RESUME DU FILM
Massaï est un film fabuleux de Pascal PLISSON, inspiré de la mythologie du peuple Massaï. En quelques mots, la sécheresse s'abat sur le village des Massaïs, victimes de la malédiction de Vitchoua, le Dieu de la vengeance. Afin de ramener la pluie, une dizaine de guerriers massais encore inexperimentés son désignés pour aller tuer le lion mythique incarnant ce dieu et ainsi sauver leur communauté. Une quête remplie de danger, de peur, et d'amitié qui les fera devenir des hommes....
CRITIQUE DE LA B.O.F
Aprés avoir composé l'Odyssée de l'espèce et quelques autres musiques de documentaires, Yvan CASSAR, compositeur talentueux à l'avenir très prometteur, nous projette au-delà des mers, dans les immenses regions désertiques du Kenya (Afrique) avec une musique envoûtante et étonnament réaliste.
Lorsque la musique d'un film peut être écoutée indépendamment du film alors le compositeur se doit d'être fier de son travail. A la première écoute de cette B.O, on est immédiatement plongé dans l'univers du peuple Massaï. En fermant les yeux, la première chose que l'on imagine sont d'immenses espaces vierge de civilisation. En effet, les instruments choisis ici nous conduisent indubitablement en Afrique. On peut entendre différentes sortes de percussions africaines notament la poté et le derbooka (piste 16) mais aussi des djembés et autres, mélangées à un orchestre symphonique (le Paris Symphonic Orchestra), des choeurs classique, et des flùtes. On notera d'ailleurs l'emploi de la flûte de Peuhl (début piste 2 et 20 par exemple...) servant ici à "exprimer l'immensité désertique et brûlante de leur paysage". Sur quelques titres Yvan CASSAR a néanmoins dû se servir de samples (instruments élèctronique le plus souvent joués par un ordinateur) lui permettant d'utiliser certains instruments anciens, ou de créer des ambiances spécifiques tels les bruits de vent (piste 10).
Afin de coller le mieux possible au film la musique se devait d'être planante et ambiante afin de refléter l'immensité du continent africain. Mais elle est heureusement plus intéressante qu'une simple musique de fond. Certains titres comme « Combat sur la rivière » (piste 7) sont là pour nous rappeler que l'on à vraiment à faire à une musique de film, et non à celle d'un documentaire, qui serait plus restreinte voire plus simple et ennuyeuse. Le thème principal du film (piste 1 et rappeler clairement piste 9 par la flûte par exemple) est construit sur des rythmes long (ronde pointé, blanche etc...) il est de tonalité majeur et est construit autour d'intervalles simples tels la tonique, la quinte ou la tierce (la médiante), qui sont les notes principales d'un accord parfait majeur. Ceci pour nous rappeler que les guerriers massaï ont une quête qui peut paraître simple à nos yeux, mais pour eux, c'est un voyage initiatique de la plus grande importance. On a donc ici un thème fort, qui inspire l'espoir et la volonté de réussir. Mais qui montre aussi parfois la naiveté de nos héros.
On retrouve souvent de grandes « nappes » de cordes accompagnées de rythmes lents tribaux car ils sont les plus à même d'exprimer la longueur du voyage que doivent subir les guerriers de la pluie. Derrière ses nappes de cordes et de choeurs, se cachent une harmonie à la fois riche et troublante, mélangeant les modes mineurs et majeurs, (la « traversée », piste 8) afin de symboliser un continent chargé d'histoire mais transcendant de tristesse et de joie. Ainsi au niveau de la composition, Yvan CASSAR oscille entre une démarche dramatique et joyeuse rappelant quelque fois le style de James Newton HOWARD (6eme sens, Dinosaure, Signes...), et celui d'Ennio MORRICONE (Il était une fois dans l'ouest, Mission...) Le style d'écriture choisi est le plus souvent harmonique c'est à dire que l'on a une succession d'accords, qui renforce le coté « musique ambiante » . Toutefois ces accords sont enrichis pour la plupart de neuvième ou de sixte, afin de ne pas sombrer dans la banalité. Aussi, on retrouve dans cette écriture, des références à la formation classique tels les notes retards, les appogiatures, appartenant à la famille des notes étrangères. Quand aux rythmes des percussions ou ostinato rythmique employés en accompagnement, ils sont malheureusement un peu trop binaire et répétitif. En effet la musique africaine basée sur les percussions est généralement trés "cassées" (contre-temps) avec des rythmes construits par exemple sur 8 croches en 123,123,12. (Les temps fort y sont déplacés), ou 123,12,123 etc...
Néanmoins, chaque pistes même si elles semblent presque toutes construites sur le même principe, possède sa propre originalité que ce soit du point de vue rythmique ou en rapport avec l'instrumentation. Par exemple pour le combat final contre le lion incarnant le dieu Vitchua (piste 18), Yvan CASSAR a preferé un thème entièrement fait de percussions plutôt qu'un thème d'action orchestré avec des dissonances et des tensions à la manière des films d'action américain. Il s'est inspiré de la culture musicale des massais, plaçant les flûtes et les percussions toujours en avant. Et il nous montre ainsi l'étendu de son originalité et de son talent avec finalement, trés peu d'instruments. Avec le titre « A l'aube » (piste 14) il continu d'exploiter la culture du peuple Massaï en composant un thème uniquement avec des chants africains dont l'interprète principal est Sam Tchabalala. Pour finir, la musique du générique (piste 21) se devait elle aussi de conserver l'esprit africain. Pour cela Yvan CASSAR à fait appel à l'un de ses fidèles collaborateurs Richard BONNA qui prete une nouvelle fois sa voix au compositeur.
