Titre original : Northfork
USA, 2003
Réalisateur : Michael Polish
Acteurs : Nick Nolte, James Woods, Daryl Hannah, Peter Coyote, et Kyle McLachlan 3 minutes
Durée : 1h40
L’histoire :
1955. A cause de la création d’un lac de barrage, la petite ville de Northfork doit être évacuée. Une équipe de choc, tout de noir vêtue, s’occupe des derniers réfractaires. Mais que viennent voir dans cette histoire un petit garçon malade soigné par un prêtre, des étrangers bien étranges, et surtout les anges ?
Certains films donnent l'impression que leurs auteurs ont volontairement fait un film différent. Northfork est de ceux-là. Les frères Polish nous livrent un film où l'histoire est volontairement floue et étrange, les décors désertiques et désertés, les acteurs très typés et habillés de façon impossible. Heureusement, cette démarcation voulue ne semble pas artificielle, et une fois entré dans le film, on est pris par cette ambiance poétique et merveilleuse.
Le principal intérêt du film est ce côté rêve éveillé, cette impression que même si tout a l'air normal, tout peut arriver, du petit détail bizarre à l'événement incroyable. Renforcée par une musique qui oscille entre concert de klaxons endormis et boîte à musique, l'impression de merveilleux domine et met le spectateur en déséquilibre, dû à une absence de repère, un peu comme dans un David Lynch. Sans vouloir trop en dire sur l'histoire, on peut remarquer (et apprécier) que le film reste flou sur la limite entre rêve et réalité jusqu'au bout.
Le film s'appuie aussi sur ses acteurs, tous très bons dans des rôles assez étranges ou décalés, avec peu de dialogues et beaucoup de silences. On a plaisir à revoir des acteurs finalement plutôt rares (Nick Nolte, Peter Coyote ou James Woods), voire très rare (Daryl Hannah), à qui le film offre une belle occasion de jouer des rôle assez marquants et originaux. On n'oubliera pas non plus ceux qu'on ne connaît pas, mais qui font également preuve d'une belle présence, surtout les trois autres originaux qui cherchent, avec Daryl Hannah, un être mystérieux. Les costumes de ces quatre là valent le détour, de même que l'accoutrement de croque-mort de l'équipe d'évacuation.
Pour finir, on ajoute des décors superbes, plans larges sur des déserts, des cimetières, et quelques maisons originales, le tout superbement composé (le syndrome image-aussi-belle-qu'une-peinture), et on obtient un film qui vaut autant par sa plastique que son histoire. Reste qu'aussi beau qu'il soit, Northfork reste un petit film, limité dans l'espace et le temps, et avec une histoire très belle mais aussi assez réduite. On gardera l'impression d'avoir vu un rêve, mais, comme un rêve, son souvenir s'efface vite...
A voir : pour voir (vous êtes bien avancés...)
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, surtout si vous aimez les films oniriques.
Sébastien Keromen