Je n’aime ni Anne Parillaud, ni Judith Godrèche, et encore moins Mathilde Seigner. Dans ce cas, pourquoi aller voir Tout pour plaire, le dernier film de Cécile Telerman ? Par masochisme ? Non par pure curiosité... Restez et lisez…
Tout pour Plaire
France, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur(trice) : Cécile Telerman
Acteurs : Mathilde Seigner, Judith Godrèche, Anne Parillaud
Durée : 1h45 min
L’histoire
Trois jeunes femmes de 35 ans : Marie, Florence et Juliette. Trois amies qui réalisent ô combien trouver l’homme parfait st une chose ardue, de même qu’accéder à l’idée illusoire du bonheur…
La critique
Samedi. 15 heures 30. Paris. Opéra.
Presque trois semaines sans cinéma : trop d’évènements familiaux, trop de boulot, bref, vie privée égal zéro. Sans grand écran, je meurs, c’est l’horreur, la catastrophe, la fin du monde selon Saint Arnaud. A mi-chemin entre hospitalisation forcée et internement, j’hésite dans mon choix : l’actualité cinématographique est désespérante et j’ai tout vu, ou presque.
Je commence à faire la queue, déjà passablement irrité par l’adolescent attardé devant moi qui me donne clairement envie, par son attitude de primate dégénéré de lui faire traverser un pare-brise… Non, je vais plutôt lui arracher le cœur… Agacé par la file qui ne s’amenuise pas, je change de cinéma (vive les miracles des cartes illimités). Misère de misère, c’est encore pire… Je ne vais quand même pas me farcir Vaillant quand même ? Sinon, Tout pour plaire ? Mouais, bof…
La bande annonce m’a déjà donné envie de déguerpir. De plus, les actrices m’insupportent, d’autant plus que tout est prévisible à trois kilomètres : un film sur la vie sentimentale des femmes, avec Anne Parillaud en femme décharnée, Seigner en agressive désespérée, et Godrèche en neuneu blondinette casse-pieds. Bon… Allez, j’y vais…
La surprise fut à la hauteur des préjugés : le dernier film de Cécile Telerman est une comédie légère et rafraîchissante, donnant logiquement la part belle aux femmes. Le cinéma, c’est un peu comme un dvd hongkongais : on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
Tout pour plaire n’existe bien évidemment que pour servir ses trois actrices, pas forcément dans leur meilleur rôle, mais dans une peau qui leur va comme un gant. Ironiquement, c’est justement là où l’attente était la plus prévisible qu’elle est la plus efficace. En effet, Seigner, Godrèche et Parillaud incarnent chacune une femme en totale continuité avec son apparence physique et c’est justement cette symbiose qui donne toute consistance à leur personnage. Chacune est à sa manière très convaincante : Anne Parillaud en femme abandonnée ayant perdu le goût d’aimer, Judith Godrèche en nunuche frustrée en mal d’aventure et de liberté. Enfin, Mathilde Seigner en délicieuse hargneuse à moitié convaincue qu’elle trouvera un homme à force de personnalité.
Le dernier film de Cécile Telerman (en fait son premier long-métrage) fait immanquablement penser au Cœur des Hommes, dont il paraît être le versant féminin. Mais l’œuvre dont nous parlons aujourd’hui est à mes yeux bien plus réussie dans sa capacité à retranscrire et à communiquer les émotions. Nos trois héroïnes sont tour à tour énervantes et touchantes, avec une interprétation qui fait mouche à presque tous les coups. Les hommes, eux, sont les éternels absents et n’apparaissent que pour servir de faire-valoir à leur femme… Le seul à vraiment se démarquer est Pascal Elbé (excellent fils cadet de Philippe Noiret dans Père et fils), dans une très juste interprétation d’un banquier perspicace oscillant efficacement entre humanité et intransigeance.
Sa présence comble parfaitement l’espace laissé libre dans Tout pour plaire à un minimum de virilité.
Indépendamment de leur qualité d’actrices, nos trois donzelles sont soutenues par une direction adroite, soit, mais surtout par un scénario et des dialogues génialissimes. Le travail de Cécile Telerman (encore elle) aux côtés du scénariste Jérôme Soubeyrand est impressionnant, les répliques mordantes et le ton coupant, parmi les plus efficaces que j’ai pu entendre ces dernières années. Si on ne rit pas à gorge déployée, on est continuellement surpris par l’originalité et par la trouvaille du scénario.
Légère faute de goût dans ce décors limite parfait : une promotion presque agressive de la marque danoise de Haute-Fidélité Bang & Olufsen (décidément à la mode dans les films français de ces dernières années), présente sur un nombre très important de plans.
Enfin… ce n’est pas cela qui gênera notre plaisir, car si faute de goût il y a, le film constitue néanmoins un bel hommage aux femmes, dont le clou se situe lors de la découverte par Marie du portrait que son mari a fait d'elle.
Tout pour plaire n’est assurément pas un chef d’oeuvre, mais il remplit son cahier des charges de comédie sentimentale en nous faisant passer un moment frais et distrayant.
Que demander de plus ?
A voir : Ah les femmes…
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, Ah les femmes (bis)…
Arnaud Weil-Lancry