PALMARES DU FESTIVAL DU CINEMA AU FEMININ DE BORDEAUX 2005
Rapporté par Laurent berry

La 7ème édition du festival du cinéma au féminin de bordeaux s’est clôturée ce dimanche 9 octobre avec la projection des films primés par le jury des long-métrages et des court-métrages. La sélection de cette année était d’un bon niveau si l’on en juge par la diversité des nationalités représentées et de la difficulté pour le jury d’attribuer les vagues d’or. Une vague d'or spéciale de la mise en scène a été d’ailleurs créée par le jury pour l'occasion et décerné à Distortion, un film à la mise en scène particulièrement audacieuse sur le thème des attentats en Israel. Il s’agit à la fois d’un film choral qui utilise assez brillamment la mise en abîme en mixant des images cinéma, des images vidéo diverses et une pièce de théâtre jouée dans le film et dont la mise en scène prend à parti les spectateurs. Un film qui suggère une distorsion entre diverses réalités vécues par les différents protagonistes.

La vague d’or du meilleur film a été décernée à Ryna, un film très réussit où l’on suit le parcours d’une jeune femme de 16 ans obligée de se faire passer pour un garçon. L’histoire fait un peu penser à Osama (2003) de Siddiq Barmak mais dans un tout autre contexte. Un premier film qui met en scène une actrice dans un premier rôle parfaitement crédible dans des décors magnifiques. Le choix de ce film s’inscrit dans la philosophie du festival puisqu’il s’agit d’un film où les femmes doivent se défendre de la bêtise et des desseins des hommes dont l’image a été particulièrement mal menée par cette édition du festival.

Les vagues d’or de l’interprétation féminine et masculine vont respectivement à Annette Bening  dans Adorable Julia de István Szabó et Hannu-Pekka Björkman dans Pour les vivants et les morts de Kari Paljakka. Adorable Julia et une très bonne comédie sentimentale qui a beaucoup plu au public du festival. Il faut dire qu’on y découvre une Annette Bening  qui défend avec malice et facétie son territoire amoureux car à la guerre comme en amour tout est permis.  Hannu-Pekka Björkman incarne un père dont le fils meurt sous ses yeux sans qu’il ne parvienne à le sauver d’une voiture en feu. Le réalisateur finlandais a expliqué qu’il a voulu faire un film sur le type d’événement le plus terrible qu’il puisse arriver à un adulte : la perte d’un enfant. Le personnage est incarné avec une force masculine qui tend à vouloir assurer la partie forte du couple et de la famille mais qui sera submergé par un chagrin indicible.

Les courts-métrages se sont avérés extrêmement aboutit en général et la vague d’or a sans doute été discutée bien que le niveau de maîtrise affiché par Álvaro Giménez-Sarmiento, le réalisateur de Luminaria ne laisse planer aucun doute. L’histoire de Soraya aurait pu être développée en vue de faire un long-métrage. Luminaria bénéficie d’une excellente photo et d’une très belle lumière parfaitement en adéquation avec la mise en scène maîtrisée. L’utilisation de la mise au point du chef opérateur alternant les flous sur les visages exactement aux bons moments confère à ce court-métrage la facture d’un grand film. Pas de doute, il faudra compter avec ce jeune réalisateur à l’avenir. Comme cela a été le cas dans beaucoup des films en compétition, Une folle envie montre une femme forte qui évite que le cambriolage en tourne au fiasco. Un film dont l’ambiance fait un peu penser à Fargo sans pourtant en relever directement.Certains courts-métrages seront proposés sur le DVD du magazine Studio de Novembre (partenaire du festival).

Nous avons par ailleurs pu voir quelques-uns des films poposés en découverte ou avant-première dont On the Outs de Lori Silverbush, Na cidade vazia de Mario João Ganga ou Presque Frères de Lucia Murat mais co-scénarisé par Paulo Lins, réalisateur et scénariste sur la série TV La cité des Hommes et crédité sur La cité de Dieu. Nous avons également découvert Foon, un teen movie français très étonnant (OVNI) réalisé par Quiche Production dont on peut voir des sketchs sur Canal Plus (mieux maitrisé que le long-métrage qui finit par être un peu trop loufoque) et le film Un año sin amor de Anhai Berneri (une réalisatrice) qui suit un jeune homme homosexuel dont on découvre un pan d'une sexualité sado-maso qui n'a pas manquée de faire réagir le public, laissant échapper quelques frémissements ; les plus sensibles quittant la salle et s'interrogeant parfois sur l'abscence de censure.

Vous trouverez le détail des films programmés cette année sur le site officiel du festival à cette adresse www.cinemafeminin.com



PALMARES DES LONG-METRAGES

Jury composé de Marisa Berenson (comédienne /actrice), Présidente du Jury des Longs-métrages entourée de Jeanne Labrune (réalisatrice), Bernard Pierre Donnadieu (comédien/acteur), François Morel (comédien/acteur), Fanny Cottençon (comédienne/actrice)

RYNA
Vague d'or du meilleur film
Réalisation : Ruxandra Zenide
Avec : Dorothea Petre, Valentin Popescu, Mathieu Rozé, Nicolae Praida, Aura Calarasu, Theodor Delciu
Pays : Suisse, Roumanie, 2005
Delta du Danube, une petite ville isolée. Ryna,16 ans, a été élevée comme un garçon car son père l'exigeait. Mais ce travestissement ne peut plus durer. La jeune femme s'élève bientôt contre l'autorité paternelle et suit ses propres aspirations. Elle apprendra à ses dépens le prix de la liberté dans une société ancrée dans ses vieilles traditions.

