Grand prix du festival de Cannes cette année (et on dit qu’il s’en est fallu de peu pour la Palme d’or), Old boy du sud-coréen Park Chan-wook (Sympathy for mister vengeance) débarque dans les salles. Thriller glauque, puzzle spirituel et torture physique, à moins que ce ne soit le contraire, le film est un met de choix, à réserver aux âmes bien accrochées.

Old boy
Titre original : Oldboy
Corée du Sud, 2003
Réalisateur
 : Park Chan-Wook
Durée : 2h
Interdit au moins de 16 ans

L’histoire
Oh Dae-Soo est enlevé devant une cabine téléphonique. Séquestré pendant 15 ans sans en connaître la raison, il est finalement libéré. Son ravisseur le met au défi de le retrouver, et surtout de comprendre pourquoi il l’a enlevé. Un jeu de piste l’attend, mais la recherche de la vengeance conduira-t-elle à la vérité ? Et surtout, faut-il vraiment connaître cette vérité ?


À force d’aller voir plein de films de divertissement, il faut bien rétablir la balance de temps à temps
. Old boy est ce genre de film, dont on sait (et comme on va avoir raison) qu’il sera fascinant mais aussi désagréable, nous mettant mal à l’aise ou nous rendant malade. Car on peut parler rapidement de la réalisation remarquable, de l’interprétation irréprochable, de la musique parfaitement en accord, de la mise en scène inventive et immergeante, il reste que toute la force du film repose dans son scénario. Le genre de scénario qui fait aussi mal qu’un coup de batte de base-ball dans la gueule, mais dont on ne peut s’empêcher d’attendre le choc avec une impatience morbide.
L’histoire n’est en effet pas pour toutes les sensibilités. Le film est interdit au moins de 16 ans à raison, d’abord pour quelques scènes choc, mais surtout (je suppose) pour la cruauté morale qui baigne le film, et le noie au fur et à mesure qu’il avance. L’enquête du héros pour découvrir pourquoi son ravisseur lui en veut entraîne le spectateur dans une descente vertigineuse dont les coups de théâtre finals, qu’il n’avait pas vu venir, et de plus très bien trouvés, lui assène le coup de grâce. Le film accorde tout de même quelques instants pour souffler avec quelques gags ou quelques scènes poétiques. Mais c’est pour mieux retraîner le spectateur dans la noirceur, la violence, et le désespoir. La recherche en elle-même, construite comme un jeu de piste, n’a que peu d’intérêt (heureusement, car elle va assez vite et perd un peu le spectateur) et c’est la révélation finale que l’on retiendra. La clé du film apparaît peu à peu, par petites touches, mais l’ensemble ne pourra être compris qu’à la fin. Si vous êtes un spectateur qui veut toujours avoir tout compris minute après minute de chaque film, vous allez être très malheureux.


Mais le puzzle mental que nous fait faire le film en vaut la chandelle.
Et son dénouement nous marquera d’autant qu’on ne l’avait pas vu venir, et qu’on le comprend en même temps que le héros. Et qu’il est terrible, mais je crois l’avoir déjà dit. Au final, un superbe film, doué d’une force peu commune, mais très dur. D’abord pour les quelques scènes de violence (que je sous-estime peut-être parce qu’elles ne me font en général rien), puis pour la violence du sujet et de l’histoire, bien plus persistante. Le film est donc non pas à déconseiller aux âmes sensibles, mais plutôt à limiter aux âmes fortes avides de sensations fortes également. Mais pour ceux-là, Old boy est un grand film.


A voir : pour le choc si on peut le supporter
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : difficile de se prononcer, je ne voudrais pas que vous soyez traumatisé par ma faute

Sébastien Keromen