succès qu'on l'espérait, en partie à cause d'une musique presque "étrangère" au film, avec des sons trop synthétiques. Toutefois cette B.O.F s"écoute bien, si l'on oublie sa relation avec l'univers d'Alexandre le Grand.
RESUME DU FILM
Alexandre, film à grand spectacle écrit et Réalisé par Oliver Stone (Platoon, Midnight express, JFK, Born on the 4th July...) est une fresque épique racontant la vie d'Alexandre le Grand, l'un des plus célèbres conquérants au monde, qui à l'âge de 27 ans avait déjà conquis 90 % des terres connues de l'époque, en passant par la Bataille de Gaugamèle, lors de laquelle 50000 soldats d'Alexandre ont eu raison d'un demi-million d'hommes de l'armée de Darius III (le Grand Roi)
CRITIQUE DE LA B.O.F
Comme à son habitude, Oliver Stone diffusait sur le plateau de tournage, une musique permettant aux acteurs et à l'équipe de se plonger au coeur même de l'action. Mais cette fois, ce n'était pas une musique provisoire. En effet, c'est bel et bien la musique de Vangélis qui passait en fond sonore ! Le film se situant au IVéme siècle avant J.C. il était en effet difficile d'aller « piocher dans une collection de CD personnelle»
Du point de vue de l'instrumentation, Vangélis s'est une fois de plus équipé de son célèbre synthétiseur. Mais cette fois-ci, il a eu recours à des instruments anciens tels les cornemuses (qui souvent associées à la musique celtique sont probablement des instruments d'origines du Nord de la Macédoine), des tambours, des luths et des Lyres. Il a notamment fait appel à de vrai musicien comme Maria BILDEA (Harp) sur le titre « One morning at pella », ou Vanessa-MAE (violin) effectuant un magnifique et envoûtant solo sur le titre « Roxane's Veil ». Vangélis se sert notamment de cuivres pour exprimer l'armée d'Alexandre et les grandes batailles. Mais hélas, les sons qu'il utilise pour simuler l'orchestre symphonique sonnent beaucoup trop synthétique pour une oreille quelque peu entraînée. Et même retravaillé tout ces sons rendent la musique en général beaucoup moins crédible. De même, la disposition des instruments dans l'espace ne respecte absolument pas celle d'un orchestre symphonique. Ainsi l'on aura par exemple un ensemble de violons se tenant au centre en mono (début piste 3) , alors qu'ils sont normalement placé à gauche dans un véritable orchestre.
Le thème d'introduction n'est pas très accrocheur et pourrait être la suite logique de celui de Blade Runner. Par contre, le thème principal, annoncé dans « Titans » (piste 3), reflète bien le coté héroïque et épique de l'histoire d'Alexandre sans pour autant sonner « hollywoodien ». D'ailleurs, l'ostinato des violons sur la même note (en ternaire : Noire, croche, Noire, croche, noire...) au début de ce thème, n'est pas sans rappeler celui de « 1492 Christophe Colomb ». Le thème de bataille (Drums of Gaugamela) est quand à lui très caractéristique des conquêtes militaire durant le règne d'Alexandre grâce au choeurs de l'Epirus Polyphonic Ensemble, mais surtout grâce aux tambours, judicieusement placé sur les temps fort, donnant une impression de lourdeur, de puissance et de grandeur rappelant fortement le « pas » militaire. Pour contraster avec cet aspect « lourd », l'on a quand même de très beaux titres envoûtant comme « Gardens of delight » (piste 8) avec la voix de Irina VALENTINOVA-KARPOUCHINA ou encore « Eastern Path » (piste 7) grâce à l'interprétation de Vahan GALSTIAN au Duduk (instrument traditionnel encore joué dans certaines régions d'Anatolie et d'Arménie, ressemblant à une flûte).
Du point de vue mélodique et recherches harmonique, Vangélis à presque tout le temps écrit de manières verticale à l'inverse de l'écriture contrapuntique (horizontale). C'est à dire que les compositions se résument à une suite d'accords accompagnant une mélodie. L'atmosphère ainsi crée est très planante, renforçant ainsi le coté musique de fond ou d'ambiance. Au niveau de l'harmonie, il n'y a pas grand chose à dire, hélas : on reste dans un registre très tonal. Il n'y a aucun moment où l'on est surprit par l'accompagnement, seul le thème principal est à peu prés bien harmonisé. Et comme si ce n'était pas suffisant, la tonalité principal de plus de 50 % des morceaux est la même (La mineur). Cependant pour relever un peu le niveau, on peut noter l'emploi de gammes orientales, comme le mode super Phrygien du mineur harmonique (piste 7), ou encore la gamme diminuée (piste 6) qui sont presque obligatoire pour un film se situant dans ses régions.
Enfin, au niveau du rapport film/musique, il faut dire qu'a plusieurs endroit ça ne colle pas du tout. Pour ne citer qu'un exemple, alors que l'armée d'Alexandre bat en retraite on peut entendre en fond une musique de victoire. De plus il n'y a que 50 minutes de musique pour un film de 170 minutes. Cherchez l'erreur. Pourtant les passages sans musique dans un film sont aussi important que les passages avec. Mais il est claire qu'il n'y a pas assez de musique composée pour le film, et donc certaines musiques sont obligatoirement rejouée partiellement ailleurs, ce qui ne serait pas un mal, si encore les thèmes ne se ressemblaient tous pas.
