A la mort de sa mère, Anne fait une découverte qui la bouleverse : une photo ancienne va semer le doute sur ses origines et lui faire découvrir l'existence d'un oncle mystérieux que ses parents ont accueilli après la guerre. En levant le voile sur un secret de famille, la jeune femme va comprendre que sa mère a connu un grand amour, aussi fulgurant qu'éphémère…
Après être tombé sur une photo dans le fond d’un tiroir, Diane Kurys s’est dit qu’elle n’avait pas encore fait le tour de son enfance et de son adolescence. Sur cette photo, il y avait un oncle dont la famille de la réalisatrice ne parlait pas, ne parlait plus, un personnage devenu d’un seul coup mystérieux, source de tous les rêves et pourquoi pas de tous les fantasmes. Partie de là, la réalisatrice a écrit un scénario soigné sur un amour aussi intense qu’éphémère, où l’oncle mystérieux devient un héros, où le père et la mère sont deux êtres aussi complémentaire que la mère est indépendante.
Et Diane Kurys n’a rien perdu de sa maîtrise pour dépeindre des sentiments meurtris et intense. Sa mise en scène est soignée, elle s’est entourée d’une distribution qu’elle a déjà dirigé pour mieux se concentrer sur les clés de son récit, afin de pouvoir en sortir toute l’essence. Avec une réalisation toute en douceur, la réalisatrice reprend le cours de son enfance, les souvenirs réels ou fantasmés reprennent le dessus et s’inscrivent dans une histoire toute en émotion et en fierté dans un après-guerre, où la vie est à reconstruire. Avec un œil empli de tendresse et de tristesse parfois Diane Kurys nous raconte la vie qui se doit de retrouver son chemin, et la vengeance des êtres meurtris par une guerre honteusement meurtrière.
De la même manière que Spielberg l’avait fait dans « Munich », Diane Kurys nous parle de ce besoin de vengeance d’un peuple blessé dans sa chaire, et de cette question inévitable : « Est-ce que la vengeance n’entraîne pas la dérive ? », mais là où le réalisateur américain gardait une distance pour ne pas s’impliquer et porter un jugement, Diane Kurys, elle, nous plonge au cœur de cette réflexion en l’intégrant à l’histoire de ses deux parents. Le couple vit cette dualité de l’intérieur, l’un par la peur de perdre encore une fois un être cher, l’autre par une sorte de fascination électrisante.
La réussite du film repose bien évidemment sur le rapport que la réalisatrice entretient avec sa distribution. Et le trio que forment Mélanie Thierry (Comme des frères), Benoit Magimel (Les amants du siècle) et Nicolas Duvauchelle (Polisse) est particulièrement impeccable et donne tout le relief nécessaire à l’histoire. Magimel impose une composition toute en force et en subtilité, Mélanie Thierry, quand elle, rayonne littéralement et son jeu d’un naturel désarmant force le respect, on adore l’entendre rire ou simplement la voir sourire, et Nicolas Duvauchelle complète le casting avec une composition mêlant pudeur et charisme naturel.
En conclusion, « Pour une femme » est une invitation de Diane Kurys dans son enfance et dans une réflexion intelligente où la beauté des sentiments s’oppose à la difficulté de se reconstruire après un drame.