Avec son Atlas routier de France, Hachette multimédia vient marcher sur les platebandes du mastodonte Microsoft qui détient ce marché (encore un !) avec son très efficace Autoroute Express. Face à une telle machine de guerre, Hachette se devait de proposer un plus attractif, ce qu’il se propose de faire en s’étant associé à deux poids lourds du tourisme : Le Guide du Routard et les Guides Bleus. Ainsi ce logiciel sur CD-ROM se décompose en trois volets : la planification d’un itinéraire, la recherche de petits restaurants et hôtels sympas et enfin un guide touristique.
Pour les besoins de ce test, j’ai préparé un petit voyage fictif en Alsace (très belle région !) en partant de Paris.
1. Planification de l’itinéraire
Sur un schéma très classique, que l’on retrouvera également sur grand nombre de sites Internet, il faut saisir l’adresse de départ, l’adresse d’arrivée et d’éventuelles étapes intermédiaires pour que le logiciel puisse déterminer le meilleur itinéraire. Pour affiner les calculs de l’ordinateur il est possible de préciser la consommation de la voiture, la vitesse moyenne, les préférences de routes (autoroutes, péages autorisés…). Dés la saisie on constate que le logiciel est assez poussif (sur un Pentium 4 - 3GHz avec 1 Go de Ram !) car il cherche à retrouver l’adresse au fur et à mesure de la saisie dans sa base de données. Pour Paris c’est l’horreur ! Dés qu’on a tapé ‘rue’ il faut de longues secondes pour retrouver la main, à moins de taper très vite ou de faire un copier/coller de l’adresse saisie ailleurs.
Une fois les adresses laborieusement saisies, le logiciel est dans la moyenne concernant le temps de calcul de l’itinéraire (quelques secondes). Malheureusement, ses choix ne sont pas toujours très logiques. Ainsi, l’Atlas me propose de prendre les boulevards extérieurs pour aller de la porte d’Auteuil à la porte de Bercy au lieu d’emprunter le périphérique. D’autant que les travaux du tram rendent la circulation impossible au niveau de la porte de Versailles. Ce dernier point est inconnu du logiciel puisqu’il ne se connecte pas à Internet pour se renseigner sur l’état du trafic.
Heureusement, la consultation de ce plan de route sera tout de même assez aisée car le logiciel propose d’imprimer un itinéraire avec de petits plans des différentes bifurcations. Ce document sera facile à consulter en voiture (par le copilote). Ceux qui sont équipés d’un ordinateur portable pourront éventuellement profiter du zoom très précis des cartes. On notera d’ailleurs, à propos de ces cartes, que l’on regrette l’absence d’indications de lignes de niveau, bien utiles en montagne. Il faudra donc les compléter avec une carte d’état major pour ne pas avoir de mauvaises surprises si on tire une lourde caravane !
Techniquement, les cartes sont issues de la bibliothèeque Navtech (en association avec Map & Guide) et proposent toutes les rues (pas les ruelles) de toutes les villes de France avec des indications de sens en cas de sens unique.
2. Choix d’un hôtel et d’un restaurant
A l’arrivée (et en cours de route) il est possible d’accéder aux fiches des restaurants et des hôtels sélectionnés par le guide du routard. Pour chaque établissement sélectionné (sur des critères de prix ou d’intérêt touristique), on pourra consulter les tarifs, les prestations et même obtenir l’adresse, le numéro de téléphone, l’e-mail ou l’adresse du site Internet (quand il existe). Voilà qui simplifie grandement la préparation d’un voyage.
Mais on regrette quand même les choix du guide qui laissent délibérément de côté les plus grandes tables, même quand leur tarif est raisonnable. Ainsi, à Illhaeusern, le guide bleu nous indique bien que le village est surtout connu pour « l’Auberge de l’Ill » du chef Haeberlin, mais le guide du routard ignore totalement ce restaurant (trois étoiles au guide Michelin quand même !). De même, aucun restaurant n’est proposé dans la petite ville de Rhinau (au bord du Rhin), alors que le « Vieux Couvent » du chef Jean Albrecht propose un enchantement de saveur à base de plantes du Ried qu’il cueille lui-même deux jours par semaine (restaurant une étoile au Guide Michelin et 15/20 au Gault Millau !).
Bref, à ce niveau le logiciel ne suffira donc pas et il faudra le compléter par un autre guide un peu plus exhaustif.
3. Informations touristiques
Dernière étape de notre préparation de voyage, le guide touristique est évidement la partie la plus importante puisque c’est le but même du voyage. L’intégration du ‘guide bleu’ est donc un bon signe. Malheureusement, là encore on souffre des choix arbitraires mais aussi du manque de précision de l’ensemble. Passe encore que le célèbre Château du Haut-Koenigsbourg soit situé à Orschwiller, à 10 km de son emplacement réel, mais l’oubli de la Bibliothèque Humaniste dans les musés et monuments de Sélestat est un sacrilège. Dans quel autre endroit de France pourra-t-on observer une dizaine d’incunables, des bibles de Gutenberg, une presse d’imprimerie du XVIIIème siècle et une superbe maquette interactive de cette ville phare de l’Humanisme ?
Mieux vaut donc, là aussi, ne pas se fier au seul logiciel pour préparer ses visites sous peine de rater pas mal de choses.
Conclusion
Malgré son gros autocollant se prévalant du Guide Bleu et du Guide du Routard, il vaudra mieux prendre l’Atlas Routier de France de Hachette pour ce qu’il est vraiment : un honorable logiciel de planification d’itinéraire en France et rien de plus. L’éditeur est toutefois sur la bonne voie et avec une base de données plus conséquente et des mises à jours régulières sur Internet, les prochaines versions auront peut-être une chance de faire de l’ombre au géant de Redmond sur ce marché.
Jean-Luc Richter pour DVDcritiques.com