La sortie d’un film d’épouvante européen est toujours un mini évènement en soi. Calvaire nous arrive, couvert de critiques, avec à la tête de son ballet de fous, Laurent Lucas. Ce dernier, habitué des planches, nous campe un chanteur égaré dans un endroit où absolument personne ne souhaiterait être…
Calvaire
France, Belgique, Luxembourg, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur : Fabrice Du Welz
Acteurs : Laurent Lucas, Jackie Berroyer
Durée : 1h30 min
L’histoire
Après un concert dans un hospice, Marc Stevens, chanteur itinérant, reprend la route afin de se rendre à une autre représentation. Malheureusement, il tombe en panne loin de toute civilisation. M. Bartel, aubergiste mentalement fragile depuis le départ de sa femme, lui propose de l’aider.
La critique
Malaise, vous avez dit malaise ?
Le nouveau film de Fabrice du Welz, illustre inconnu au bataillon des réalisateurs, commence dans la gêne d’une vielle dame, et se termine dans celle du spectateur.
Depuis la résurrection du genre horrifique au cinéma grâce à Scream, bien des films se sont succédés ces dernières années dans ce registre pourtant déjà très exploité. Le cinéma français y a aussi eu droit grâce à, notamment, Haute Tension (Alexandre Aja), survival littéralement terrifiant.
Aujourd’hui, Calvaire, précédé d’une solide réputation et de bien des récompenses, débarque dans nos salles. Ce film, bénéficiant d’une triple collaboration (française, luxembourgeoise, et belge), est servi par les talentueux Laurent Lucas et Jackie Berroyer. Mais disons le tout de suite, Calvaire n’est pas franchement à la hauteur de nos espérances.
La réalisation du film, pourtant bien amenée, est toute à l’honneur de Fabrice du Welz.
Sa technique, très "pelliculée", donne un aspect granuleux rude et dérangeant (style visuel proche de Collatéral). Le ressenti pour le spectateur n’en est que plus fort, son malaise plus grand, renforcé par le côté expérimental du film. La quasi absence de partition musicale (un compositeur, Vincent Cahay, est pourtant crédité au générique) n’est qu’un atout supplémentaire pour renforcer l’atmosphère.
Néanmoins, après un générique et une introduction à l’hospice alléchante, on attend, on attend… et en un sens, on attend toujours. Les deux acteurs principaux sont à l’aise dans leur rôle, mais la mayonnaise ne prend pas, la tension se traîne sans réellement étreindre le spectateur. La terreur si ardemment espérée reste à l’entrée de la salle de cinéma.
La faute reviendra peut-être à un manque d’originalité... En effet, il n’est pas forcément évident pour Calvaire de se démarquer de ses références, et ces dernières sont par moment un peu trop flagrantes, que ce soit par l’aspect séquestration, tout droit tiré de Misery, ou l’aspect cortège de cinglés, par Massacre à la Tronçonneuse (la référence à ce dernier lors du passage du repas est un peu trop évidente). Jackie Berroyer, avec son visage de bonhomme sympathique, peine à effrayer, alors que Laurent Lucas, avec son visage nuancé au croisement d’un enfant et d’un psychopathe, paraît plus inquiétant.
Enfin, la séquence du bar est malheureusement trop caricaturale pour être réellement angoissante.
Malgré toute la bonne volonté des acteurs en présence, on ne peut s’empêcher de demeurer sur un sentiment de gâchis. Il est dommage que tellement de bons ingrédients ne donnent qu’une belle entrée, alors que le plat paraissait si copieux.
A voir : mouais…un film d’épouvante européen est, somme toute, assez rare…
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, laissez vous tenter pour son aspect expérimental et pour la prestation des acteurs
Arnaud Weil-Lancry