Adobe Première est l’un des logiciels majeur dans le monde du montage vidéo professionnel. Malheureusement, ce logiciel est cher (près de 1000 euros), assez difficile à aborder en raison de sa complexité et il nécessite des cartes vidéos professionnelles pour vraiment en tirer partie. Après avoir adapté Adobe Photoshop au marché grand public avec Adobe Photoshop Elements (qui vient de sortir en version 3), l’éditeur décline désormais son logiciel de montage vidéo phare en une version plus abordable pour l’amateur qui souhaite monter ses films familiaux avec « Adobe Première Elements »
Adobe Première Elements
Ce logiciel de montage s’adresse essentiellement aux possesseurs d’un caméscope numérique DV qui souhaitent effectuer le montage de leurs films de vacances ou du mariage de la cousine lulu. D’entrée de jeu, Adobe se frotte donc à un marché largement dominé par l’éditeur Pinnacle et son logiciel Studio 9, d’autant que ce dernier est souvent offert avec l’achat d’un caméscope numérique ou d’une carte d’acquisition vidéo.
Pour s’imposer sur ce créneau, Adobe a misé sur une intégration forte entre Première Elements et Photoshop Elements (qui sont d’ailleurs vendus en bundle financièrement très intéressant). Première Elements mise également sur les possibilités créatives de son logiciel qui sont plus nombreuses que celles de studio 9, au prix d’une complexité plus grande. Mais voyons cela dans le détail…
Dans la boite et installation
La boîte du logiciel contient un boitier DVD avec deux CD-ROM d’installation, un guide prise en main rapide de quatre pages en couleur et un mode d’emploi de 180 pages monochrome. L’installation s’avère très simple, mais nécessitera peut-être un redémarrage de la machine si le logiciel a dû mettre à jour Microsoft Media Player (version 9 intégrée, mais le logiciel est compatible avec la version 10) ou Direct X (version 9).
Création d’un projet
Avant de commencer à travailler, il faut créer un projet. Le projet sera rangé dans un répertoire particulier du disque dur et le logiciel mettra les vidéos acquises et les titrages dans le même dossier. A ce stade apparaît la première limitation du logiciel : seul quatre formats de vidéos sont autorisés : Pal en 4/3 ou 16/9 et NTSC en 4/3 ou 16/9. Il est important de choisir son format dés le départ car il n’est plus possible de changer par la suite. Premiere Elements donne ensuite la possibilité de redimensionner automatiquement les différents éléments à la taille de la vidéo finale.
Acquisition vidéo
Adobe Premiere Elements est un logiciel intégré qui prend l’utilisateur en main depuis l’acquisition vidéo jusqu’à la création d’un DVD.
L’acquisition vidéo se fait depuis un caméscope numérique possédant une prise DV (ou i.link ou FireWire ou IEEE1394a, c’est pareil). Une fois le caméscope branché sur la prise idoine de l’ordinateur et allumé, la fonction « Acquisition » du logiciel est accessible et permet de capturer les séquences pour le futur montage vidéo. Dans la fenêtre d’acquisition on contrôle le caméscope de façon très précise à l’aide de l’indication temporelle, à l’image prés. A ce stade on regrette de ne pas pouvoir marquer précisément le début et la fin de la séquence à récupérer. On peut seulement déclancher l’acquisition et l’arrêter. Il faudra donc souvent prendre plus de rush que nécessaire afin de ne rien manquer. On regrettera également que le logiciel ne soit pas capable de travailler avec des aperçus des vidéos et oblige à tout récupérer sur son disque dur. Cela impose d’avoir un espace disque conséquent pour les longs montages vidéo.
Heureusement, l’acquisition est de bonne qualité et Premiere Elements crée automatiquement un fichier vidéo par scène et classe les vidéos dans le dossier médias en les nommant de façon incrémentale. La détection automatique des scènes semble d’ailleurs bien plus rapide qu’avec Studio 9.
Toutes les vidéos, les titres, les musiques et les photos qui seront utilisés pour le montage sont classées dans la fenêtre média. On pourra créer des dossiers et ranger les médias par catégories pour s’y retrouver lors de gros montages. Il est possible d’importer de très nombreux formats de fichiers : vidéo (DV, AVI, MOV, MPEG/MPE/MPG, WMV), image (BMP, GIF animé, JPEG, PICT, TGA, TIFF, PSD) et son (AIFF, AVI, MOV, MP3, WAV, WMA). Les fichiers ne doivent pas être protégés en lecture (cas de certaines vidéos en WMA et QuickTime).
Montage
Le montage vidéo est la partie la plus aboutie du logiciel et le place très loin devant Studio 9 en matière de possibilités créatives mais aussi de complexité de prise en main. Ceux qui ont étés frustrés par les 3 pistes vidéo maximales du logiciel Pinnacle seront heureux d’apprendre que la limite chez Adobe est de 99 pistes vidéo et de 99 pistes audio !
Les outils de bases sont assez classiques : déplacement des pistes, découpage des séquences avec un cutter très pratique et un outil d’extension temporelle qui permet de réaliser des ralentis et des accélérés en un clic. Le logiciel « recolle » automatiquement les séquences si on en découpe ou déplace un bout, ce qui accélère grandement la mise en place d’un film. Le résultat final est visible en permanence dans une fenêtre « moniteur » où les effets sont appliqués en temps réel.
Adobe nous donne aussi la possibilité d’insérer des diaporamas à partir d’images fixes. Il suffit pour cela de sélectionner des images importées et de cliquer sur le bouton diaporama (dans la fenêtre médias). Le logiciel insère alors les images sur la piste vidéo active et ajoute une transition pour chaque image. Il est également possible de régler la durée de diffusion de chaque image.
