Miracle pour les uns, hécatombe pour les autres, Batman revient sur nos écrans sous le nom de Batman Begins. C’est Christopher Nolan, réalisateur de l’étonnant Mémento qui s’attelle à cette tâche, avec Christian Bale dans le rôle de l’homme Chauve-Souris... Alors ? Alors quoi ? Vous voulez savoir s’il en vaut la peine ? D’accord, d’accord… vous avez gagné. Réjouissez-vous, Batman est ressuscité et très bien portant pour un macchabée !

Batman Begins
Etats-Unis, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : Christian Bale, Katie Holmes, Michael Caine, Gary Oldman, Liam Neeson, Rutget Hauer, Cillian Murphy, Morgan Freeman
Compositeur(s) : Hans Zimmer, James Newton Howard
Durée : 2h19 min, Genre :  Fantastique, Date de sortie : 15 juin 2005          
Lien vers le site officiel : Batman Begins

L’histoire
Torturé par un profond sentiment de culpabilité et de haine suite au meurtre de ses parents, Bruce Wayne décide de partir à travers le monde… Son but : trouver un moyen pour lutter contre l’injustice. Ce moyen, il va le trouver au contact de la Ligue des Ombres, dirigée par l’énigmatique Ra’s Al Ghul.
La critique

The Dark Knight is back
Quelle tâche ingrate et ardue que celle de faire revenir Batman d’entre les morts… En matière de challenge, Christopher Nolan aurait difficilement pu choisir franchise plus maudite que celle-là, si bien débutée et si douloureusement massacrée. Tim Burton, réalisateur des deux premiers opus avait certes créé un film radicalement différent du comics, mais qui pouvait se vanter de bénéficier d’un charisme et d’une atmosphère sans égal, bien sûr rehaussé par les inoubliables partitions de Danny Elfman. La consécration vint avec Batman Returns, un des plus beaux films des années 90, permettant ainsi à Michael Keaton, Michelle Pfeiffer et Danny de Vito d’entrer dans la légende… Légende déchiquetée par les calamités infâmes que tous connaissent : Batman Forever et Batman et Robin. Il est certes aisé de passer après les deux productions de Joel Schumacher mais c’est une autre paire de manche que de succéder à Tim Burton. La seule solution pour Christopher Nolan était de tenter de créer un Batman totalement nouveau, mais surtout radicalement différent de ses prédécesseurs.
L’arrivée de Batman Begins fit donc naître un battage médiatique des plus fracassants, très précoce (publicité en vue vers le mois de mars), mais surtout mitigé, à cause d’affiches extraordinaires et d’une bande annonce clairement foireuse. Cette dernière lorgnait ostensiblement du côté de The Shadow  (Russel Mulcahy) par son côté parcours initiatique dans un coin reculé de l’Asie. Sachant The Shadow plutôt kitsch, on pouvait craindre pour Batman Begins. Craintes infondées car aussi incroyable que cela puisse paraître, l’exploit est réalisé : Batman Begins est différent, sombre, mais le plus important : il est réussi.
Un rythme ambigu
Par son souci du respect du mythe et donc, de s’étendre sur la genèse de l’homme chauve-souris, Christopher Nolan soigne peut-être le fan aux petits oignons, mais laisse le spectateur sur des charbons ardents. En effet, cette première partie met particulièrement bien en avant l’histoire (et donc la personnalité) de Bruce Wayne et lui apporte beaucoup en crédibilité, mais parfois au détriment du rythme. Christian Bale y est pour beaucoup dans cette réussite car l’acteur britannique y développe un jeu sensible et inspiré, servant la dualité Bruce Wayne/Batman de manière autrement plus convaincante que ses prédécesseurs, Michael Keaton inclus. Ses craintes, ses angoisses, ses peurs sont palpables et vibrantes et Christopher Nolan y accorde à juste titre beaucoup de temps… mais la prépondérance de ces dimensions pourra rebuter les plus avides d’action car cette dernière ne survient que tardivement, après une heure de film. Mais à mes yeux, l’équilibre final du film n’en est que plus renforcé.
Rassurez-vous, la deuxième partie offre son lot de séquences d’action et autres courses poursuites interminables mais aussi de combats. Ceux-ci paraissent bénéficier d’une chorégraphie soignée au premier abord, mais au final particulièrement chaotique, plutôt montés n’importe comment et renvoyant les pires séquences de Daredevil au bac à sable. On en vient plus à tenter de décrypter ces passages qu’à les apprécier. Toutefois, le résultat n’est pas si mauvais puisque cet aspect visuel extrêmement saccadé mais surtout, furtif, accentue la noirceur du personnage de Batman et rend enfin justice à son image de justicier de l’ombre. Il manque tout de même un je ne sais quoi à Batman Begins pour être définitif… un peu de charisme, ce quelque chose qui différencie très clairement un film d’un autre…


Drame contre Poésie
Bien nombreux sont ceux qui considèrent qu’un Batman sans Tim Burton ou Danny Elfman n’est pas un Batman. Christopher Nolan opta pour une alternative intelligente puisque son Batman Begins comprend une teneur dramatique très importante, pendant que les deux premiers opus s’approchaient du conte de fées. Le résultat en est surprenant puisque Batman Begins n’est pas moins captivant que Batman le Défi ou que le premier du nom.
Une fois n’est pas coutume car la partition musicale vient accentuer le tout avec beaucoup d’efficacité. Le nouveau thème batmanien concocté par Hans Zimmer et James Newton Howard (quel couple singulier) est très réussi que ce soit au firmament de l’action ou lors des scènes plus intimes entre Bruce et Rachel. Ces derniers, tout comme les autres personnages, sont interprétés de manière très crédible. Mention spéciale pour Michael Caine qui campe un Alfred particulièrement humain débordant d’humilité et d’affection. Christian Bale, quand à lui, ne fait que confirmer de film en film son immense talent de comédien, choisissant toujours ses longs-métrages de manière plus que judicieuse : Equilibrium, Le Reigne du Feu, The Machinist…

Batman Begins signe enfin son grand retour, tant espéré depuis les années Burton. Même si son film est légèrement entaché par quelques longueurs et une certaine précipitation dans le montage, Christopher Nolan ressuscite enfin the Dark Knight, avec un Batman personnel et convaincant. Chapeau !

A voir : que je dise oui ou non, vous irez le voir pour en avoir une idée alors…
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, La résurrection de l’Homme Chauve-Souris en vaut clairement la chandelle !

Arnaud Weil-Lancry