Xième film inspiré d’un comics, Constantine a jeté le feu aux poudres avec une bande annonce des plus excitantes. Keanu Reeves nous revient dans un film fantastique intéressant, mais bancal. Alors, semi déception ?
Constantine
Titre original : Constantine
Etats-Unis, 2005 (Année de production : 2003)
Réalisateur : Francis Lawrence
Acteurs : Keanu Reeves, Rachel Weisz
Durée : 2h2 min
L’histoire
John Constantine est une sorte de médium capable de voir les Anges et autres créatures fantastiques. A ses heures perdues, il passe sont temps à détruire des démons pour les renvoyer en Enfer. Son chemin croise celui de Katelin Dodson, une femme flic qui cherche à découvrir pourquoi sa sœur, catholique convaincue, s’est suicidée.
La critique
Mister Anderson, welcome back, we missed you !
Heuh...non, il y a erreur, moi, c’est John Constantine.
Mouais, pas facile de se détacher de Matrix, hein ? Et bien, finalement, la pilule passe plutôt bien. Keanu Reeves nous revient dans un film fantastique, certes, mais à mille lieues de la très proprette trilogie des frères Wachoswky.
Il est réellement dommage de ne jamais voir d’oeuvre cinématographique avec un thème aussi riche que celui des confrontations du bien et du mal, du Diable et de Dieu. Attention, il ne s’agit pas d’évoquer un film comme l’inégalable The Omen ou comme le catastrophique Stigmata, non, je parle de films liés aux anges et aux démons. Les oeuvres liés à ce sujet sont vraiment rares, à l’image de la méconnue trilogie Prophecy avec Christopher Walken. Le premier du nom, bien que très moyen, avait le mérite d’aborder le thème de la présence des anges sur terre et du combat livré au forces du mal (les vraies, pas celles de Bush). Le spectateur averti remarquera la présence de Viggo Mortensen dans le rôle de Lucifer.
Toutefois, Constantine fait immanquablement penser à la courte mais génialissime série Brimestone, dans laquelle le héros, un flic renvoyé des Enfers, doit retrouver des démons échappés du Royaume de Lucifer pour les y renvoyer illico presto. La sortie d’un film comme Constantine avait donc tout pour être réjouissante... " avait " car le film, s’il n’est pas raté, demeure tout de même une demi-déception. Pourquoi ? Pour bien des raisons.
Mais avant tout pour les mêmes raisons qui avaient conduit l’Associé du Diable à se planter : prendre des acteurs connus, des thèmes bibliques et beaucoup d’effets spéciaux.
La présence de Keanu Reeves dans les deux oeuvres y est peut-être pour quelque chose, mais dans les deux cas, on se retrouve face à un film qui baigne dans un thème à priori passionnant, tout en cherchant à en raconter trop, et à en montrer trop (les anges, les monstres, le Paradis, l’Enfer, la vie de ses protagonistes...).
Il en résulte une oeuvre commerciale, trop passe partout, en un mot, vulgaire, qui au final, risquera de rebuter aussi bien le spectateur lambda que l’amateur de cinéma fantastique (dont je fais partie).
Des fautes de goûts parsèment aussi le film : les poses trop tape à l’oeil de Keanu Reeves, son faire-valoir (pour une fois, il n’est pas black) plutôt crispant, l’air de nunuche perdue de Rachel Weisz pas crédible pour un sou... Mais aussi des références trop évidentes comme la séquence dans laquelle Keanu Reeves débarque dans l’hôpital, clairement inspirée de séquences de Blade etc...
Techniquement, le film est très réussi. Si la bande originale est inexistante, les images ont été particulièrement soignées, et les effets spéciaux sont très bien intégrés au film. Malheureusement, Constantine tombe par moment dans le piège de films tels que Le Retour de la Momie (Stephen Sommers) dans lesquels les effets spéciaux finissent par prendre le dessus sur le jeu des acteurs. La photo, quand à elle, est stylée, et parvient à donner une image sale au film, une image tout à fait en conformité avec son (anti) héros, qui fume clope sur clope depuis l’âge de quinze ans.
Les acteurs remplissent plutôt bien leurs rôles, ce qui permet de regarder le film sans déplaisir. Keanu Reeves est plutôt surprenant dans sa capacité à bien retranscrire le poids sur les épaules de son personnage, un personnage complètement épuisé, lassé de la vie, qui n’en attend plus rien que sa mort, que ce soit l’Enfer ou le Paradis. Mention spéciale pour Peter Stormare, trop rare depuis Fargo. Il nous livre une prestation de Lucifer particulièrement cabotine, frénétique, dans le même esprit que ses interprétations-éclairs de Armaggedon et Minority Report..
Au final, on obtient donc un film convenable qui a le mérite de nous faire passer une agréable soirée. On reste toutefois avec un arrière goût d’amertume quand on songe à la richesse du sujet. Il est plaisant d'imaginer ce qui pourrait être fait avec une réalisation plus audacieuse et un réalisateur un peu plus inspiré. D’ailleurs, Constantine 2 est déjà programmé aux Etats-Unis, gageons qu’il saura gommer les défauts du premier opus et tirer pleinement parti d’un potentiel aussi intéressant.
A voir : pour l’originalité, et un scénario somme toute intéressant.
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, un bon petit film fantastique sans prétention
Arnaud Weil-Lancry