Il suffit de voir une image de Capitaine Sky pour comprendre qu’on n’a pas affaire à un film commun. Chaque image semble plus travaillée qu’une photo, tant les décors en images de synthèse que la lumière. Jude Law et Gwyneth Paltrow se démènent dans cet univers. En vain ?

Capitaine Sky et le monde de demain
Titre original : Sky Captain and the World of tomorrow
USA, 2004
Réalisateur
 : Kerry Conran
Acteurs : Jude Law, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Giovanni Ribisi, Michael Gambon, Laurence Olivier
Durée : 1h45

L’histoire
New York, années 30. Une armée de robots gigantesques attaquent la ville. La journaliste Polly Perkins, épaulée par l’intrépide capitaine Sky, tente d’éclaircir la situation en suivant la piste de savants allemands enlevés.


La critique

Rien que par sa conception, Capitaine Sky avait déjà tout de l’événement 
: aucun décor naturel ou construit, tous les acteurs ayant tourné devant des fonds bleus. L’image a ensuite été retravaillée à l’extrême pour donner un look années 30 plus vrai que nature. Pour en finir avec le volet technique, n’oublions pas que le méchant est joué par… Laurence Olivier, grâce au traficotage par ordinateur d’images d’archives. On ne peut qu’admirer l’esthétique du résultat, et chaque image ou design (vaisseaux, robots…) est très réussi. On ne note que quelques effets moyennement réussis (quelques incrustations, et le squelette en image de synthèse de la fin qui s’écrase de façon bien peu réaliste). Si l’aspect visuel du film est important pour vous, vous allez vous régaler.


Mais est-ce bien suffisant ?
Bien sûr que non, il faut aussi une histoire, et tout le reste pour faire un film. De même que pour l’aspect visuel, Kerry Conran a essayé de retrouver l’ambiance des films des années 30 ou 40. Selon votre sensibilité au cinéma de ce temps, vous allez donc trouver cela délicieusement désuet ou vraiment trop tarte. Le tout reste, tous goûts mis à part, assez insuffisant. Le moteur de l’histoire, révélé en cinq minutes à la toute fin, n’est pas inintéressant, mais les péripéties à franchir pour l’atteindre sont aussi linéaires que plates. Les personnages n’évoluent pas et restent très cliché, à part peut-être celui d’Angelina Jolie, plus haut en couleurs, mais dont le rôle reste court. Les deux tourtereaux nous la jouent à la Hepburn-Tracy (je t’aime, mais je ne peux pas te sentir, mais je t’aime), le second degré en moins. Tous les acteurs restent d’ailleurs assez sobres, sans convaincre vraiment. Le scénario repompe en plus pas mal de thèmes et de décors (un fort goût d’Indiana Jones, le charme en moins, les robots de Miyazaki, la conspiration issue de recherches allemandes comme dans par exemple L’Échelle de Jacob…), ce qui peine un peu à lui donner une homogénéité. Sans compter quelques trous dans l’histoire : que quelqu’un m’explique ce que Dex a bien pu trianguler pour arriver à localiser une mine abandonnée au Tibet.


Mais au final, est-ce qu’on prend plaisir à ce film d’aventures à l’aspect original ?
Ça dépend. Ça dépend de votre indulgence. Si vous êtes prêt à plonger dans cette aventure sans vous poser de questions et sans attendre que le scénario s’en pose, vous vous émerveillerez devant l’imagerie et l’imagination qui baigne le film, vous apprécierez une aventure sans temps mort, et vous passerez un bon moment. Si vous attendez un peu plus d’un film, vous regretterez le rythme un peu mou, les personnages un peu mous, la musique pas top, les dialogues à 2 de tension, et vous vous ennuierez un peu, sans manquer d’apprécier le design, tout de même. Choisis ton camp, camarade !

A voir : si vous vous sentez d’humeur peu critique
Le score presque objectif : 6,5/10 avec un peu de recul, 7,5/10 si vous marchez à 100%
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, c’est beau, et ça peut vous plaire. Ou pas trop.

Sébastien Keromen