Grand spécialiste ès démolition, Roland Emmerich s’attaque maintenant à la Terre, rien que ça. En plus d’effets spéciaux de destruction massive, il embarque Dennis Quaid, Ian Holm et Jake Gyllenhaal pour ce voyage à l’extrême. Et par la même occasion, signe pour une fois un film où il y a quelque chose à sauver.

Titre original : The Day after tomorrow
USA, 2004
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Dennis Quaid, Ian Holm, Jake Gyllenhaal, Sela Ward
Durée : 2h

L’histoire
Les partis écolo n’étant toujours pas au pouvoir, la situation de la Terre continue à se dégrader. Suite à la fonte des pôles, les courants marins décident de prendre des chemins détournés, et oublient de réchauffer les terres habitées. Toutes les personnes sympathiques jouées par des gens qu’on a déjà vus survivront-ils aux tornades, raz-de-marée et gel à –65°C ?


Coluche aurait pu dire : « il paraît que Roland Emmerich a encore fait des progrès ; moi j’attends qu’il ait fini les progrès, je verrai tout d’un coup, c’est mieux ». Après le nul Universal soldier, le raté Stargate, l’exécrable Independance Day, le dispensable Godzilla, et le qui-m’a-pas-tenté Patriot (le tout selon mon humble goût), Roland Emmerich nous pond enfin un film regardable. Entendons-nous bien : j’ai pas dit bon, j’ai dit regardable, mais on passe quand même du bon temps sur la première moitié. Car en fait, le film a exactement la même qualité que ses autres films : les effets spéciaux, et le même défaut : les personnages. Sauf qu’il y a deux bonnes nouvelles. La première est que les personnages sont plus en retrait face aux effets spéciaux que d’habitude. Et la deuxième est qu’on nous épargne le couplet patriotique sur les USA. Les États-Unis ne sont cette fois-ci pas le sauveur du monde, presque au contraire. Même si c’est assez discret (je pense que moins d’une personne sur 3 aux US sait ce qu’est le traité de Kyoto, et d’ailleurs pas tant que ça chez nous, mais bon), Emmerich critique la (non) politique écologique des US, un peu au début, et par un petit speech des familles bien lourd à la fin. Cela dit, encore une fois on va surtout parler de ce qui se passe sur le sol américain, on ajoute un petit laboratoire anglais gelé, trois images du Japon, et c’est marre. Oubliez la tour Eiffel gelée des affiches, elle a dû être coupée au montage.


Revenons sur la bonne partie du film : la première. La montée des cataclysmes et de la catastrophe, entre petites scènes pour l’exemple, indices indirects et grosses scènes de destruction massive qui scotchent dans son siège, est un modèle de progression qui ne laisse aucune chance au spectateur. Sur ce coup, c’était clairement l’homme de la situation. Et franchement, si ça se produit un jour en vrai, on n’aura jamais d’aussi bonnes images. Et puis bon, à mi-film, qu’il n’y ait plus rien à détruire ou qu’il n’y ait plus d’argent pour les scènes de destruction, on passe à la partie ratée : la survie des personnages. C’est pas pour ce film que Emmerich a fait des progrès sur les personnages de son scénario : ils sont toujours aussi caricaturaux, les dialogues aussi plats, leurs relations dignes d’une sitcom. On trouve le petit jeune surdoué (plus intelligent que son prof, le pauvre) et timide, mais qui gagnera quand même le cœur de la jolie jeune fille, laquelle ne va pas manquer d’être en détresse ; le jeune black pour le quota racial et réparer une radio parce que lui aussi est doué (on la perd de vue, d’ailleurs, sa radio) ; le père du petit jeune (Dennis Quaid), mi-chercheur visionnaire mi-Paul Émile Victor, qui n’hésitera pas à braver la glaciation pour aller chercher son fils au lieu de lui envoyer un hélico ; la mère du petit jeune, infirmière ou médecin (c’est pas précisé) dédiée à vie à ses patients, notamment à un petit garçon cancéreux qu’elle ne laissera pas tout seul ; deux chercheurs qui accompagneront Dennis Quaid parce qu’il faut bien quelques personnages qui peuvent mourir ; et un sage chercheur anglais, Ian Holm, le seul crédible dans son rôle.
Bien sûr, à la lecture de ce catalogue de poncifs (à un ou deux stéréotypes près), vous êtes tentés de partir en courant. Et vous n’auriez pas tout à fait tort. D’autant que le scénario, une fois passé en mode survie, aligne les clichés (vue la l’ampleur de la catastrophe, on aurait pu espérer échapper aux actions à faire dans un délai limité, genre compte à rebours, et ben raté) et les incohérences (quand vous avez une hache et que vous voulez rentrer dans une pièce fermée, allez-vous a) abattre la porte avec la hache, b) faire le tour par l’extérieur avec une chute possible de 50 mètres et abattre la fenêtre ? et bien c’est un film qui coche b), si). Mais trêve de persiflage. Le film ne vaut que pour sa première moitié, ses images et idées choc. Et vaut le déplacement pour cette moitié. La deuxième moitié est juste sans intérêt, sans être mauvaise. Profitez donc bien du début.


A voir : plutôt oui, mais seulement pour la première moitié
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, il y a du jamais vu dedans

Sébastien Keromen