Imaginez que vous avez dans la tête une puce qui enregistre tout ce que vous voyez, de votre naissance à votre mort. Ou plutôt, n’imaginez pas : allez voir Robin Williams dans Final cut.
Final cut
Titre original : The Final cut
USA, 2004
Réalisateur : Omar Naim
Acteurs : Robin Williams, Jim Caviezel, Mira Sorvino
Durée : 1h35
L’histoire
Dans un futur pas si éloigné, la puce Zoe, implantée dans le cerveau, permet d’enregistrer la vie des gens de leur naissance à leur mort. Alan Harkman est un monteur, chargé pour chaque client de raccourcir des dizaines d’années de vie en un film de 2h projeté à l’enterrement. L’une de ces puces mémoires lui montre un personnage sorti de son passé. Il va se lancer dans une quête de lui-même.
La critique
Ce n’est pas si rare qu’un film parte d’une idée vraiment originale. Mais c’est plus rare qu’il arrive à en tirer vraiment parti. Soit cette idée reste accessoire et le film nous déroule un scénario vu et revu qui aurait pu être le même sans cette idée (par exemple Waterworld qui aurait pu se passer sur la terre ferme, ou Moi César 10 ans ½ 1m39 pour lequel la vue à hauteur d’enfant n’apporte rien). Soit cette idée est réutilisée en boucle de la même façon et l’histoire se répète inlassablement (par exemple S1m0ne). Soit, comme ici, l’idée est utilisée tout au long du scénario, de différentes façons, et façonne vraiment l’histoire. Ce qui ne garantit pas un film réussi, mais au moins un film qui sort des sentiers battus et ne ressemble pas à ce qu’on a déjà pu voir.
Et en effet, on a l’impression pendant tout le film d’un voyage loin des autres films qu’on a pu voir. L’histoire développe de façon crédible un futur pas si éloigné mais intégrant toutefois cette nouveauté technologique qu’est l’implant qui enregistre toute une vie. Quand on voit le peu de temps qu’Internet a mis à apparaître, on se dit que c’est tout à fait crédible. Le scénario arrive à décrire un futur cohérent, intégrant l’idée technologique mais aussi ce qu’elle drainerait : nouveaux métiers, ligue d’opposition à la puce mémoire, technologies pour s’en protéger, mainmise des entreprises… Vraiment, la mise en place de l’univers du film est impeccable.
Le casting est également irréprochable. Le film vous propose un Robin Williams qui arrive à donner du caractère à son personnage avec un jeu toute en sobriété, la joie de revoir Mira Sorvino après une trop longue absence, un Jim Caviezel bien descendu de sa croix, et des seconds rôles réussis. Bien que je fasse que des compliments au film, vous devez sentir un manque d’enthousiasme, et c’est vrai. Le film, aussi réussi soit-il, manque d’ampleur et d’ambition. Comme en plus il est plus intéressant qu’agréable à regarder (pas de scènes choc, pas de gags, presque pas de belles scènes), on s’intéresse sans se passionner. Et le film s’estompe trop rapidement quand on est sorti de la salle.
On obtient donc au final un film hautement intéressant, qui arrive à mettre en place un univers cohérent et riche, et à y développer une histoire originale qui n’aurait pas pu avoir lieu ailleurs. Rien que pour ça, le film mérite d’être salué. Tant pis si son histoire reste un peu confidentielle et sans réel enjeu. Il a beau tenter de soulever quelques thèmes (la mémoire face à la façon dont les événements se sont vraiment passés, l’abnégation nécessaire pour se plonger dans la vie d’un autre…), leur traitement reste un peu timide et survolé. On ne peut pas tout avoir (ou peut-être que si, mais c’est rare et ça s’appelle un chef d’œuvre !).
A voir : pour un film différent et totalement original
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, encouragez l’originalité
Sébastien Keromen