Cette femme-là
France, 2003
Réalisateur : Guillaume Nicloux
Acteurs : Josiane Balasko, Éric Caravaca, Aurélien Recoing, et une participation amicale de Thierry Lhermitte
Durée : 1h40

A l'approche de l'anniversaire de la mort de son fils, une femme flic débute une enquête sur un suicide présumé. Hallucinations et rêves éveillés ajoutent à sa tendance suicidaire et ne facilitent pas l'enquête…

(Images © TFM Distribution)

Dans le Poulpe et Une affaire privée, Guillaume Nicloux avait déjà fait preuve d'un talent éblouissant à installer une ambiance, tant décalée (pour le premier) que noire (pour le second). Ici encore, son ambiance noire, poisseuse et hallucinée est, tiens, hallucinante de cohérence et d'oppression. Tout se tient, les lieux, les personnages, la musique, les dialogues. Tout concourt à nous mettre aussi mal à l'aise que l'enquêtrice, à nous faire participer à ses cauchemars éveillés en ne sachant pas de prime abord s'ils sont réels on non.
Dans ses autres films, Nicloux avaient des acteurs parfaits. Là encore, il a su tiré le meilleur de ses acteurs, à la fois de Josiane Balasko dans un rôle à contre-emploi, et qui fait exister son personnage de façon très intense, d'Éric Caravaca, qui va bien finir par être connu et qui assure bien son rôle, et de tas de gens qu'on connaît pas mais qui sont très crédibles dans des rôles un peu tordus. La mise en scène nous rapproche beaucoup des personnages, les suivant de près, et on a l'impression d'être parmi eux.

Dans ses autres films, Nicloux nous noyait sous un scénario trop complexe et alambiqué, et qui n'apportait rien aux films (c'était à vrai dire leur seul défaut). Ici, cette fois, le scénario se trouve très simplifié, et la résolution de l'enquête est plus que jamais un prétexte à voir évoluer les personnages. On se retrouve en fait avec une enquête à la Scènes de crimes, c'est-à-dire le train-train du flic français pour découvrir le coupable, qui n'est pas l'oncle ou la tante mais bien un quidam qu'on ne connaissait pas avant (le contraire des enquêtes à la Agatha Christie, donc). Le scénario n'est donc pas un atout pour le film, mais n'est plus un obstacle à l'histoire comme il l'était dans les deux premiers films de Nicloux.
Au final, on obtient un film avec une ambiance noire et désespérée rarement égalée, des acteurs largement impressionnants dans leurs rôles, et une enquête plutôt passionnante non par sa résolution mais par les personnes qui l'effectuent. Seul bémol, le tout reste confiné dans un genre un peu étroit, avec une enquête simpliste, et juste l'histoire des cauchemars et de la psychologie d'une seule personne. Un tout petit manque d'ambition, pour un film qui arrive par contre parfaitement au but qu'il s'était fixé.


 



A voir : pour l'ambiance et les acteurs
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso : +1, laissez-vous tenter.

Sébastien Keromen