God F…k America ! Pardon, God Bless America ! Les créateurs de South Park nous assènent leur dernière production vulgarissime et politiquement incorrecte. Ils ne font pas dans la dentelle, pour l’immense plaisir du spectateur. A réserver toutefois à un public averti !
Team America, police du monde
Titre original : Team America : world police
Etats-Unis, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateurs : Trey Parker, Matt Stone
Acteurs : Trey Parker, Matt Stone, Phil Hendrie
Durée : 1h54 min
L’histoire
Team America est une unité d'élite qui affronte les pires dangers afin de préserver le monde contre les terroristes. Alors qu’un dictateur impitoyable s’apprête à livrer des armes de destruction massive à des terroristes, l’équipe de héros se lance dans la mêlée avec à ses côtés Gary, un acteur de cinéma…
La critique
L’occasion était rêvée, quasi désespérée, n’attendant qu’un réalisateur à moitié frappé pour se servir, tel un loup dans la bergerie, du repas de choix que constituait l’actualité de ces dernières années. En effet, il était étonnant que depuis les évènements malheureux du 11 septembre 2001, aucun réalisateur ne se soit servi du monde contemporain. Hormis quelques raretés (excellentes, certes) comme 9/11 (Michael Moore), nous n’avions pas vu de film tirant à boulet rouge sur la société américaine. Cette opportunité peut sembler facile compte tenu de l’anti-américanisme ambiant qui règne dans le monde actuel, mais il faut avouer que l’homme le plus puissant de la planète prêchant le Bien pour tous et souhaitant évangéliser bon gré mal gré constituait un plat de choix, non ?
C’était sans compter sur les génialissimes créateurs de South Park qui nous reviennent avec un nouveau film d’animation dans lequel les protagonistes ne sont pas des personnages de dessins animés, mais des marionnettes (on peut difficilement imaginer pire en matière de caricature). Quel est le résultat ? Une catastrophe hilarante aussi délicate qu’un veau sur patins à roulettes dans un supermarché.
Tous les clichés et poncifs du genre y passent : de l’histoire d’amour à dix centimes à la mâchoire des protagonistes américains, si magnifiquement et si parfaitement carrée. Superman lui-même n’y verrait pas une insulte.
Le clou du spectacle reste l’introduction du film, mettant en scène une attaque dans notre capitale préférée, se soldant par une destruction en règle de nos plus grands symboles nationaux… par les membres de Team America en personne !
Si le déroulement du film est absolument sans surprise à travers son anti-américanisme affiché et sa critique acerbe de ce qu’est devenue l’Amérique d’aujourd’hui, nous sommes loin d’être face à une œuvre irréfléchie. Satire ne rime pas avec stupidité et un minimum de culture est toutefois nécessaire pour appréhender le film dans sa globalité. Heureusement pour les âmes sensibles et les soucieux de la bienséance, le film se clôt sur un plan ingénieux qui aura pour effet de ne blesser (presque) personne.
Cerise sur ce péché ambulant qu’est Team America police du monde : l’agréable composition de Harry Gregson-Williams. Le compositeur anglais (remplaçant en dernière minute Marc Shaiman) nous signe ici une très agréable partition, fort éloignée de ce qu’on aurait pu attendre d’une production de ce genre. Sa composition, bien que très américanisée (forte orchestration, thème puissant et pompeux) se laisse facilement écouter, apportant un peu de subtilité dans cette apologie de la stupidité.
Team America police du monde est un film cradissime, obscène, et bien évidemment politiquement indéfendable. Les seuls qui risqueraient de faire la moue sont nos lointains voisins de par-delà l’Atlantique, et on les comprend. Mon Dieu, que c’est con, mais mon Dieu, comme c’est bon !
A voir : délicieusement incorrect !
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, faites vous plaisir, payez-vous en une bonne tranche !
Arnaud Weil-Lancry