Auréolé de son prix d’interprétation à Cannes pour Maggie Cheung, le film d’Olivier Assayas débarque sur nos écrans. Bien au-delà d’un écrin pour la superbe actrice, le film arrive à prendre le spectateur aux tripes. Quand avez-vous été ému au cinéma pour la dernière fois ?

France, Canada, USA, UK, 2004
Réalisateur
 : Oliver Assayas
Acteurs : Maggie Cheung, Nick Nolte, Béatrice Dalle, Jeanne Balibar
Durée : 1h50

L’histoire
Emily est la compagne de Lee, " petite " star du rock. Mais quand celui-ci succombe à une overdose, Emily se retrouve seule face à sa vie. Pour récupérer son fils, en garde chez ses beaux-parents, elle va devoir arrêter l’héroïne, trouver du travail, et remettre sa vie en ordre.


Encore une fois, le cinéma français (même s’il est ici polyglotte) va vous raconter la vie de quelques personnes auxquelles il n’arrive rien d’extraordinaire.
Pas de trésor, pas de monde à sauver, pas de méchant, pas d’extraterrestres belliqueux. Que des gens qui vivent, souffrent, rient, s’aiment. Je vous vois d’ici soupirer au souvenir de tous les films insipides et mortellement ennuyeux que vous avez vus dans cette catégorie (et si j’avais un miroir sous la main, je me verrais soupirer de même). Mais parfois, le miracle se produit, et le film accroche le spectateur. Et, vous m’avez vu venir depuis la première ligne, ce film fait partie de ces happy few qui sortent du lot.
Sa réussite tient en une qualité très simple : on s’attache tout de suite aux personnages, on les suit pas à pas, et on ressent les émotions qu’ils ressentent. Les acteurs sont bien sûr les principaux artisans de ce lien qu’on tisse avec les personnages. Maggie Cheung, en tête, mérite largement son prix d’interprétation à Cannes. Tout en restant lumineuse (malgré des goûts vestimentaires et capillaires eeeeffffrrrroyables de son personnage), elle incarne à la perfection le mélange de défiance et d’humilité, de découragement et de courage, d’errements et de rédemption, que demande son personnage. Dès la première image (ou peut-être plutôt dès la première péripétie), on souffre avec elle, on espère avec elle, on se remonte les manches avec elle. Nick Nolte est également en grande forme, faisant un peu de Nick Nolte (juste ce qu’il faut) et beaucoup d’une grande composition. Les autres personnages, tout en étant nettement plus en recul, sont également bien campés. Et surtout, tout ce petit monde est parfaitement crédible, avec des dialogues et des personnalités bien écrites. En résumé, on y croit et le lien affectif avec les personnages principaux est bien présent.


Si le cœur du film est réussi, l’emballage l’est également.
La mise en scène est incroyablement dynamique. La caméra ne reste jamais en place, sans tomber pour autant dans de la caméra à l’épaule. Disons plutôt de la caméra à l’épaule sans le tremblement habituel, mais avec la même immersion. La première séquence, notamment, dans la boîte de nuit, est du grand art. La musique est également très réussie, entre rock’n roll et soft rock, mais toujours de bonne qualité. Soit une réussite sur tous les points. Bien sûr, le film reste un " petit " film à hauteur humaine, voir individuelle, mais sur un tel sujet, il fait partie des grands.


A voir : pour l’émotion
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, faites votre quota de films français sur celui-ci

Sébastien Keromen