Zatoichi
Titre original : Zatôichi
Japon, 2003
Réalisateur : Takeshi Kitano
Acteurs : Takeshi Kitano, Michiyo Ookusu, Yuuko Daike, Taka Gadarukanaru
Musique de : Keiichi Suzuki
Durée : 1h55

L'histoire :
Dans un village que s'arrachent plusieurs gangs de racket, un masseur aveugle mais expert au sabre, Zatôichi, va croiser la route d'un joueur invétéré, de sa tante paysanne, de deux fausses geishas, et d'un mercenaire tentant de sauver sa femme. Attention, ça va trancher !
Drôle de film… Vous en connaissez beaucoup, des films qui commencent par un aveugle qui découpe trois personnes au sabre, et qui finissent par un spectacle de claquettes en tongs ? Entre les deux, on a droit à beaucoup de combats et encore plus de sang, des histoires qui s'entrecroisent et un mec quasi tout nu qui court en criant autour d'une maison. Oui, un drôle de film, je vous le disais. L'histoire n'a pas trop d'intérêt. C'est un peu dommage, et ce pour deux raisons. La première est qu'elle aurait pu être réussie, puisqu'on suit d'une part la vengeance de deux fausses geishas, d'autre part un garde du corps voulant à tout prix gagner de l'argent pour soigner sa bien-aimée, d'une encore autre part une guerre des gangs, et d'une dernière part un masseur aveugle et expert au sabre. Malheureusement la première est un peu longuette, la deuxième trop survolée, la troisième assez confuse, et la dernière simpliste.
L'ensemble reste de toute façon assez confus. En plus des classiques " c'est qui, lui ? " inhérents à mes talents de physionomiste défaillants en particulier et au côté ils-se-ressemblent-tous-dans-les-films-asiatiques en général, le film va très vite sur les tenants et aboutissants de chaque information. Pour arranger le tout, le montage pose plusieurs problèmes. Le principal est de ne pas " faire croire " que les scènes se suivent. On a du mal à voir le lien entre la scène qui commence et celle qui vient de finir, et on se demande si, à l'instar de Hana-bi par exemple, on n'aurait pas droit à une narration non chronologique. Alors on mémorise bien les détails pour tout remettre dans l'ordre quand on aura compris… En vain : le film est bien en ordre chronologique, mais vraiment les enchaînements de scènes sonnent faux, comme si un apprenti monteur avait fait ses classes sur ce film. Résultat : on se concentre pour comprendre l'histoire, chercher les pièges, et on passe (presque) à côté du principal.
En effet, le scénario n'est qu'un prétexte à enchaîner les scènes. Ça aurait juste dû être un prétexte un peu plus simple. Mais les scènes, elles, valent le déplacement. En fait, le but du film est d'aligner des gros gags et des gros combats (oui, amateurs de finesse, vous ne serez sans doute que moyennement séduits). L'attrait principal consiste donc en ces combats au sabre qui tranche sans ciller l'acier, le verre, la pierre, le bois, et bien sûr la chair. Aux multiples démembrements on ajoutera une bonne quantité de sang en images de synthèse qui gicle partout. Le résultat est aussi tranchant que drôle, et comme le procédé se répète sur beaucoup de pauvres gens (à environ trente-et-onze morts, j'ai perdu le compte), on a tout le temps d'en profiter. Un avertissement aux amateurs de combats : on peut à peine qualifier les affrontements de combats, puisqu'ils se règlent tous en au plus trois coups de sabre, pas de combat superbe de dix minutes, donc (en dix minutes on aurait le temps de débiter une bonne vingtaine de quidams).
Entre deux boucheries, le rythme retombe un peu. Parfois pas trop, mais parfois jusqu'à l'ennui, comme cette scène contemplative où chacun se remémore son passé. Pas bien grave, mais on aurait pu s'en dispenser. Côté emballage, on a droit à une belle reconstitution du Japon historique, pas tout à fait crédible du fait du second degré, et aussi du fait que les acteurs ne portent pas très bien le crâne rasé. Encore une fois, pas bien grave. La musique, pour une fois pas signée par Joe Hisaishi (le compositeur habituel de Kitano), est étrange, avec peu de mélodies et un son assez synthétiseur, mais colle finalement plutôt bien au ton décalé de l'ensemble.

Au final, un film qui contient de bons morceaux de combats et de sang qui gicle, et quelques scènes comiques, mais un peu noyé dans une histoire alambiquée. Deux recommandations donc pour apprécier le film : aimer le gore et ne pas prêter attention à l'histoire. Et dans ce cas, vous partez pour un film délirant et original, drôle et exotique. Pas mal.


 



A voir ? : si les hectolitres de sang ne vous rebutent pas (et même vous attirent)
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, c'est quand même haut en couleurs

Sébastien Keromen