ADORABLE JULIA 
Vague d'or de l’interprétation féminine
Réalisation : István Szabó
Avec Annette Bening, Jeremy Irons, Vérane Frédiani et Franck Ribière
Pays : USA, 2004
Londres, années 30. Julia est une actrice de théâtre célèbre depuis de longues années. Mais la concurrence de la nouvelle génération se fait de plus en plus sentir, notamment une jeune actrice qui menace sérieusement la vie qu'elle s'est construite.

DISTORSION
Vague d'or de la mise en scène, prix créé pour l’occasion
Réalisation : Haïm Bouzaglo
Avec : Haïm Bouzaglo, Smadar Kilchinsky, Amos Lavie, Avi Gilor
Pays : Israël & France, 2005
La vie quotidienne en Israël pendant l'Intifada: attentats-suicide, tension, angoisse... Un metteur en scène de théâtre doit présenter une nouvelle pièce, mais il est incapable d'écrire une ligne, comment le pourrait-il ? Sa compagne, réalisatrice de documentaires pour la deuxième chaîne de télévision, est en train de préparer le portrait d'un ancien militaire dont le commerce a fait faillite en raison de la crise économique qui frappe le pays. Cet homme est brisé : il est ruiné, sa femme l'a quitté, son fils s'est exilé en Australie. Il passe ses nuits à jouer avec son vieux pistolet et contemple la mort... Le metteur en scène, désespéré, face à sa page blanche, croit mettre du piment dans sa vie en engageant un détective privé pour suivre sa femme. Sans le savoir, le détective devient le vrai metteur en scène d'une pièce qui s'écrit au fil des pages de la vie.

POUR LES VIVANTS ET LES MORTS
Vague d'or de l’interprétation masculine
Réalisation : Kari Paljakka
Avec : Hannu-Pekka Björkman, Katja Kukkola, Johannes Paljakka
Pays : Finlande, 2004
Le fils cadet d'une famille est mort accidentellement dans la cour de la maison. Abattus de chagrin, les autres membres de la famille tentent néanmoins de maîtriser le quotidien. Lorsque la mère sombre dans un désespoir sans fond, c'est au père qu'il incombe de diriger la maison. Et le fils survivant a l'impression d'avoir perdu non seulement son petit frère, mais aussi ses parents. La famille se sent d'autant plus isolée que les proches ne parviennent plus à comprendre son attitude. Peu à peu, leur perte fait remonter à la surface toutes les tragédies qui jusqu'alors avaient été tues ou réprimées.



PALMARES DES COURTS-METRAGES
Jury composé de Camille Japy (Présidente et actrice), Zoé Félix (actrice), Lorraine Lévy (réalisatrice), Françoise Ménidrey (directrice de casting), Christian Charmetant(acteur)

LUMINARIA
Vague d’or du meilleur court-métrage

Réalisation : Álvaro Giménez-Sarmiento
Avec : Macarena Gómez, Víctor Barba, Fiorella Faltoyano, Jorge Da Rocha…
Pays : Espagne, 2005
Durée : 13 mn
Soraya rend visite à son fils de huit mois placé en orphelinat. Ce jour-là, on lui annonce qu'à cause de sa toxicomanie, la procédure d'adoption pour son bébé est sur le point d'être enclenchée.

UNE  FOLLE ENVIE
Le jury de la jeunesse lui a décerné le prix Iconcept Apple

Réalisation : Yannick Saillet
Avec : Sophie Saillet, Arnaud Henriet , Eythan Saillet
Pays : France, 2004
Durée : 11 min 09
Un jeune couple confronté à une situation financière proche de la misère décide de braquer une banque pour prendre un nouveau départ. Arnaud est jeune et fougueux, Sophie est enceinte de 7 mois, ils ont déjà un enfant de deux ans. Pendant qu'elle est dans la salle des coffres avec le directeur, il surveille les otages. Jusqu'à ce qu'un coup de feu parte dans la salle principale et remette en question « l'opération de la dernière chance »…

LA VERITABLE HISTOIRE DE SAINT NICOLAS
Ciné cinéma lui a décerné le prix Cinecinema
Réalisation : Sandrine Dryvers
Production : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec : Martin Nissen, Vanda Verryken, Enzo Righes
Pays : France, 2004
Durée : 15 min
C'est le week-end de la Saint Nicolas. Sur le chemin de forêt qui les ramène à leur demeure, Cécile quitte soudain son petit frère Thomas pour aller cacher l'objet d'un vol qu'elle a commis. Thomas la menace de tout révéler à leur père. Survient alors la nuit noire...saint Nicolas viendra-t-il récompenser les enfants sages ou est-ce le père fouettard qui les découpera en morceaux ?

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