Nicole Kidman et Sean Penn, belle tête d’affiche, non ? Si en plus c’est dans un thriller dirigé par Sydney Pollack, l’homme des 3 jours du condor, on salive d’avance. Mais seuls les amateurs de suspense s’y retrouveront vraiment.
L’Interprète
Titre original : The Interpreter
USA, 2005
Réalisateur : Sydney Pollack
Acteurs : Nicole Kidman, Sean Penn, Catherine Keener, Yvan Attal
Musique de : James Newton Howard
Durée : 2h
L’histoire
Interprète à l’ONU, Silvia Broome surprend un soir une conversation dans un dialecte africain, laissant à penser qu’un dictateur africain va être assassiné. Entre recherche de la vérité et sa propre protection, assurée par un agent fédéral, les zones d’ombre de son passé vont être mises en lumière.
La critique
Autant certains films essaient d’inventer des choses, de renouveler un genre, d’innover, autant certains se contentent de respecter un cadre donné, et de tenter d’y faire le meilleur film. L’Interprète fait partie de ces films de genre qui ne dévient pas de leur archétype, ici le film de suspense. Déjà, si vous cherchez autre chose qu’un triller, vous pouvez changer de salle. Même s’il est saupoudré de politique internationale (la situation de certains pays d’Afrique) et d’une vague amourette entre deux âmes blessées, le corps du film reste un thriller. Pas mal foutu, d’ailleurs, et ne laissant aucun instant pour respirer. Le scénario accumule les pistes et fausses pistes, non sans se vautrer par moments. Par exemple, il joue sur la possible implication de Nicole Kidman dans le complot, alors que les 10 premières minutes établissent de façon à peu près irréfutable qu’elle n’y est pour rien. On remarquera aussi l’histoire d’un cheveu trouvé sur le lieu d’un crime, ce qui ne servira d’ailleurs à rien, mais bon, et dont le méchant (c’est plus compliqué que " méchant ", mais je simplifie) est informé dès la scène suivante. Là, je me dis : il y a un traître dans les services secrets, obligé, sinon comment il saurait qu’ils ont trouvé un cheveu ? Et ben non, pas de traître, va savoir comment il avait l’info (ou alors il a regardé le film avant, comme dans la Folle histoire de l’espace ?). C’est pas super grave, mais quand le scénariste se perd dans son histoire, imaginez un peu le spectateur.
Bien qu’on ne suive pas toujours tout, le rythme et la musique du film suffisent à laisser le spectateur haletant et impatient de voir la suite. Et à vrai dire, si chaque scène a la dynamique pour nous tenir en éveil, on ne peut pas vraiment en dire autant de l’enjeu global : l’horrible dictateur d’un pays d’Afrique, qui a tué des milliers de gens, va-t-il être assassiné à l’ONU ? Est-on vraiment motivé par son sauvetage ? Comme en plus, pour ne vexer personne, son pays est imaginaire (et on y parle le Ku, qu’on prononce " Khou ", mais qui ne lasse pas de faire marrer dans les sous-titres), on se sent très peu concerné.
Le film essaie d’ajouter à son thriller un doigt de romantisme et d’êtres en perdition. Nicole Kidman (aussi belle et lumineuse que d’habitude) et Sean Penn s’y emploient fort bien, ça donne un peu de substance à leurs personnages, mais comme finalement leur sort n’est pas tout à fait au centre du suspense, ça fait un peu hors sujet. Pour revenir une dernière fois à la dictature africaine au centre du thriller, Sydney Pollack en profite pour dépeindre de façon crédible un pays en guerre civile entre différentes factions. Pour le coup, ça apporte pas mal au background de l’histoire. Le réalisateur nous livre un film de belle facture (avec quelques abus de plans flous qui deviennent nets), bien éclairé (Darius Kondji à la photo oblige), avec une musique qui a la pêche (James Newton Howard oblige), bien interprété (les seconds rôles, notamment Catherine Keener, sont excellents). Rien que du bien fait, donc, pour un thriller assez classique et un peu trop chargé dans son scénario.
A voir : si vous aimez les thrillers, ou juste pour Nicole Kidman
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, vous ne vous ennuierez pas, mais ça reste un film classique
Sébastien Keromen