CEBIT 2006 : Le compte rendu des tendances de l’année
Le CEBIT se déroule tous les ans à Hanovre, Allemagne pour sa version européenne sachant que des sessions australienne et asiatique sont également organisées. Le CEBIT fête en 2006 son 20ème anniversaire. Il s’agit sans doute de la plus grande manifestation dédiée au monde de l’électronique professionnelle ou familiale, du multimédia, de la communication... Un peu comme le célèbre CES de Las Vegas mais centré sur des produits disponibles ou à venir rapidement sur le sol européen, ce qui pose cette manifestation avec un grand intérêt.
Compte rendu par Bruno Orrù, envoyé spécial au CEBIT.
Le CEBIT est un lieu gigantesque ou il est facile de se perdre. Si vous êtes déjà venu au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, imaginez que l’ensemble des halls soit ceinturé pour permettre de créer un regroupement de centres d’intérêts au travers d’une trentaine de halls. C’est cela le CEBIT !
Un gigantisme qui se traduit également par des chiffres. Pour ce cru 2006 Le CEBIT concerne 6262 exposants de 71 pays. Un très large panel d’exposants qui matérialise des secteurs d’activités de haute technologie ; informatique professionnelle ou grand public, téléphonie, réseaux de télécommunications – domotiques – Internet, multimédia logiciel ou matériel, audio-vidéo. Les visiteurs se chiffrent en centaines de milliers puisqu’en 2005 les portes du salon ont vues passés 263 000 visiteurs ! L’organisation détaille dans cette fourmilière 120 000 managers d’entreprises, 43 000 revendeurs ou distributeurs, 128 000 visiteurs étrangers… 88% de ce beau monde étant lié au secteur professionnel le CEBIT est incontestablement une plateforme d’envergure pour parler business ! Toutes les régions du monde sont représentées et, considérant la forte connotation d’électronique, il n’est pas surprenant de constater que la nation la plus représentée en nombre d’exposant est Taiwan (711 exposants) suivi par la République de Chine (412), la Corée du sud (229) et les USA (198). L’Europe de l’ouest totalise quant à elle 289 exposants (200 en 2005). Dans ce panel on trouve des groupes prestigieux et mondiaux mais également de nombreuses PME qui apporte quelques innovations mais soulignent surtout un marché de masse qui intéresse surtout des distributeurs en recherche d’ouverture de clientèle.
Le CEBIT aura été l’occasion de conforter les impressions enregistrées lors du CES, il y a trois mois avec en premier lieu la très forte pression opérée par les constructeurs de téléphones sur le monde du multimédia. Les plus grands stands étaient incontestablement ceux de Samsung, Sony Ericsson, Nokia, Benq-Siemens, Motorola, Sagem… bref tous ceux qui comptent dans ce marché. Le téléphone va-t-il finir par changer de dénomination ? Il le faudra bien à la vue du potentiel de communication, bien au-delà du langage parlé, que ce soit à destination du professionnel à la recherche d’un outil polyvalent ou du simple étudiant à la recherche d’un appareil associant son, audio, photo, vidéo et télévision. Certes le prix de ces petits bijoux est à l’avenant mais il est clair que dans une paire d’année les machines qui nous font rêver aujourd’hui seront dans presque toutes les mains. Les grandes tendances technologiques déjà exposées quelques courtes semaines au salon 3GSM c’est la confirmation du DVB-H et l’apparition du HSDPA (Le débit 3G passe de 384 Kbps à 1800 Kbps) et de l’UMA (téléchargement sur réseau mobile ou fixe).
L’un des grands intérêts d’un salon comme le CEBIT c’est la possibilité de pouvoir essayer les centaines de produits concurrents. Bien que les constructeurs mettent à disposition plusieurs exemplaires de leurs références phares, il est souvent difficile de se faire une place, chacun souhaitant apprécier les efforts d’imagination pour rendre ses appareils à la fois esthétiques et fonctionnels, sans oublier de ne pas trop provoquer de surcharge pondérale. De nombreux modèles sont dorénavant ultra plat, la plupart, pourtant équipés de capteurs photographiques ne dépassant pas les 19mm d’épaisseur. A noter également un effort chez certain pour offrir un son de qualité, voir en surround pour accentuer le plaisir de visionner des vidéo. Une qualité vidéo qui sans rivaliser avec des appareils dédiés est quand même impressionnante, de nombreuses mises en situation sur des téléviseur, voir un projecteur, permettaient de s’en assurer.
Curieusement le nomadisme n’était pas le secteur le plus « visible » alors que le CES consacrait cet engouement au travers de centaines de modèles de lecteurs et de kits audio pouvant les accompagner. Il faut dire que nombre de constructeurs de lecteurs n’étaient pas présent. Logitech trouvait dès lors un certain succès sur son offre d’accessoires multimédia ou informatiques, notamment via ses nouveaux lecteurs mp3
L’autre secteur qui marche, pardon qui courre, c’est celui du téléviseur, plat bien évidemment et de plus en plus grand pour un prix toujours plus abordable. Bien sur, les dernières références capables d’afficher du « full HD » ou disposant de rétro éclairages révolutionnaires (LED – SED) sont encore réservés aux plus aisés mais là encore, le qualitatif se renforce tout en élargissant le champs de clients potentiels par des esthétiques renversantes et des tarifs intéressants. Tous les grands constructeurs n’étaient pas là, en particulier les européens Philips et Thomson et le japonais Sony mais les constructeurs les plus agressifs sur ce marché proposaient de larges stands qui mettaient parfaitement en valeur leur savoir faire ; Samsung, Panasonic, LG, Toshiba, Hitachi, Benq, Sagem, Hyundai.
