Mark fait paraitre une petite annonce : « Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche : Paralysé…Amatrice de promenades sur la plage s’abstenir ». L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute, qui va lui permettre d’aimer « comme tout le monde ».
Voilà, le résumé est posé et l’on sait d’ores et déjà que l’on ne va pas forcément aller au devant d’un film burlesque, mais plutôt d’une comédie autour de la sexualité des handicapés. Et comme le dit le réalisateur lui-même, si le film ne répond à la définition stricte du mot « comédie » avec ses gags hilarants et ses retournement de situation, il ouvre une fenêtre intéressante, émouvante et remarquablement bien écrite sur le drame humain personnel du handicap, auquel vient se rajouter la douleur morale que la maladie vous empêche, en plus d’avoir une vie d’être humain, d’être aimé et amoureux.
En racontant son histoire, Mark O’Brien, avait fait preuve d’un grand sens de l’humour et de l’autodérision, mais son histoire révèle surtout une fragilité que le handicap impose, qui ne se voit pas, mais qui se fissure chaque fois un peu plus. L’acte sexuel en lui-même est la finalité d’un processus qui commence d’abord par le regard de l’autre, puis par des sensations qui sont interdites par la maladie, l’inquiétude de la douleur physique, et la méfiance des autres envers un corps que l’on en contrôle plus. C’est un témoignage, incroyablement émouvant, très loin des clichés et des éventuels envies de voyeurisme de certains.
Si on peut reprocher à la mise en scène une certaine tenue à distance, on ne peut que souligner les bonnes idées et une véritable tendresse pour le sujet, certainement par une affection proche, du réalisateur. Celui-ci s’est approprié le texte d’O’Brien et y a mis ses inspirations, son propre vécu et donne une vision tout en nuance et en substance d’un sujet que le cinéma ne voulait que très rarement traiter.
Pour lui donner toute sa force, il a pu se reposer sur une distribution particulièrement impressionnante et inspirée, à commencer par John Hawkes (Lincoln) qui livre une composition remarquable. On pense forcément à François Cluzet depuis "Intouchables", mais l’acteur va plus loin et transcende son rôle, se contorsionne pour être au plus juste et cela paye à chaque plan. Helen Hunt (Pour le pire et le meilleur) se donne à 100% dans une composition à la fois toute en retenue et en singularité qui rende le sujet encore plus touchant, notamment lorsque les sentiments viennent troubler les relations thérapeute/patient.
En conclusion, « The sessions » est une œuvre remarquablement bien écrite sur un sujet difficile, que le cinéma avait pris soins d’éviter depuis longtemps. Pas de voyeurisme malsain, juste une réflexion sobre et efficace sur la sexualité et le handicap. Le tout servi par une distribution remarquable.