Globalement la musique d'Alexandre se rapproche beaucoup trop de « 1492 Christophe Colomb » et des « Chariots de feu » (piste 18). On retrouve donc le fameux « hymne-like lyricism » (piste 18) ainsi qu'une écriture très verticale et l'emploi d'ostinato rythmique très caractéristique chez Vangélis. Mais malheureusement il ressort de cette B.O.F une impression de lenteur absolu notamment pendant les thèmes d'action, et une pauvreté dans la recherche des thèmes et de leur accompagnement.
Après dix ans d'absence dans le monde de la musique de film, on retrouve un Vangélis qui n'a pas vraiment évolué dans son style. De plus, ayant composé la musique sans visionner aucune scènes du film, simplement en s'inspirant de ses origines et de l'héritage grec et macédonien, le rapport film/musique s'en trouve profondément affecté ! Mais au final, si vous êtes fan de Vangélis, alors cet album vous plaira, même si il ne représente pas le meilleur de son travail, et s'il semble ne pas vraiment avoir était écrit pour le film Alexandre...
Nicolas GODEFROY
POINTS FORT :
- Le thème principal "Titans"
- L'emploi d'instruments rares et anciens.
- Cette B.O.F peut s'écouter indépendamment du film.
- La profondeur du son grâce à l'effet reverb, accentuant le coté "grand espace".
POINTS FAIBLE :
- La couleur synthétique des sons.
- Le manque de recherche du point de vue de l'harmonie.
- Une musique trop ambiante pour un film d'action.
- On aurait aimé une musique plus « collé » au film, avec des vrais point de synchronisation.
PISTES COUP DE COEUR : 2, 3 et 13 et ... 15 (mais j'ai déjà entendu ça quelque part)
BIOGRAPHIE DE VANGELIS
Vangélis, de son vrai nom Evangelos PAPATHANASSIOUN, est un compositeur autodidacte Grec, née à Volos le 29 mars 1943. Il est attiré par la musique dés l'âge de 4 ans, où il s'entraîne sur le piano de ses parents. Il donne ses premiers concert à l'âge de six ans, et refuse toujours de prendre des cours de piano, déclarant que cela pourrait nuire à sa spontanéité. Vers les années 60 il forme un groupe (Formynx) qui devient rapidement populaire en Grèce, jusqu'à ce qu'il décide de partir s'installer en France. Là, il retrouve Demis ROUSSOS et Loukas SIDERAS et forment ensemble les APHRODITE's CHILD. Ce groupe connaîtra un grand succès, mais à partir de 1972, Vangélis le quittera pour se consacrer à un autre style de musique, celui de la musique électronique. En 1981, il réalisera des bandes sons pour quelques documentaires, mais sa carrière prendra réellement de l'ampleur après avoir fait la bande originale du film « les Chariots de Feu », qui aura plus de succès que le film lui-même, lui valant d'ailleurs un oscar. Enchaînant concert sur concert un peu partout dans le monde, comme par exemple au Queen Elisabeth Hall (Londres, 1973), a l'Olympia (Paris, 1974) ou encore au célèbre Royal Albert Hall (1976) Vangélis acquiers une notoriété qui lui permettra de travailler sur d'autres projet de film qui le conduiront a créer la bande originale du film Alexandre.
FILMOGRAPHIE
Alexandre (2005), de Oliver Stone
1492 : Christophe Colomb (1992), de Ridley Scott
La peste (1992), de Luis Puenzo
Lunes de fiel (1992), de Roman Polanski
Francesco (1989), de Liliana Cavani
De Nuremberg à Nuremberg (1989), de Frédéric Rossif
Traquée (1987), de Ridley Scott
Sauvage et Beau (1984), de Frédéric Rossif
Le Bounty (1984), de Roger Donaldson
Blade runner (1982), de Ridley Scott
Missing (1982), de Costa-Gavras
Les Chariots de feu (1981), de Hugh Hudson
Pablo Picasso, peintre (1979), de Frédéric Rossif
La Fete sauvage (1976), de Frédéric Rossif
Georges Braque ou le Temps different (1974), de Frédéric Rossif
Fiche Technique B.O.F Alexandre :
Alexander :
Musique composée, arrangée, et produite par Vangelis
Orchestration et direction de la chorale (Epirus) par Nic Raine
Violon : sur Roxane's Veil, Vanessa-Mae
Voix : Konstantinos Paliatsaras, Irina Valentinova-Karpouchina, Epirus Polyphonic Ensemble
Harpe : Maria Bildea
Duduk : Vahan Galstian
Disponible chez Sony Classical SK92942
Durée : 56.22
Liste des Morceaux
1) Introduction 1:32
2) Young Alexander 1:36
3) Titans 3:59
4) The Drums of Gaugamela 5:20
5) One Morning at Pella 2:11
6) Roxane's Dance 3:25
7) Eastern Path 2:58
8) Gardens of Delight 5:24
9) Roxane's Veil 4:40
10) Bagoas' Dance 2:29
11) The Charge 1:41
12) Preparation 1:42
13) Across the Mountains 4:12
14) Chant 1:38
15) Immortality 3:18
16) Dream of Babylon 2:41
17) Eternal Alexander 4:37
18) Tender Memories 2:59