Un monde peuplé de robots en images de synthèse vous appelle. Après le passé de l’Âge de glace, Chris Wedge vous emmène dans le futur, pour un tour de manège qui n’amusera que les enfants

Robots
Titre original : Robots
USA, 2005
Réalisateur : Chris Wedge, Carlos Saldanha
Voix : Ewan McGregor, Halle Berry, Greg Kinnear, Robin Williams, Mel Brooks, Stanley Tucci, Dianne Wiest, Drew Carey, Jim Broadbent, Jennifer Coolidge, Paul Giamatti, Jay Leno pour la VO, Vincent Cassel, Monica Bellucci, Edouard Baer, Elie Semoun, Jean Rochefort, Virginie Efira pour la VF
Musique de : John Powell
Durée : 1h30

L’histoire
Rodney est un jeune robot qui veut devenir inventeur. Arrivé à Robotville où il veut trouver du travail, il déchante : la mode n’est plus aux inventeurs. Mais qu’est donc arrivé à Bigweld, le plus grand inventeur de tous les temps et directeur de la Bigweld company, qui, hier encore, aidait les autres robots ?

La critique

Dans la déferlante de films en images de synthèse qui assiègent nos écrans, on peut à peu près distinguer deux tendances : ceux qui tentent d’en mettre plein les yeux, et ceux qui en profitent pour raconter des histoires extraordinaires. Pour ne vexer personne, je ne citerai pas quels films je mets dans quelle catégorie (quoi que les Pixar vont majoritairement dans la seconde), mais concernant Robots, aucun doute ne subsiste : plein les yeux. Enfin, ça, c’est pour l’intention, pas obligatoirement pour le résultat. Parce que le film est conçu finalement plus comme un grand tour de manège que comme une histoire, et on ne compte pas les poursuites, transports qui vont à la vitesse de la lumière, débauche de robots en tout genre, à défaut d’avoir le temps de camper des personnages et une histoire.
Le principe de l’histoire aurait pourtant pu être intéressant : dans un monde futuriste et moderne, prôner l’utilisation de la récupération et refuser le progrès trop cher, c’était un parti pris culotté. Qui va bien sûr se réduire en un affrontement entre les gentils robots en pièces usagées et le méchant entrepreneur mégalomane, avec prises de conscience qu’il faut aider son prochain en bonus. Rien de scandaleux dans le principe mais rien de nouveau sous le soleil robotique. Les personnages, pourtant aidés par un casting de choix, restent désespérément unidimensionnels, résumables en un seul adjectif. Seul Robin Williams arrive à insuffler un peu de vie à son robot déglingué, mais on n’en attendait pas moins de lui. À vrai dire, le casting américain confine un peu au gâchis, avec des acteurs dont les voix ne sont pas très caractéristiques ni reconnaissables. Peut-être le casting français serait-il pour une fois préférable (mais je ne l’ai pas vu). Comme de toute façon le film s’adresse clairement aux enfants, le doublage VF sera vainqueur.

Côté réalisation, c’est mitigé : à la fois réussi et peu convaincant. Pris indépendamment, les robots semblent bien conçus et dessinés, mais quand vous mettez tout le monde côte à côte, l’ensemble est loin d’enthousiasmer, comme si le design avait été paresseux. L’animation ne pose pas de problème (du moment que ça ne vous choque pas que des robots déforment leurs bouches de métal pour parler), le tout gardant un aspect beaucoup plus dessin animé que réaliste. Côté gags, on ne peut pas se plaindre de leur nombre, ça n’arrête pas. Par contre, on peut objecter sur leur qualité (le concours de robots qui imitent les pets avec le bras – mais si, vous savez, en coinçant une main sous l’aisselle –, ça désole un peu), mais surtout sur leur rythme : tout va tellement vite que le temps qu’on saisisse un gag (souvent des parodies, comme le gag irrésistible de Dr Maboul), il est déjà fini, et surtout un nouveau gag est déjà en cours. Pas de temps de rire, faut se concentrer pour pas rater le gag suivant, c’est tout de même un peu dommage.

En résumé, si Robots n’est pas honteux, il reste finalement fortement dispensable, se rapprochant plus du tour de manège que du film. On rit parfois, mais le rythme par moments trop rapide et par moments trop lent, ainsi que l’accumulation d’un grand nombre de gags quitte à ce qu’ils ne soient pas tous drôles, gâche un peu le plaisir du spectateur. Seuls les gamins y trouveront leur compte (et pour eux, ça va être un grand moment, si j’en crois les hurlements de rire qu’il y avait dans la salle). Mais si vous avez passé l’âge où un robot qui tombe juste en morceaux vous fait rire, ne vous attendez pas à un film futuriste robotique. Juste un dessin animé robotoc.

A voir : pour les enfants
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, sitôt vu, sitôt pas beaucoup ri, sitôt oublié

Sébastien Keromen