Enfin, le banc de montage est très souple et on peut agrandir les pistes une à une pour avoir une vue plus précise des séquences vidéo. Couplé à un zoom très simple d’utilisation on arrive à un outil très fonctionnel.
Titrage
Une fois que vous aurez assemblé les différentes séquences de votre vidéo, vous voudrez sans doute y ajouter des titres. Premiere Elements nous propose deux méthodes pour cela : l’utilisation de Photoshop Elements (ou de Photoshop CS) et un outil interne. L’utilisation du logiciel de retouche d’image d’Adobe permet de créer des titrages sophistiqués, avec des zones transparentes, des textes, des images et tous les effets possibles dans Photoshop. Mais l’outil interne est loin d’être ridicule en permettant d’ajouter du texte des dessins simples (traits, ronds, images…) et surtout des textes défilant (horizontaux ou verticaux) permettant de créer des effets très pro.
Seule la mise en place de ces titres sur le banc de montage est peu intuitive : il faut d’abord sauvegarder le titrage, puis le récupérer dans la fenêtre des médias pour le placer sur une piste vidéo. Studio 9 est beaucoup plus simple d’utilisation à ce niveau, mais n’offre pas autant de possibilités dans la création des titrages.
L’avantage du système de gestion des titres de Premiere Elements est qu’un titre est finalement considéré comme une séquence vidéo comme une autre. On peut donc lui attribuer l’un des multiples effets spéciaux disponibles dans le logiciel.
Effets spéciaux
Les effets spéciaux peuvent être classés en deux familles principales : les transitions et les effets sur l’image (ou le son).
Comme dans tout logiciel grand public de montage vidéo, Adobe Premiere Elements offre un nombre impressionnant de transition possible. Mais il ne vaut mieux pas trop en abuser, sous peine de rendre votre film très pénible à regarder. Les professionnels se limitent d’ailleurs généralement aux fondus. Le gros point fort de ce logiciel vient de sa gestion très précise de ces transitions. Dans la fenêtre « options d’effets » il est possible de régler à l’image prés le recouvrement de ces effets en visualisant l’image d’entrée et l’image de sortie côte à côte.
Dans le même temps, il sera possible de régler tous les paramètres de la transition : durée, alignement…
Les autres effets sont très nombreux et leur nombre compense l’absence d’extension possible (comme dans Adobe Premiere Pro). Il existe des effets pré configurés et une large palette d’effets de bases que l’on peut ajouter à une séquence. L’ajout d’un effet se fait par « glisser-déposer », ce qui n’est pas toujours très intuitif au début, mais on s’y fait rapidement.
Chaque effet peut être appliqué globalement à toute la séquence (par exemple une correction de la balance des blancs) ou être évolutif au cours du temps. Dans ce cas, il est possible de placer des points clefs et d’effectuer des transitions linéaires ou en courbe de bézier. Au prix d’un peu plus d’effort on peut alors obtenir des effets très spectaculaires : épée laser, apparition et disparition d’un personnage…
Afin de faciliter ces effets, chaque vidéo possède une opacité réglable. Il est aussi possible d’utiliser des incrustations en définissant des zones transparentes à l’aide de valeurs de luminosité, ce qui est très pratique pour supprimer un ciel et le remplacer par un autre ! La capacité du logiciel à utiliser des masques de transparence avec une couleur que l’on peut librement déterminer laisse la porte ouverte à des effets dignes des meilleurs films de science fiction, à condition d’avoir un peu d’imagination et de temps devant soi.
Création de DVD
Une fois que le montage est terminé, il convient d’en faire profiter la famille et les amis. Pour cela, le plus simple est de graver le film sur un DVD. En cliquant sur le bouton DVD on accède à un fenêtre qui permet de choisir le type de menu que l’on veut utiliser. Une fois le style choisi, on change les titres, on modifie éventuellement la vignette des chapitrages et on grave. Difficile de faire plus simple, mais en contre partie, les possibilités créatives sont assez limitées. Il faut obligatoirement prendre un style prédéfini, seul un menu principal et un menu de chapitrage sont prévus. On ne peut pas sonoriser les menus et les images sont fixes. De plus, seule la vidéo éditée sera placée sur le DVD et aucun contrôle n’est possible sur sa compression, qui est « optimisée » par Adobe.
Cette partie du logiciel est donc un peu décevante, même si avec un peu d’astuce on peut créer ses propres menus en modifiant l’un des menus pré créés avec Photoshop. Comme Adobe propose un produit spécifique à la création de DVD (Adobe Encore DVD), on était en droit de s’attendre à mieux à ce niveau !
Autres formats d’exportation
En plus du format DVD, on peut aussi exporter les vidéos au format AVI (avec différents codec installés sur votre machine), au format Quicktime et au format Windows Media. De nombreux modèles prédéfinis permettent d’ailleurs d’optimiser la vidéo pour une diffusion sur Internet ou sur un Pocket PC (ou un Palm).
Le mot de la fin
Adobe Premiere Elements est un très bon logiciel de montage vidéo à un prix tout à fait abordable. Les nombreux effets disponibles permettent de grandes possibilités créatives, mais on regrette parfois que ces fonctions soient difficilement accessibles et peu documentées dans l’aide. Il faudra donc quelques connaissances en montage vidéo pour en tirer le meilleur parti. L’intégration avec Adobe Photoshop Elements est réussie et rend les deux produits très complémentaires. Il est dommage que la partie de création de DVD soit si anémique car, si elle avait été plus souple, Adobe serait sans doute devenu un outils incontournable sur le segment de la création vidéo amateur. Ce sera peut-être pour la version suivante ?!
Jean-Luc Richter pour DVDcritiques.com