Globalement les pistes sont assez courtes et s'enchaînent bien, et on se laisse facilement dupper par la fausse simplicité du film et de la musique. En effet si dans le film on se prend à ressentir la violence d'un soleil de plomb, la danse du vent, et les moindres petits bruits, choses auxquelles on ne prête pas du tout attention dans d'autres films, l'harmonie qui règne dans la musique d'Yvan CASSAR est, si l'on écoute attentivement, entièrement faite de référence au peuple et à la culture Massai. A chaque nouvelle écoute, on entend un bruit de fond nouveau, ce qui rend cette B.O très attrayante et originale.
Nicolas GODEFROY
Note globale : 8/10
Note perso : 7.5/10
POINTS FORTS :
- Le respect des chants et de la culture Massais.
- L'instrumentation, la recherche ethnique.
- Une musique qui s'écoute et s'apprécie indépendemment du film
POINTS FAIBLES :
- Pas de réel évolution du thème (variations arrangement différents)
- Aprés plusieurs écoute, on sent quand même une grande référence à « Mission » d'Ennio MORRICONE et « Dinosaure » de James Newton HOWARD.
PISTES COUP DE COEUR : 1, 7, 8,14, 18.
BIOGRAPHIE SELECTIVE DE Yvan CASSAR
Diplomé du conservatoire national supérieur de Paris (composition, piano, écriture) Yvan Cassar travaille avec les plus grands artistes français comme arrangeur et réalisateur Claude Nougaro, Johnny Hallyday , Charles Aznavour, Céline d'ion, Patricia Kaas, Jean-Jacques, Mylène Farmer.
De 1994 à 1997, il collabre avec Vangélis pour plusieurs projets dont la cérémonie d'ouverture des mondiaux d'Athlétisme à Athènes, ou encore la B.O de 1492 Christophe Colomb. Puis il rencontre Andréa Bocelli pour les JMJ à Paris.
Depuis 1998, il est le réalisateur et directeur musical des spectacles de Mylène Farmer (pour qui il est aussi le claviériste principal) et johnny Hallyday (stade de France, tour Eiffel, tournées des stade 2003).
Dans le même temps il compose plusieurs musiques de fiction et de documentaire pour la télévision (Jean Moulin, L'odyssée de l'espèce...) et il participe à de nombreuse B.O. (Les visiteurs 1 et 2, C'est la vie, Giorgino, Loulou Graffiti...).
Passionné par les musiques du monde, il a enregistré avec les maitres les plus prestigieux (Nusrat Fat, Ali Khan, Baaba Maal, Denez Prigent, Wasis Diop, Les voix Bulgares, Richard Bona...) qui participent à ses dernières compositions : L'odyssée de L'espèce et Massaï de Pascal Plisson.
FICHE TECHNIQUE
Musique composé, arrangé et dirigé par Yvan Cassar
Thème "Merono" composé par Yvan Cassar et Eric Chevalier
Réalisé par Yvan Cassar
Chant : Sam Tshabalala, Richard Bona
Percussions : Nicolas Montazaud
Flutes : Frédéric Chatoux
Flutes Peuhl : Aly Wagne
Flute Octobasse : Henri Tournier
Orchestrations : Cyrille Aufort
Programmation, création sonore : Eric chevalier
Paris Symphonic Orchestra enregistré aux studio DAVOUT (Paris) par stephane Reichard.
Samples : Charles Duvelle (collection PROHET. Kora sons Ltd.)
Laïla composé par Yvan Cassar et Richard Bona.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE
2004 : MASSAï - Les Guerriers de la pluie, de Pascal Plisson
1998 : Les couloir du temps, Les visiteurs 2, de Jean-Marie Poiré
1991 : Loulou Graffiti, de christian Lejalé
1998 : L'Odyssée de l'espèce, de Frédéric Foudgea
TRACKLIST
1. Les guerriers de la pluie (04:00)
2. Merono (01:12)
avec Eric Chevalier
3. La mission (02:31)
4. Derrière l'horizon (00:52)
5. Kilimandjaro (02:30)
avec Eric Chevalier
6. Le village abandonnée (02:28)
avec Eric Chevalier
7. Combat sur la rivière (01:54)
8. Traversée (01:49)
9. L'oasis (00:44)
10. Merono et Papaï (03:03)
avec Eric Chevalier
11. Le village des femmes (00:48)
12. Face aux éléphants (01:53)
13. Le collier (01:24)
avec Eric Chevalier
14. A l'aube (01:25)
15. Le temps du départ (02:14)
16. Désért (03:55)
17. Près du feu (00:46)
avec Eric Chevalier
18. Vitchua (03:37)
19. Après la pluie (01:33)
20. Toujours vivant (03:47)
21. Laïla (04:35)
co-composé et interprété par Richard Bona
Total : (47:00)