Une distribution inconnue ou presque... un réalisateur inconnu… et la dernière production thriller-horreur actuelle, Creep, de Christopher Smith avec Franka Potente. Vous ne les connaissez pas ? Je vous l’avais dit. Et Creep ? Inconnu aussi, hum ? Et bien honnêtement, il y a de fortes chances pour qu’il le demeure…
Creep
Royaume-Uni, Allemagne, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur : Christopher Smith
Acteurs : Franka Potente, Vas Blackwood, Jeremy Sheffield
Durée : 1h25 min
L’histoire
Une soirée à Londres… Kate, ravissante jeune femme, s’endort en attendant le métro. A son réveil, elle découvre, affolée, que les issues sont fermées par des grilles. Un métro arrive, dans lequel elle s’engouffre, un peu inquiète. Soudain, il s’arrête entre deux voies et les lumières s’éteignent… Le cauchemar peut commencer…
La critique
Le millésimé horrifique 2005 est décidément bien décevant…
Ah la la... Les vaches sont bien squelettiques cette année dans le registre slasher movies… Entendez par là le type de film où un individu en général complètement fêlé cherche à occire une troupe de jeune gens. Après Saw et Calvaire, qui ont franchement constitué des déceptions, on était en droit légitime d’espérer un peu de baume au cœur avec Creep, non ? C’est raté, ce film ne va pas relever le niveau, et il va falloir repasser par la case départ pour trouver de quoi frémir copieusement…
Comme écrit dans bien des résumés, une fois les lumières éteintes, le cauchemar peut commencer, mais pas forcément pour celui qu’on croit... Car si le film se déroule dans l’obscurité, Christopher Smith n’apporte pas la moindre esquisse de lumière dans un film qui se perd complètement dans le brouillard.
Une introduction pourtant réussie…
Cette mise en bouche est réussie de plusieurs manières.
Tout d’abord, l’affiche du film, jouant sur les paradoxes est franchement efficace : elle parvient à nous exciter en mélangeant un aspect « déjà-vu » respectueux avec d’autres éléments ostentatoires plutôt faciles. Par exemple avec la main ensanglantée qu’on peut voir sur l’affiche : cela manque de subtilité mais cette main fait pourtant immanquablement penser à l’affiche du Blob (Chuck Russel) et du remake Psycho (Gus Van Sant). Ce point commun restitue tout à fait l’aspect d’enfermement, d’étouffement, et de mystère qu’on s’apprête à retrouver dans le film. De la même manière, le nom de Franka Potente apparaît en très gros sur l’affiche alors qu’elle est peu connue : l’affiche aurait gagné en efficacité en étant plus sobre. Néanmoins, l’effet fait mouche et donne tout de même envie d’entrer dans la salle de cinéma par son côté suggestif assez prononcé.
Le générique du film est tout à fait dans le même ton et laisse espérer (grâce à un style visuel « clippé ») un film angoissant, nerveux et effrayant. Cette introduction intéressante se termine directement sur Franka Potente, héroïne du film, qui interprète Kate, une jeune femme très sûre d’elle, qui va se retrouver dans un des sous-sols de l’Enfer. Cette assurance chez elle est encore plus amusante, car on va la voir se décomposer complètement au fil du film, pour terminer au final dans une posture particulièrement ironique : celle d’un des personnage du film qu’elle avait eu tendance à mépriser.
Notre chère Kate n’est toutefois pas la seule à se décomposer puisque le film embraye rapidement sur cette pente catastrophique.
L’expérience est peut-être en cause, mais Christopher Smith ne maîtrise vraisemblablement pas son sujet…
Des règles pourtant assez basiques dans ce type de film ne sont pas assez respectées, et donc font cruellement défaut. Certains éléments sont indispensables à la réussite des films épouvante-horreur : en général, la réussite tient soit à une ambiance meurtrière, soit à un groupe de victimes-suspects.
Dans le premier cas, vous vous trouvez dans un film où le meurtrier est connu de tous ou bien dont on se moque complètement de l’identité. L’intérêt du film résidera non pas dans l’identité de l’assassin, mais dans l’atmosphère du film, son rythme, mais surtout dans les conditions abominables dans lesquelles les héros se feront massacrer (ex : Freddy, Jason…).
Dans le second cas, un groupe de personnage est présent et ils sont à la fois victimes et suspects… on passera le film à chercher l’assassin (ex : Scream).
Creep échoue complètement sur ces plans : l’ambiance n’a de sombre que l’éclairage (quel dommage de gâcher un tel potentiel horrifique lié à l’obscurité), il y a peu de personnages, et les meurtres de ces derniers ne font ni chaud ni froid car on ne les voit pas. Il sont certes suggérés, mais l’ambiance ne parvient pas du tout à communiquer un quelconque frisson au spectateur. Frustrant et désespérant, sans le moindre sentiment de divertissement… La découverte du psychopathe de service m’a uniquement fait penser à une version humaine de divers orques ou gobelins issus du Seigneur des Anneaux. Ses hurlements font penser à une porte rouillée et j’ai souvent souhaité lui demander de la fermer. C’est peu... peu et peu…
… et ne rattrape en rien son projet qui finit par s’échouer lentement mais sûrement.
Tout n’est pourtant pas à jeter car Franka Potente est assez correcte, mais c’est tout. A elle seule, elle ne peut assurer la réussite de ce film qui reste sage et timoré et qui nous saisit seulement la cheville alors qu’il a le potentiel pour nous étrangler. Les erreurs s’accumulent, par exemple, une ou deux idioties scénaristiques (la scène de la fuite), ou bien des séquences tellement prévisibles qu’elles en deviennent ridicules. Enfin, le cliché du black qui interprète le rigolo de service devient irrémédiablement lassant (eh oh… y a quelqu’un ? Le Flic de Beverly Hills, c’est fini…).
La seule et unique bonne idée du film est gâchée en quelques secondes, lorsqu’il s’agit d’humaniser le monstre (belle tentative ratée d’un hommage au Jour des Morts Vivants).
La séquence est courte, inexploitée, en un mot, perdue.
Au final… C’est quand que je peux m’en aller ?…
Au final, on en vient à souhaiter la même chose que Kate : que le cauchemar finisse et qu’on parvienne enfin à une station qui nous permettra de nous diriger vers le panneau lumineux « Sortie ».
A voir : oui ? non ? Attendez, on va le faire à pile ou face
Le score presque objectif : 4,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, j’ai vraiment du mal à vous le vendre celui-là…
Arnaud Weil-Lancry