L’histoire :
Ecrivain de seconde zone, Hall Baltimore atterrit dans un étrange patelin et y voit matière à un prochain roman.
Critique subjective :
A plus de soixante-dix ans, Francis Ford Coppola reste un personnage fascinant. L’homme a beau avoir été l’un des fers de lance du Nouvel Hollywood et inscrit plusieurs chefs-d’œuvre dans l’histoire du cinéma, ce n’est pas pour autant qu’il se repose sur ses lauriers et coule une paisible retraite dans ses vignobles. Non, les années n’ont pas émoussé sa passion pour le septième art. Loin de là. L’envie de faire du cinéma est restée présente, intacte. Ainsi, le vieux lion continue-t-il à tourner, au risque de voir ses dernières œuvres systématiquement jugées à l’aune de ses plus hauts faits d’armes. Une malédiction commune aux réalisateurs ayant, jadis, brillé de façon extraordinaire.
Avec son dernier long-métrage, Twixt, Coppola signe une œuvre personnelle à plus d’un titre. Né d’un rêve du réalisateur, le film est avant tout un retour vers le passé, voire même une cure de jouvence (l’ancien logo d’American Zoetrope donne le ton). En effet, le réalisateur renoue ici avec ses débuts chez Corman, retrouvant un projet au caractère modeste (tournage bref, budget limité, équipe réduite). Il revisite également un genre qu’il affectionne : le récit gothique (Dementia 13, Dracula). Possédant une forte dimension autobiographique, le métrage a aussi valeur de catharsis pour son auteur, Twixt lui permettant d’exorciser à l’écran un évènement tragique de sa vie (la mort de son fils Gio).
Au moment de sa sortie en salles, Twixt avait divisé. Mitigée, cette réception se comprend aisément à la vision du métrage. Le script nébuleux instaurant une frontière ténue entre rêve et réalité (twixt signifie « entre »), la progression narrative cahoteuse et les visuels numériques archi tranchés (cf. le rendu très particulier des scènes de nuit) apparaissent comme autant d’éléments qui peuvent dérouter. Certains en ont profité pour crier au navet kitsch. Rude. Si l’on concèdera le caractère maladroit de certaines scènes (la chevauché nocturne à moto), impossible de ne pas trouver d’indéniables qualités au film. On saluera ainsi une ambiance bizarre et envoûtante, une esthétique gothico-onirique intéressante, quelques belles fulgurances (la présentation de la bourgade, la formidable séquence d’écriture), des thématiques passionnantes (la création, le deuil) et un Val Kilmer habité. Le film jouit aussi d’une liberté qui fait plaisir à voir. On sent que Coppola, conscient qu’il n’a plus rien à prouver, mène son projet comme il l’entend et se fout royalement du qu’en dira-t-on. Une démarche tout à son honneur.
Verdict :
Sans être un chef-d’œuvre (mais qui en attendait un ?), Twixt s’impose comme une petite œuvre fantastique à la fois classique et fraîche.