C’est bien évidemment la HD qui est le vecteur porteur et toutes les démonstrations orchestrées tendaient à bien montrer l’avancée visuelle d’une source HD.
Ci-dessous : Samsung et Panasonic proposaient des comparaisons sur deux écrans mais la démonstration la plus percutante était chez Nvidia sur un téléviseur Sony Bravia.
Coté vidéo projection les démonstrations proposées par Benq et Panasonic étaient époustouflantes. La preuve sur grand écran que les derniers projecteurs DLP ou LCD peuvent produire de très belles images, il est vrai sur des sources HD de qualité. Dommage que Epson ne présentait pas de véritables démonstrations.
Autre secteur en pointe, celui de l’aide à la navigation. Si les constructeurs de modules GPS n’ont pas d’angle de séduction, les éditeurs de logiciels (Tom Tom, Via Michelin, Commodore, Destinator, Navigon Navigator, Mio…) rivalisaient d’ingéniosité pour attirer les badauds et les convaincre de l’efficacité de leur solution, quelle soit autonome ou liée à un assistant numérique personnel ou un téléphone, la grande mode du moment mais sans aucun doute la réalité de presque tout le monde dans quelques petites années. D’un stand à l’autre, il n’était pas toujours simple de se faire une idée réaliste, du fait de la position statique de la présentation. Pour autant, il était possible de « jouer » avec les options et apprécier le potentiel de chacun qui peut varier fortement d’une offre à l’autre. Mention spéciale pour BMW qui présentait deux superbes montures totalement équipées pour la réception de services annexes (trafic, météo et même Internet).
L’informatique est l’un des secteurs les plus complet du CEBIT en termes de produits. La vie numérique (Digital Living) était le grand thème de cette année. C’est sans doute pour cela que c’est du coté des solutions de type Media Center que les présentations étaient les plus intéressantes. Que ce soit sous un boîtier « tour », un mini PC ou un boîtier couché type lecteur de DVD les solutions sont orientés sur la facilité d’utilisation et l’intérêt de cumuler de nombreuses fonctions de rangement et de tri des fichiers multimédia pour en faire profiter toute la famille d’un coup de télécommande, au pire en utilisant un clavier sans fil avec souris intégrée. AMD et Intel étaient là bien entendu pour la promotion de leurs processeurs mais aussi de leur concepts respectifs Live et Viiv. Il n’est pas encore certain que tout le monde soit convaincu du bien fondé de laisser un place dans le salon à un ordinateur : aussi discret soit-il sur le plan esthétique ou de ses dimensions, il reste peu discret au niveau de la nuisance sonore et son paramétrage semble toujours hors de portée de nombreux utilisateurs.
Ci-dessous deux façon d’aborder l’informatique dans un salon, soit avec un mini PC, soit avec un PC prenant la forme d’un élément vidéo de salon.
Du coté des ordinateurs portables, les nouvelles gammes associent à la fois les avantages de processeurs plus puissants mais moins gourmands en énergie avec un coté loisirs de plus en plus prononcé. Pour autant, le poids reste dans les environs des 3 kg, sauf pour les ultra portables ou pour les très haut de gammes avec des coques en alliages hyper léger mais résistants aux chocs. Certains comme Asus ou NEC proposaient des prototypes d’ordinateur portables ultra léger de moins d’un kg et disposant de batteries de nouvelles générations permettant d’imaginer jusqu’à sept heures de travail. NEC présentait même un prototype fonctionnant au méthanol pour 10 heures d’autonomie !
Bien entendu, le portable s’accapare les dernières avancées technologiques et de nombreux modèles présentés étaient capables de travailler en double cœur et adoptant les idéologies Live AMD ou Viiv Intel.
Toujours dans le domaine de l’informatique Nvidia aura été source d’excellentes surprises pour l’amateur de vidéo sur ordinateur. Le constructeur vient de remodeler ses gammes de cartes avec quelques modèles à prix très intéressants basés sur un processeur vidéo dédié, le Pure vidéo. Du coté de l’encodage pas de nouveau, la puissance processeur est toujours requises mais du coté de la décompression de programmes HD, les options permettant d’optimiser l’image sont d’une efficacité redoutable. Nous vous en reparlerons dans quelques semaines, quand les premières cartes pourvues de la nouvelle version de ce module Pure Vidéo seront disponibles.
Ci-dessous le premier ordinateur portable compatible HD-DVD Toshiba Qosmio G30, équipé d’une puce NVIDIA GeForce GO 7600 capable du décodage H264 et de tous les autres codecs HD grâce à son moteur vidéo intégré.
Du coté des grands éditeurs de logiciels pour la vidéo, on retiendra la présence de Pinnacle, de Nero et de Cyberlink. Le premier présentait sa large gamme de logiciels à destination du grand public et des professionnels de l’image. Le second mettait en vedette sa suite Nero qui, dans sa version 7, offre une impressionnante palette de fonctionnalités, bien au-delà de la vocation première de gravure. Le troisième présentait sa très large gamme de logiciels pour la lecture de DVD (donc la toute nouvelle version de PowerDVD compatible avec les codecs HD) et de gestion de vidéo et de DVD.
Si la Haute définition était visible sur toutes les téléviseurs et les projecteurs en démonstration, on pouvait également l’apprécier en réception satellite (stand Astra) mais aussi via des véhicules plus modernes comme cette solution présentée par Powerline networking et permettant un streaming vidéo sur des sources HD avec une bande passante de 200 Mbps ! La solution utilise le réseau électrique existant et ne nécessite donc pas de travaux importants. Une idée à suivre de très près.
Retrouvez tous les communiqués de presse liés au CEBIT chez nos collègues de ITRnews.com
Pour finir, une photographie qui illustre bien l’impact d’une coupe du monde de football sur l’industrie audio-vidéo…