La suite des aventures de Bilbon Sacquet, parti reconquérir le Mont Solitaire et le Royaume perdu des Nains d'Erebor, en compagnie du magicien Gandalf le Gris et des 13 nains, dont le chef n'est autre que Thorin Écu-de-Chêne. Après avoir survécu à un périple inattendu, la petite bande s'enfonce vers l'Est, où elle croise Beorn, le Changeur de Peau, et une nuée d'araignées géantes au cœur de la Forêt Noire qui réserve bien des dangers. Alors qu'ils ont failli être capturés par les redoutables Elfes Sylvestres, les Nains arrivent à Esgaroth, puis au Mont Solitaire, où ils doivent affronter le danger le plus terrible – autrement dit, la créature la plus terrifiante de tous les temps qui mettra à l'épreuve le courage de nos héros, mais aussi leur amitié et le sens même de leur voyage : le Dragon Smaug.
A ceux qui criait déjà au plantage, face à l’aspect candide du premier volume, simplement parce qu’ils avaient omis de lire le livre de Tolkien, mais également à ceux (dont je faisais partie !) qui pouvaient s’inquiéter d’une adaptation en trois partie, alors que le premier s’arrêtait exactement à la moitié du livre, Peter Jackson répond avec une redoutable cohérence et un sens de la narration rarement égalée. En effet, le réalisateur donne un sens à sa vision en intégrant de manière plus significative, « Les Appendices » (Ecrits sur lesquels Tolkien s’est appuyé pour écrire la trilogie du Seigneur des anneaux) pour faire une sorte de passerelle entre les Aventures de Bilbon et celles de Frodon 80 ans plus tard.
Le réalisateur change radicalement de ton et s’écarte petit à petit du l’histoire enfantine, dont le ton était très appuyé dans la première partie du livre pour ne garder que le côté plus sombre de la deuxième partie. Une partie sombre qui devrait du même coup prendre le pas dans le troisième volume tant la fin du roman appuie sur le côté obscur des héros (mais cela reste une autre histoire, à découvrir en fin d’année !). Ici, Jackson prend des risques, se permet de créer de nouveaux personnages : Tauriel et d’en faire venir d’autres qui n’apparaissaient pas dans le roman : Legolas, pour qu’au final l’ensemble se révèle d’une redoutable cohérence et parvienne à nous faire entrevoir toutes l’alchimie d’un ensemble qui prend forme devant nous.
Et il est vrai que tout le génie de la mise en scène du réalisateur Néo-Zélandais nous saute au visage dans cette fresque fantastique, rythmée, aux plans magnifique et à la narration ciselée avec justesse. Rien n’est laissé au hasard, le monde naissant de Tolkien apparait avec toujours autant de beauté et de démesure. Ancré dans les paysages de Nouvelle-Zélande les aventures de Bilbon et de ses amis prennent toujours autant de relief. Et que le film soit en 3D ou en 2D, le résultat est spectaculaire et passé la nostalgie du générique qui nous entraine plusieurs années en arrière, on se laisse facilement embarquer dans cette univers entre lumière et obscurité.
Côté distribution Martin Freeman (Sherlock) nuance un peu plus sa composition, en faisant évoluer son personnage. Bilbon n’est plus un Hobbit sympathique, à l’esprit un peu lunaire, il devient un redoutable adversaire pour ses ennemis. Instinctif et blessé parfois par l’attitude de Thorin et marqué par la rencontre avec Smaug. Même constat à faire avec Richard Armitage (Captain America : First Avenger), le comédien continue sur sa lancée avec un personnage partagé entre l’appât du gain et le besoin de revanche, mais pour cette deuxième partie il amorce avec beaucoup de sensibilité les différents paradoxes qui vont faire de lui un personnage redoutable dans la troisième partie.
En conclusion : « Le Hobbit : La désolation de Smaug » répond à toutes les objections que les fans, les néophytes et les autres pouvaient se poser sur les capacités toujours réelles et sérieuses de Peter Jackson à rendre cohérente son adaptation du livre de Tolkien tout en y insufflant d’autres inspirations pour que l’ensemble soit une parfaite passerelle entre les deux trilogies. Vivement le troisième volume !