Une telle distribution ne pouvait pas laisser indifférent...: Catherine Frot et André Dussolier réunis dans le dernier film de Pascal Thomas, Mon petit doigt m’a dit, en voilà une perspective réjouissante !
Et il dit quoi, mon petit doigt ? Que j’aurais mieux fait de rester chez moi.
Mon petit doigt m’a dit
France, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur : Pascal Thomas
Acteurs : André Dussolier, Catherine Frot
Durée : 1h45 min
L’histoire
Prudence Beresford est une jolie grand-mère dont le passe-temps préféré est de mettre son nez dans ce qui ne la regarde pas, au grand dam de son mari, Bélisaire. Par sa faute, le couple va se retrouver embarqué dans une drôle d’aventure, à la recherche de Rose Evangelista, une retraitée récemment « disparue »...
La critique
Sur le papier, le film sentait pourtant le succès annoncé.
Sans bénéficier d’un important tapage médiatique, le dernier film de Pascal Thomas avait pourtant fait parler de lui par une bande annonce alléchante tout à fait dans l’esprit du film, et une affiche originale, intéressant compromis entre le film policier des années cinquante et une pièce de théâtre.
Toutefois, malgré ces préliminaires réussis, les dix premières minutes du film font complètement déchanter. On assiste à une Catherine Frot complètement débridée (je vous l’accorde, ce n’est pas un mal) qui vous balance toute une série de répliques qui se veulent amusantes, mais qui au final ne font pas plus d’effet qu’un pet dans l’air. Cette introduction ôte d’emblée toute surprise au film car les personnages se dévoilent complètement, laissant apparaître le cliché de l’épouse source de tous les maux par son entêtement et le mari, éternel raisonnable.
Face à ce début plongeant la salle dans l’hilarité mais votre rédacteur dans le doute, on se demande clairement : mais dans quelle direction part-on ? Et bien justement, on part dans tous les sens.
C’est d’autant plus regrettable que le film n’est pas dénué d’avantages.
En effet, Pascal Thomas fait preuve de beaucoup de style dans sa réalisation, que ce soit par la photographie (jeu subtil d’ombre et de lumière) ou par une bande sonore parfaitement adaptée au film. Ces deux aspects techniques contribuent fortement à créer une atmosphère mystérieuse, entre fantastique et intrigue policière. Ce mixage est vraiment réussi et on se plaît (du moins au début) à voir l’enquête de Prudence débuter. Cette enquête se fait néanmoins de manière trop progressive à mes yeux, ce qui est certes en conformité avec l’atmosphère souhaitée par le réalisateur, mais qui impose un cruel manque de rythme au spectateur. Cette déficience pose un réel problème pour rentrer dans le film, et n’est que partiellement compensée par la qualité des acteurs, logiquement excellents, même si Catherine Frot est limite agaçante.
La situation ne s’arrange pas forcément lors de l’arrivée de Prudence et Bélisaire dans le village cible de l’enquête, pourtant parfait décors pour déterrer ce qui n’aurait pas dû être enterré, dans la plus pure lignée du polar français typique du dimanche soir.
C’est malheureusement à ce moment précis que le bât blesse car Pascal Thomas part dans tous les sens en cherchant à mêler de multiples histoires, chacune étant une plus ou moins bonne alchimie entre onirisme, fantastique et genre policier. Cet égarement finit par perdre le spectateur qui se demande en fait si tout cela en valait bien la peine…
Une belle coquille ne fait pas un bon film. Malgré une atmosphère et des dialogues réussis, Mon petit doigt m’a dit ne parvient jamais à prendre de l’envol et le seul sentiment qui nous gagne est un ennui certain, mâtiné d’agacement. Nos deux compères, dans leur registre habituel (réussi, certes) font leur maximum pour sauver le film, sans succès.
Oscillant en permanence entre fantastique et policier, Pascal Thomas parvient rarement à trouver le ton juste et c’est bien dommage...
Au fait, j’ai omis le fait que ce film était inspiré d’Agatha Christie… Et alors ?
A voir : mouais, pas franchement convaincu…
Le score presque objectif : 5,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, on a vu mieux…
Arnaud Weil-Lancry